Lorsque le pathos ne connaît plus de limite, on est en droit de rigoler. C’est d’ailleurs ouvertement le fond de commerce de certains Charlots et autres héros comiques, qui se prennent tous les malheurs du monde sur la tête.
Nous sommes en 2024 !
A priori cette histoire de réfugié Nord Coréen en Belgique, qui est broyé déjà dans son pays d’origine, avec sa mère courage écrasée par un camion, démarre fort. Mais avec le peu d’argent que son entourage a pu réunir en vendant le corps de la maman défunte, des passeurs l’aident à rejoindre la Belgique, havre pour réfugiés politiques.
Mais là encore, il est écrabouillé par l’administration rigide, l’incrédulité généralisée, l’injustice criante, le racisme crasse, les malfrats sans scrupules, les miséreux voleurs, l’absence d’hébergement, les collègues cruels, l’hiver glacial, les trahisons, les coups et les blessures… et les amours difficiles.
Autant de catastrophes successives qui n’incitent pas en soi à la banane. Mais dont la sommation, qui dépasse l’entendement, incite à l’irrespect. Bien sûr qu’il doit exister tel ou tel aspect révoltant pour ces candidats à l’exil. Mais la réalisation n’aurait pas du tout mettre sur les épaules d’un seul personnage.
Et pour parfaire la totale improbabilité du récit, on nous met deux très beaux acteurs comme protagonistes. Song Joong-ki le garçon et Choi Sung-eun la fille de riche mais qui est à sauver de la drogue et du « milieu » qui la contrôle.
On en fait donc trop dans le malheur et beaucoup trop dans la beauté des héros. Moins de pathos et des personnages plus « normaux » auraient pu véhiculer certaines thèses non dénuées de fondement. Je pense ici au débat administratif, où les deux parties ont des choses à dire.
Un film de 131 minutes, ce qui est bien trop long.
Hee-Jin Kim en est la réalisatrice / scénariste qui paraît bien trop jeune pour s’emparer d’un tel sujet. Ce faisant elle réduit à néant la cause qu’elle paraît soutenir.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Je_m%27appelle_Loh_Kiwan
