Find me a classic est vraiment une bonne émission. Ces Britanniques savent y faire quand il s’agit de documentaires sur les voitures. Ici on pourrait presque parler de télé-réalité.
Mat Watson s’embarque dans un road-movie improbable à la recherche d’un véhicule ancien dont rêve son commanditaire… et la plupart des spectateurs. La voiture peut-être assez commune comme pour cette Mini Cooper, un peu plus rare comme ces DS23, ou franchement exceptionnelle.
L’important c’est l’équation primordiale entre le désir, voire le fantasme, de l’acheteur et les facteurs limitants comme la disponibilité, l’état, l’apparence dont la couleur, le budget et cette fenêtre de 5 jours que Mat ne doit pas dépasser.
Comme je l’ai écrit ailleurs :
« Mat Watson est un présentateur expert des bagnoles qui n’étale pas son savoir (supposé) à tout bout de champ. Pour les besoins du format et du suspense, il doit aider un passionné d’automobile à acquérir l’objet de ses rêves. Il y a bien entendu plusieurs paramètres en compétition. La rapidité comme on vient de la voir, le budget qui n’est pas toujours extensible et les modèles sur le marché. Il a la possibilité d’étendre ses recherches en Europe. Il ne se gène pas pour voyager à la recherche la voiture convoitée. Et bien entendu, il faut aussi que le futur propriétaire fasse preuve d’un peu de souplesse. Ce qui n’est pas toujours le cas. »
Requiem.
Dans l’épisode présent, le sujet Mercedes Pagode me touche particulièrement. Un bon cousin, jeune entrepreneur un peu trop pressé, beau garçon, s’est acheté ce véhicule à sa sortie. A 25 ans, dans la ruralité et avec les mentalités de jadis, ce n’était pas bien vu. Il n’a pas eu le temps d’en voir les conséquences, vu qu’il s’est pris un pylône qui l’a amené au cimetière
Cette voiture est franchement une œuvre d’art. Paul Bracq a réussi la quadrature du cercle. Cette voiture a à l’évidence des courbes, alors que pourtant ce sont les angles qui sont privilégiés. Et chaque « trait » est à sa place. Ce n’est pas une sorte d’optimisation utilitaire des formes, doublée des goûts du jour. C’est un pari d’artiste de génie. L’effet waouh a sans doute fait taire pas mal d’ingénieurs besogneux.
Ce cabriolet, qui bénéficie aussi d’un toit en dur, n’est pas le plus puissant ou le plus rapide de ces années là. Qu’importe qu’on ait eu la 230 SL, la 250 SL, ou la 280 SL de 150 chevaux. On ne demande pas à une cathédrale, un retable, de franchir le mur du son. Avec un tel engin, la vitesse pure n’a plus tellement d’importance. Les nombreuses conquêtes du cousin auraient pu en témoigner.
Ce travail de recherche de la voiture rêvée est très didactique. D’abord il enseigne qu’on en a généralement pour son argent. On peut cependant faire de très bonnes affaires… mais aussi des deals catastrophiques. On doit donc se défier des coups de foudre… alors que la passion est souvent la première motivation. C’est comme les stratégies d’épargne bancaire, il s’agit de risques calculés. Et comme maintenant les côtes des oldtimer et yougtimer remontent très nettement, certains y verront un placement. Ce qui embrouille encore davantage la donne.
Il faut garder son enthousiasme tout en dépassionnant l’achat. Difficile. Ce qui justifie le travail d’un intermédiaire honnête.
A l’heure où « l’Art » est piégé entre la vaine modernité ou l’artisanat subventionné, il est sain que nos contemporains s’accordent sur la beauté primordiale et fragile de certaines voitures.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mercedes-Benz_Pagode
