Avis film, A cheval sur le tigre. Comencini, Jarmusch. Manfredi, Benigni. 7/10

Temps de lecture : 3 minutes

Comme c’est dommage ! De si bons acteurs pour un scénario quand même bien trop bricolé. Et pourtant c’est une réalisation de Luigi Comencini, celui qui a fait L’Argent de la vieille !

Le réalisateur Comencini est un bon et donc on peut s’attendre à un scénario assez bien charpenté pour ses bons acteurs qu’il sait bien mettre en valeur. Mais cette histoire d’évadés en cavale n’a quand même pas un grand intérêt.

Dans le film présent, il y a une sorte de prime au misérabilisme, au dégradé, au déliquescent, au putride. Cette surenchère outrée dans le sale et le sordide est dérangeante en soi. Cela dépasse le réalisme ; on peut parler de complaisance.

Il y a parfois de bonnes choses et cela tient principalement au caractère bien trempé des différents protagonistes.

***

Lorsqu’on est À cheval sur le tigre, on est dans la position la plus dangereuse qui soit. En selle tes minutes sont comptées. Et si tu tombes, tu es mangé instantanément. De toute façon tu es perdant tôt ou tard. Mais ceci n’est que de loin le sujet du film, tout au plus une fioriture capillotractée.

Voilà trois grandes vedettes du cinéma italien qui sont en prison. Ce scénario de 1961 nous fait penser à l’immense down-by-the-law de jim-jarmusch et benigni qui ne sortira qu’en 1986. Là aussi, il s’agit d’une évasion particulière, à cheval entre la comédie et la tragédie. Mais le sujet y ait traité avec beaucoup plus de panache et d’ambition. Désolé d’avoir à te dire cela mon bon Luigi.

Nino Manfredi y fait fonction d’infirmier une fois encore. Un peu comme ce brancardier dans Nous nous sommes tant aimés où franchement il est parfait. Il a tenté une embrouille pour s’accaparer des sous de son patron. Il a perdu, il a été dénoncé. C’est le début de l’affaire et jusque là cela tient bien la route. Mais par la suite le scénario tente de l’enfermer dans une boucle infernale qui l’amène de plus en plus bas contre son gré. C’est la victime née, dont le sort découle d’un caractère trop accommodant. On peut cependant lui reprocher d’être à la fois trop clown et pas assez. Trop clown pour qu’on puisse prendre le film au sérieux et pas assez pour qu’on en fasse une vraie comédie.

Il reste attachant, comme à l’accoutumé. Mais ici il fait vraiment trop looser. Il s’enfermer dans une logique de type spirale descendante. Ceci est un peu forcé. Il faut bien redire que ce scénario n’est pas si brillant que ça. Et les rebondissements sont assez peu crédibles.

En tôle, il est confronté à un caïd dictatorial sous les traits de Mario Adorf. Un grand acteur lui aussi. Mais Adorf plombe vraiment l’ambiance. C’est voulu. Ce personnage a dans les pattes ce Nino, qu’il surnomme « l’imbécile ». Il doit faire avec ce gaillard encombrant, qui risque de compliquer son plan d’évasion. Mais il l’utilise quand même à bon escient. Bien plus tard alors que tout est foutu, il lui reconnaîtra le statut « d’ami ».

Gian Maria Volontè est l’intello de la bande. Lui ne pense à s’évader que pour venger son honneur… et donc trucider sa conjointe. Il finira par adoucir son projet. Maria volonte a souvent l’air d’être un touriste. Et en tout cas, ce grand acteur n’est pas assez utilisé. Ce rôle d’intellectuel n’est pas assez subtil pour être réaliste.

On est étonné de voir notre très français Raymond Bussières dans cette galère à l’italienne. Et pourtant il fait parfaitement le job. Le rat, comme ils disent, n’est pourtant pas dans le rôle dans lequel on le voit forcément.

On ne peut décemment mettre autre chose qu’un 7/10 à ce film, en raison de l’excellence intrisèque des acteurs. Mais dommage, vraiment dommage, un peu plus de rigueur et de concision aurait pu en faire un grand film.

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%80_cheval_sur_le_tigre

https://fr.wikipedia.org/wiki/Nino_Manfredi

https://fr.wikipedia.org/wiki/Luigi_Comencini

https://fr.wikipedia.org/wiki/Nous_nous_sommes_tant_aim%C3%A9s

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