Avis. Fantôme, tragédie à Marsdon Manor. Téléfilm tricheur. Agatha Christie, pensée magique. 6/10

Temps de lecture : 3 minutes

Encore un Hercule Poirot / David Suchet / Roger Carel que j’ai du voir une dizaine de fois. Et comme d’habitude, je ne me souviens jamais clairement de la fin.

Sauf pour cette affaire d’ombre typique d’une fin d’après-midi, dans le tableau peint par la coupable, à l’air si innocent. Pour coïncider avec ses dires, il aurait fallu des ombres peintes au matin et donc dans l’autre sens.

  • Ce petit truc est digne des enquêtes de Pat’Apouf dans le journal « Le Pélerin ». Bien évidemment vous êtes très peu nombreux à avoir connu cela. D’abord il fallait être en phase avec cette presse catholique « pratiquante » et puis avoir des souvenirs d’avant la dernière planche de Gervy, qui parut tout de même, le 27 mai 1973.

Mais pourquoi donc cela n’imprime jamais chez moi ? Pour une raison simple. Je n’arrive pas à intégrer qu’on puisse prendre cette mort comme étant due à un choc émotionnel, alors qu’il s’agit d’une affaire de carabine à petits plombs tirés à l’intérieur de la bouche. Personne ne peut avaler cette mort accidentelle par « terreur », avec de telles traces sur le cadavre. Même dans un cadre d’inspiration magique développé à dessein. Et pour un malade susceptible de saigner de la gorge (varices œsophagiennes?)

Parce que c’est strictement n’importe quoi. La moindre autopsie montrerait la supercherie. Et ce n’est pas comme cela que notre très instinctif limier résout l’affaire.

D’ailleurs je vais vous révéler que cette stupidité n’est pas dans la nouvelle. C’est une liberté que prennent les auteurs du téléfilm (*)

Une fois pour toute, le suspense est entre meurtre et suicide et non pas entre meurtre et choc mental mortel.

***

Alors pourquoi insister et revoir cet épisode tant de fois ?

C’est juste une marotte de zététicien.

Quand une histoire fait si lourdement appel au surnaturel et aux prémonitions, cela décuple mes envies d’en découdre. Et là c’est plutôt finaud, vu qu’on a envie de croire que l’héroïne est torturée par les esprits. On la plaint même. On marche tellement bien qu’on a envie de lui démontrer nous aussi qu’elle se trompe. Cette fragile pervenche de Geraldine Alexander, donne envie qu’on s’occupe de son cas. Hallucinée ou non. Or c’est elle qui nous fait marcher.

Et sait-on jamais, il se pourrait qu’Agatha Christie ait sombré dans l’irrationnel. Pourquoi et pour combien de temps ?

Et puis ce bon Poirot renverra la balle paralogique. Il coincera la belle, qui veut nous faire croire aux fantômes, en lui mettant sous les yeux un avatar de son mari tué, mais en “revenant”. Idem pour le sang sur les mains. Bien joué. Surtout qu’il précise, dans le bouquin, qu’il n’avait aucune preuve. Il fallait des aveux.

Pour faire durer le plaisir, bien que cela ne soit qu’une petite nouvelle, Agatha rajoute quelques suspects. Ils vont bien entendu mettre l’inspecteur-chef James Japp / Philip Jackson dans la mauvaise direction. Pas plus de flair pour le Capitaine Arthur Hastings / Hugh Fraser. Bien que ce soit lui qui véhicule le tableau « fatal ».

C’est bien qu’une femme du calibre d’Agatha, prenne le parti du vieux riche qui a épousé une très jeune femme et non l’inverse. De nos jours, il serait forcément lui le coupable, puisqu’on privilégie le « féminicide ». Et basta.

Tragédie à Marsdon Manor 

(*) Dans le livre le déroulement est bien plus logique. Il n’est pas question de cette stupide histoire de mort par peur… avec tant d’éléments qui rapidement démontrent le contraire.

Déduction pour un meurtre :

Poirot : “Eh bien, voilà. Il y avait deux possibilités. L’histoire du défunt M. Maltravers suggérait une méthode ingénieuse de suicide. A moins que l’épouse, ait commis de manière adroite un meurtre »

J’ai penché vers cette dernière opinion. “Pour se tirer une balle de la manière indiquée, il aurait probablement dû appuyer sur la gâchette avec son orteil – ou du moins c’est ce que j’imagine. Maintenant, si Maltravers avait été retrouvé avec une botte enlevée, nous en aurions presque certainement entendu parler par quelqu’un. Un détail étrange comme celui-là aurait été retenu.

“Non, comme je l’ai dit, j’étais enclin à penser qu’il s’agissait d’un cas de meurtre et non de suicide, mais j’ai réalisé que je n’avais pas l’ombre de preuves à l’appui de ma théorie. D’où la petite comédie élaborée que vous avez vue jouer ce soir. »

Hastings : “Même maintenant, je ne vois pas vraiment tous les détails du crime ?”

Poirot : “Commençons par le début. Voici une femme astucieuse et intrigante qui, connaissant la débâcle financière de son mari et lassée du compagnon âgé, qu’elle n’a épousé que pour son argent, l’incite à assurer sa vie pour une grosse somme, puis cherche à s’emparer de ce magot ».

https://fr.wikipedia.org/wiki/Trag%C3%A9die_%C3%A0_Marsdon_Manor_(t%C3%A9l%C3%A9film)

https://www.lepelerin.com/patrimoine/le-pelerin-depuis-1873/50-ans-denquetes-avec-la-bande-dessinee-patapouf-7563

https://fr.wikipedia.org/wiki/Z%C3%A9t%C3%A9tique

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