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Avis film. Elle et Moi. Audiard. Guy Lefranc. Montaigu, Capulet amoureux de Peynet. 4/10

Comme dans tant d’autres films français mièvres de cette époque, le couple François Périer et Dany Robin qui squatte la pellicule, est basé sur une idéalisation ringarde, du genre duo à la Peynet.

Les plus vieux internautes comprendront.

Pour les autres lecteurs :

– Entendez par là, que la jeune soupirante pomponnée ne peut être qu’une femme-enfant. A priori cette tentatrice aux grands yeux, ne peut être que désirable et docile et bien habillée.

Cependant, compte tenu de son inconséquence fondamentale et de sa variabilité (souvent femme varie…), elle doit être « corrigée » en permanence, par l’élément mâle, du père au mari. D’autres civilisations y adjoignent le pouvoir des frères.

Son habitat est la rue, où on la siffle, tellement cette potiche archétypale est considérée comme belle, aussi sûrement que la beauté définitive de la statuaire grecque. Du genre qui ne se conteste pas.

Elle reste intrinsèquement virginale, que cet a priori soit imagé ou réel, car ceci tenait de la plus-value et donc du bon commerce. Cette valeur, si démodée de nos jours, avait encore un sens après la guerre (WWII). Il n’y avait pas de contradiction irréductible avec le maquillage aguicheur et toutes les panoplies vestimentaires de multi-séductrice professionnelle.

Cette femme « rêvée », une fois « choisie », c’est à dire après la phase de séduction, sera dans la cuisine, souriante comme dans une pub. On voit dans ses yeux qu’elle est contente, et même reconnaissante, pour son nouveau réfrigérateur et/ou son robot ménager. Un peu plus tard, quand le vrai but éternel féminin sera atteint, elle pouponnera avec enthousiasme.

– Le jeune premier, qui la convoite, est au départ un adolescent immature dans l’âme. Une proie facile, selon l’évaluation mercantile. Avec ses minauderies et sa voix fluette, on se doute bien qu’il a du mal à faire le saut quantique vers l’état adulte. Même si, comme dans Monsieur Ours, il fume déjà la pipe dans son apaisant fauteuil.

Selon le stade où en est la femme, qu’il a poursuivi de ses assiduités, soit il la siffle encore, béat d’admiration, soit il attend son repas avec plus ou moins d’impatience, soit il la laisse à ses bambins et va voir ailleurs.

– Et si les amants unis par le Saint Sacrement ont des enfants, alors pour la comparaison Peynet et autre, allez voir du côté du petit Prince. En tout cas pour les plus gentils. Sinon ces mioches sont forcément de mauvais garnements.

Mais comme ici on a à faire à une comédie et non pas une carte postale, il faut que ces rails bougent.
Et donc, dans les limites imparties, la femme et/ou l’homme peuvent se rebeller un peu, sortir du rang, mais pas trop loin. Le plus souvent, dans le beau final, après leurs zigzags, ils se retrouvent sur un bel oreiller. On dit que la morale est sauve. Et moi je dis sauve qui peut.

Montaigu, Capulet sont les noms de famille des personnages principaux du film. Mais cela n’occasionne aucun rapprochement possible, avec les I_Capuleti_e_i_Montecchi, qui sont les patronymes réciproques de Roméo et Juliette. Jeu inutile sur Giulietta Capuleti et Romeo Montecchi.

Entre temps, il faut quand même un peu d’action.

Noël Roquevert en tant que propriétaire est chargé de faire régner la terreur. Comme acteur au look rigidement militaire, il est habitué à cela. Jean Carmet joue l’ami qui ne décolle pas. Ce n’est pas bien méchant tout cela. Et surtout on voit bien que le danger n’est pas si terrible que cela.

Le bon Louis de Funès fait le garçon de café. On le tente, il se prend des coups. Trop courte apparition, point barre.

Guy Lefranc, spécialiste oublié de comédies faciles et qui plaisent au public, réalise quand même Knock avec Louis Jouvet. Qu’il soit donc pardonné. Dommage qu’il n’ait pas su mieux exploiter les talents du co-scénariste et co-dialoguiste Michel Audiard.