Avis. Donnez-moi ma chance – Film piège à filles – Michèle Mercier – Roquevert (1957) 4.5/10

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Les Miss. Curieux retour sur un monde dépassé.

A son autre titre « Piège à filles », on pourrait lui préférer « Femmes objets ».

C’est pour nous, un curieux voyage dans une époque révolue. Les femmes étaient encore considérées comme de quasi enfants. Le film reflète bien cette ambiance d’avant l’émancipation.

Dès le générique, avec juste la musique de van Parys, on sent que le film va être mièvre.

Une jeune fille rêve d’une carrière au cinéma, comme tant d’autres filles qui lisent « Cinémonde ». Michèle Mercier qui a 19 ans est un copier coller de la première Brigitte Bardot. Elle minaude, se trémousse, parle avec sa petite voix, craint les hommes, comme on le faisait jadis.

A Châteauneuf, son père s’oppose fermement à son choix de vie d’artiste. Il entrevoit sans doute le côté impudique de cet art et il s’inquiète du côté piégeux de ce miroir aux alouettes.

Sa mère elle, qui a du laisser des rêves sur son chemin, n’a rien contre.


Le petit copain très provincial de la belle, pensait leur chemin tout tracé, mariage and so on… A présent celui qui est joué par le rigide François Guérin, craint pour leur avenir, car elle s’obstine. Il pressent que cet amour éternel sera moins fort que la carrière, et que les sollicitations des beaux mecs de là bas. Il n’a pas tort.
L’injonction sociétale, figurée par le père, le pousserait presque à « corriger » sa promise, en tout cas ne pas la laisser faire, réprimer sa liberté… heureusement, le « lâche » abdique.

La petite fonce tête baissée vers son destin, laissant tout le monde derrière elle. Comme Rastignac, elle monte à Paris « À nous deux maintenant ! ».

La réalité est moins tendre qu’elle l’espérait. Elle n’est pas l’élue d’emblée. Il y a une foule de concurrentes. Elles sont également jolies. Les plus délurées ou les plus pistonnées avancent plus rapidement qu’elle. L’expression femme célibataire, n’était pas loin alors de femme de mauvaise vie. Les Weinstein sont aux aguets, braguette ouverte.

Des défilés de chairs fraîches sont organisés devant un jury de mâles concupiscents. On voit les starlettes sous toutes le coutures. Et quand elles s’expriment devant le public, on raille leur inculture ou leur bêtise. « Sois belle et tais-toi », c’est dit texto par le présentateur de miss, dans le film.

Un protecteur du milieu cinéma est conquis par le charme, et la fraîcheur de la donzelle. Il cherche à lui faire franchir les obstacles. Elle accepte cette aide. Mais sur le plan horizontal, elle lui résiste un bon moment.

Elle suit les cours d’interprétation de Roquevert. Et c’est un passage plutôt réussi. L’actrice qui joue à la comédienne, ne s’en sort pas trop mal. Le talent de Roquevert n’est plus à prouver.

Il s’en suit une histoire glauque de photographe qui aide les jeunes filles dans le besoin de press-book, en leur faisant faire du nu illicite.

Tout s’embrouille. Les catastrophes se succèdent.

Et alors qu’elle est quand même sur le point de réussir, elle accepte de tout laisser tomber pour s’enterrer à Châteauneuf, avec son futur petit mari.

Dans le film, ce retour à la case départ est considéré comme un progrès ! Le retour de la fille prodigue. La femme au foyer. Le futur tyran domestique à la barre. Les valeurs traditionnelles sont préservées.


Mais dans le fond, il y a-t-il tant de différences que cela entre vouloir contraindre la femme par le pouvoir, l’argent, les espérances de notoriété ou par les promesses de félicité définitive du mariage. Où est-elle cette belle vie, dans sa cuisine en formica ?

Il faudra 10 ans de plus à Gainsbourg, pour passer du « Poinçonneur des Lilas » (1957 comme le film) au on ne peut plus osé « Je t’aime… moi non plus » (1967). Chanson qu’il offrira à Brigitte Bardot, qui vient de le rejoindre dans son lit. C’est aussi l’année de l’autorisation de la pilule. La vraie révolution de la femme.

Puis c’est mai 68.

Puis c’est 69 (mon) année érotique !

Ces dix ans pour le statut de la femme, ce sont déjà des siècles !

Comment était-il possible de faire de tels films moralisateurs en 1957 ?

En fait, la raison d’être de ces films de cette période coincée, c’était les plaisirs coupables. Sous prétexte de critiquer l’immoralité du cinéma, on faisait en réalité de l’exhibitionnisme en long et en large. Une drôle d’époque où l’expression « se rincer l’oeil » ne faisait pas encore rire.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Donnez-moi_ma_chance_(film,_1957)

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