Avis film Govar. Deux Heures à tuer. Brasseur, Simon, Caussimon, Rouleau. 8/10

Temps de lecture : 3 minutes

Avec Deux Heures à tuer, on se rend compte qu’il existe encore de jolies terres inconnues ou méconnues dans le cinéma.

Il s’agit d’un de ces films policiers qui se déroule en vase clos. Tout se passe dans un intervalle de 2h pour eux et de 1h20 pour nous. Unité de lieu dans le hall d’une minuscule gare de province.

C’est à l’évidence avant tout une brillante pièce de théâtre ; au sens propre (Vahé Katcha ) et figuré.

Lorsque l’on découvre, ou plutôt qu’on devine, le fin mot de l’intrigue, on est surpris. Sans doute que l’affaire au complet, manque un peu de crédibilité. Mais c’est la règle de ce genre, si tant est que tout le monde doit y être suspecté.

  • La soi-disant maîtresse du crime qu’est Agatha Christie fait plutôt moins bien dans ses combinaisons outrancières.

L’intérêt de l’histoire, c’est d’y voir s’affronter des monstres sacrés. Des vrais, pas de ces outres gonflées par la publicité.

Ces grandes figures là, quand ils se déplacent ils emportent le monde avec eux. Un moindre clignement d’oeil et le personnage est campé.

***

On assiste à un jeu subtil, entre ce que ces acteurs qui trichent, semblent être ; ce qu’ils sont dans la réalité de la pièce ; mais aussi ce qu’ils interprètent habituellement au cinéma et qu’on attend d’eux. Et peut-être enfin doit faire avec ce que pourrait être leur vraie personnalité.

Bref, on les croit ici, alors qu’ils vous mènent là bas.

L’immense Pierre Brasseur laisse les autres croire qu’il est un inspecteur en mission. Une prestation toute en finesse, sur le fil du rasoir, avec quelques aspérités bien dosées. Il déborde du cadre « légal » autant qu’il peut, afin de susciter des réactions qui pourraient l’éclairer. Il a toutes les raisons de cacher sa vraie profession.

Michel Simon figure un employé de gare bourru, avec des sorties violentes. Ce brave pépère s’insurge, qu’on ne soit tenté de le voir autrement qu’en innocent. Et ce avant qu’on ne l’ait suspecté de quoi que ce soit… quoi que. On sait que l’acteur excelle dans ces rôles de coupables/innocents comme dans panique-monsieur-hire-1946.

Raymond Rouleau figure un vrai-faux coupable. Il a cette dissimulation bien à lui. Il se planque derrière son faux sourire. Il se pourrait bien qu’il ait de très mauvaises pensées. Mais lesquelles ? Celle d’un « satire » tueur en série ou bien ?

Jean-Roger Caussimon figure une vraie victime… mais d’un autre projet meurtrier que celui qu’on nous présente. Il donne dans l’antipathique hautain. Ce mépris clairement affiché, qu’on attendait alors de ces arrogants, qui prennent ostensiblement des billets de première classe. C’est aussi un chansonnier dans la vraie vie.

Catherine Sauvage est l’épouse inquiétante de Caussimon. Cette chanteuse de métier, ne joue pas très bien.

Marcel Pérès figure en vrai chef de gare… et qui le revendique comme un titre de gloire. D’ailleurs le gaillard au look très péquenaud semble abonné à ce genre de fonction.

On ne connaît pas grand-chose de la jeune et moderne Julie Fontaine. Dans le film elle est là pour insuffler l’esprit des années 60, dans un film noir qui semble bien plus vieux. Mais son rôle reste énigmatique jusqu’à la dernière minute, pourtant il est une clef essentielle.

Vous n’y comprenez rien dans ces attributions ? C’est fait pour.

Le réalisateur belge Ivan Govar a fait du bon boulot en 1966. Le pauvre, qui a eu une enfance très heureuse, mais une vie relativement dure, n’est pas très connu. Ce suicidaire, pourtant marié à une Miss France, est mort assez jeune (52 ans) sans laisser grand chose derrière lui. Ce Deux Heures à tuer fut son dernier film (il avait 30 ans).

Ivan si tu nous regardes, nous on t’aime, on t’a rehaussé la note à 8/10.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Deux_Heures_%C3%A0_tuer

https://fr.wikipedia.org/wiki/Catherine_Sauvage

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Roger_Caussimon

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ivan_Govar

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