Avis film. Art de se débrouiller. Sordi opportuniste fasciste, socialiste, démocrate chrétien. 7/10

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L’Art de se débrouiller serait juste un mauvais film de plus, s’il n’y avait pas le talentueux Alberto Sordi.

Cet acteur occupe avec soin un créneau bien particulier, celui des petites bassesses sympathiques. On peut voir en lui la grenouille qui se veut faire aussi grosse que le bœuf, mais qui garde assez de malice pour ne pas exploser. Il y a un peu de Sordi dans chacun d’entre nous.

Ce récit est le parcours caricatural d’un débrouillard opportuniste, qui tourne sa veste juste quand il faut. Et l’histoire mouvementée de l’Italie d’alors, lui donne l’occasion de faire la girouette effrénée. Au départ il est plutôt droit, mais comme les autres l’écrasent et se servent, cela fera taire ses scrupules ; comme Topaze. Au diable les principes, il y a des sous à se faire, il y a des femmes à mettre dans son lit.

Sa réussite repose beaucoup sur la captation des dames bien positionnées. Ce qui arrange la fibre macho transalpine, mais cela fait aussi le bonheur de la réalisation, qui peut ainsi enjoliver l’action. Il en aura des belles et des influentes. Une d’elles se transformera en dangereuse harpie jalouse. Ce qui est assez classique.

« Les femmes sont d’extraordinaires caméléons du sentiment, capables de passer de l’état de victime à celui de tueuse en un éclair » – Martin Scorsese.

Et s’il lui faut en épouser une moche, mais riche, pour arriver, il ne se gêne pas. Le brave Vittorio Gassman fera de même dans le nostalgique Nous nous sommes tant aimés dans d’Ettore Scola.

Sordi tente de faire croire à sa grandeur d’âme. Et peut être que son personnage y croit lui aussi. Mais les faits sont accablants. Il tombe peu à peu dans la spirale de la corruption et devra rendre des comptes. D’ailleurs le film commence par sa triste fin. Il ira en prison. On ne trompe pas les autorités ecclésiastiques.

Dans la scène finale, après sa sortie, il est sur un marché, accoutré d’un lederhose, en camelot vendeur de lames de rasoir en acier allemand. Il a des accents vendeurs persuasifs à la Adolf Hitler. La boucle du ridicule est bouclée.

Le film ne vaut pas 7/10 en lui-même, mais Sordi c’est Sordi. Alors il est impossible de lui mettre moins. Je suis corrompu moi aussi.

https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Art_de_se_d%C3%A9brouiller

https://fr.wikipedia.org/wiki/Luigi_Zampa

https://fr.wikipedia.org/wiki/Nous_nous_sommes_tant_aim%C3%A9s

https://fr.wikipedia.org/wiki/Alberto_Sordi

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