Avis film. Mother (2009) crime handicap mental. Corée. Bong Joon-ho. Résumé. 8/10

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Encore un film intéressant qui nous vient de la bouillonnante Corée du Sud.

Ce peuple jeune, intelligent, dynamique et entreprenant parvient à nous surprendre, avec ces compositions là. Nous le vieux continent du cinéma.

On retrouve donc la force des émotions incontrôlées, l’attrait des belles personnes et tous les tourments et les grosses bêtises de cet âge. Rafraîchissant !

Bong Joon-ho est un redoutable réalisateur de Séoul. Et franchement, il ne nous prend pas pour des imbéciles.

Cette histoire psychologique et policière peut paraître relativement classique à première vue. Mais son traitement « neuronal » ménage de bonnes surprises.

En suivant cette intrigue, plus complexe qu’il n’y parait, on est baladé, tout autant que les protagonistes. Le metteur en scène déjoue nos modes de penser habituels. Quand on a compris l’ensemble, on se rend compte que c’est finaud. C’est une sorte de méta-cinéma, qui tient compte de l’acquis cinéphilique et qui joue avec nos idées préconçues sur le genre.

Notre affect nous égare, comme il obscurcit l’enquête parallèle menée par la vieille mère jouée par Kim Hye-ja.

Elle, comme nous, prenons très naturellement de mauvaises pistes. Cela nous apprendra.

Et finalement c’est le policier pataud, dont on pouvait redouter la lenteur, qui pourrait être le plus avisé. Qui sait ?

Ce puzzle se met en place correctement. Le rythme est bon. Le découpage est habile. Les suspenses successifs sont bien ordonnés, sans qu’on sente une lourde patte là derrière.

Des détails semblent incongrus a priori. Cette grosse pierre tombe, soit. Mais elle tombe parterre ou sur quelqu’un ? On met cela sur le compte des approximations de cinéma. Eh bien, on a tort. Tout a de l’importance et finit par se mettre en bonne place.

Les acteurs sont talentueux. Avec bien entendu cette mère courage en priorité. Mais les autres sont loin de démériter.

Won Bin joue ce fils demeuré sur lequel pèse tous les soupçons ; le concepteur profite de son ralentissement mental pour relancer l’histoire, à coups de quelques difficiles retours de mémoire.

  • Il s’est déjà fait berner une fois. On lui a mis injustement sur le dos, une histoire de rétroviseur cassé. Se pourrait-il qu’il soit à nouveau faussement accusé, par une judicieuse manipulation ?
  • Sa mère est-elle aussi innocente et vertueuse qu’il n’y paraît ? N’a-t-elle pas tenté de supprimer son fils dans un semblant de double suicide ?
  • Et puis ce « vieux » qui lui revient en mémoire. Que faisait-il là ?

Gros pied de nez. C’est ce débile qui comprend pourquoi la fille tuée est exposée sur le toit. Il aurait fait la même chose. Et donc c’est lui le meurtrier ou non ?

Avec tout le respect que je dois aux avocats – si souvent chatouilleux – je peux quand même dire que le ténor du barreau qu’on nous montre est criant de vérité. Il est impossible à contacter directement par ses clients. On le dit absent, alors qu’il est manifestement dans son bureau. Son adjoint dit clairement qu’il n’a pas l’intention de faire plus pour la somme misérable qu’on lui donne. Il a sa solution et n’en démordra pas. Réalisme absolu.

Dans ce bon cinéma, l’esthétique n’est pas en reste. Belle récursivité avec la mère qui promène ses réflexions dans les champs. Scène de début et de fin.

Le passage dansant dans l’autobus est très intense et très beau également.

Décidément, les élites culturelles de ce peuple ont beaucoup à nous donner.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Mother_(film,_2009)

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