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Rendons à César… La Guerre des mondes est avant tout un livre prémonitoire de H. G. Wells (1898). Lequel aurait été boosté lors de la fameuse prestation radiophonique d’Orson Welles en 1938. La panique de l’Amérique et les suicides lors de la diffusion ne seraient qu’une légende auto-entretenue par le cabot médiatique.

A cette époque les extraterrestres étaient encore bien hypothétiques. De les situer sur Mars, les rendaient un peu plus accessibles. Mais une méconnaissance profonde du système solaire, leur a donné des propriétés bien improbables, dont celle de respirer un air presque pareil au notre. Cet anthropomorphisme est classique. On avait déjà vu une lune respirable, dans Le Voyage dans la Lune de Méliès.

Manque de bol pour les envahisseurs, un gros bémol les a rendu vulnérables à nos microbes.

Si vous rajoutez à cela leur animosité fondamentale, vous avez un dérivé inversé des peuples d’Amérique criards et fanatiques, qui ont été anéantis par nos virus et par notre propre hostilité. On ne projette qu’à partir de l’existant.
Et pourquoi les microbes extraterrestres n’auraient-ils pas été les vainqueurs ? Auquel cas les « conquistadors » de l’espace auraient été pile poil dans le récit colonial ; sans avoir à inverser. A la fois donneurs de microbes et génocidaires.

Il faut toujours un « truc » pour que les terriens, qui sont le plus souvent en retard sur d’autres occupants de l’univers, puissent gagner à la fin. Dans Le Gendarme et les Extraterrestres, l’eau fait rouiller les intrus. C’est bien pensé !

Le fait que les martiens vampirisent les pauvres humains, les relient aussi à un folklore carpatique ancestral. Les interprétations plus récentes de la Guerre des mondes, dont celle qui nous intéresse, ne mixent pas les deux catégories : vampires draculoïdes et extraterrestres trop fort techniquement.

L’emploi de gaz de combat par cette engeance tombée du ciel, est étrangement anachronique, puisqu’on situe leur invention au début de la première guerre mondiale.

Idem pour le « Rayon Ardent » qui a tout du laser avant l’heure.

Les défenses humaines de pointe évoluent également en fonction des différents revival de cette Guerre des mondes. Les cuirassés ne sont plus les armes ultimes depuis un moment. Par contre la bombe atomique suscite crainte et intérêt. La version 1953 appuie sur les fantasmes de la radioactivité. En 2005, La Guerre des mondes de Steven Spielberg est à l’ère des portables. Il fait donc un détour par le potentiel de destruction des ondes électromagnétiques. Le recours aux bombes atomiques auraient été politiquement incorrect. Pour céder aux pressions écologiques, Spielberg remet en scène la propagation d’herbes rouges néfastes, comme dans le livre initial. Le vampirisme est transformé en exploitation des produits humains qui enrichissent leurs plantations. Le fantasme ancien est de retour. Rien ne se perd rien ne se crée.

La Guerre des mondes de 1953 est un récit naïf et désarmant. Le pire arrive à la fin. Comme si les prières de dévots étaient la vraie source de la victoire. C’est quasiment dit comme cela dans le film. Comme si le bon dieu n’avait que cela à faire d’armer secrètement nos virus. Ann Robinson est quasi une sainte illuminée. Il ne manquait plus que cela ! Le héros maximo Gene Barry est a priori plus rationnel, mais il se laisse gagner par les cloches en folie. Paris vaut bien une messe et De Gaulle l’a bien compris avec ce Te Deum pour la Libération. Surtout après ce qu’ils ont fait en 1953 à la tour Eiffel.

Conspiration ? Gene Barry fait son retour dans la version 2005 de Spielberg. Après avoir arpenté La Cinquième Dimension en 1987. Il y a des failles spatio-temporelles là derrière, ou je ne m’y connais pas.

Je ne veux pas être rabat-joie mais même le tout petit microscope chargé d’évaluer les palotes hématies de l’espace, est singulièrement périmé.