Gratin de Poirot. Miroir de la mort. Avis. Résumé. Agatha Christie, reine de l’embrouille. 6/10

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Le Miroir du mort est une nouvelle, ce qui signifie qu’il faut délayer beaucoup pour en faire un téléfilm de 50 minutes.

Encore un Hercule Poirot / David Suchet / Roger Carel que j’ai vu plusieurs fois. Et comme d’habitude, c’est le black-out. Même en me concentrant le plus possible, je ne me souviens jamais clairement de la solution.

Il faut dire qu’Agatha Christie met du sien pour embrouiller les pistes. Presque une autrice de feuilleton qui serait payée aux rebondissements.

Les épisodes se suivent et finissent quand même par se ressembler un peu. La romancière combine un nombre restreint de possibilités. Et au fur et à mesure, elle va épuiser les invraisemblances créées par cette mécanique matricielle.

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La môme Christie et notre bon Poirot ne sont pas du genre à tomber dans l’irrationnel. Même si le spiritisme avait encore quelques attraits chez les Britanniques, il fallait quand même savoir ne pas trop en mettre.

Mais il faut avouer qu’en 1937, quinze ans après la découverte de Toutânkhamon, les inepties sur les malédictions en tout genre étaient encore possibles. Et puis Agatha Christie et son second époux  Sir Max Mallowan étaient d’authentiques archéologues. Autant mettre leur savoir à contribution.

Et sait-on jamais, il se pourrait qu’Agatha Christie ait des penchants divinatoire ou des envies de pillage de tombe : « Ça me va bien ce collier pharaonique ! ».

Elle transpose cela sur Vanda, la femme de la victime (Zena Walker). Un oiseuse un peu timbrée qui se croit la réincarnation de la pharaon égyptienne Hatshepsout et d’une prêtresse de l’Atlantide. Son collier en or et pierres précieuses serait authentique.

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La victime était un homme très riche, hautain et relativement méchant… même à l’encontre de Poirot. Mettre en scène un être largement détesté, permet de multiplier à l’envie les suspects.

Faux suicide, porte fermée à clef de l’intérieur, traces de pas devant la fenêtre, double gong, non concordance des temps… et forcément un miroir. Ce miroir « personnage » est convoité par Hercule lors d’une vente aux enchères. C’est le ploutocrate odieux qui a surenchéri sur Poirot pour obtenir ce miroir antique, qui aurait fait si bon effet à l’entrée de l’appartement professionnel du limier.

Et puis ce miroir est à la fois le titre qui titille et le couteau suisse. Il sert à nourrir la rivalité Poirot / Gervase ; c’est un appât… et surtout une des clefs de l’affaire. Suicide ? Non. L’impact sur ce miroir ne correspond pas du tout à la balle tirée. C’est une mise en scène forcément.

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Revenons au début. Poirot est piégé par ce Gervase Chevenix-Gore qui exige de l’aide à Poirot, pour enquêter sur des malversation de son associé. Le centre du deal sera le tableau. Mais c’est par son flair que le privé est alerté. Il y autre chose là dessous. Pourtant en déroulant le film on voit bien qu’il n’a rien de tangible. Et donc cette prémonition est tout sauf rationnel. Adieu le mythe des petites cellules grises. Bonjour Madame Irma, la voyante extra-lucide.

Grâce au retro-engineering, on se doute bien que le premier coupable potentiel n’est forcément pas le bon. Question de numérologie en quelque sorte.

Alors Agatha nous ressort pour la énième fois le mobile de l’héritage et les testaments multiples. Et là encore la fille qui hérite de justesse et son mari caché, sont la cible des attentions. Mais il est encore trop tôt dans le scénario pour que ce soit la solution. Numérologie là encore.

Et si il y avait là une mère cachée, susceptible de faire le pire pour défendre les intérêts de sa petite. Voilà une situation peu crédible dans la réalité, mais c’est une pirouette récurrente chez notre artiste es-suspense. A force, cela finit par lasser. Sauf si comme moi, vous ne vous souvenez jamais de la fin.

Et c’est là que je veux en venir. Ce brouillard, ce nuage d’encre, c’est ça et uniquement cela le force de l’écrivaine. N’en faites plus jamais « la reine du crime », mais une « la reine de l’embrouille »

Qui est le coupable dans Agatha Christie ? Aucun souvenir. Pourquoi ?

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