Avis. Mystères de Paris. Film Hunebelle. Jean Marais aime Jill Haworth et Eugène sue beaucoup. 6/10

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Cela sent le André Hunebelle à plein nez. Grand spectacle, cinémascope, action, musique, acteurs fétiches renommés et plusieurs rôles secondaires qui ont des « gueules »… tout y est.

De part les côtés films de cape et d’épée, bons sentiments, saga historique, belles frimousses et sales gueules, on est dans reconstitution « historique » imagée et spinalienne. On a soupé des Cadet Rousselle, Le Bossu, Le Capitan. Hunebelle ta production « hors Fantomas » est quand même lassante à la longue. Et puis il y en a marre que les gentils prennent tellement de temps à se débarrasser des méchants.

Et pour nous rappeler le côté Jekill et Hide Jean Marais, dans ces classiques doubles interprétations, il suffit de penser à son Fantomas. On y retrouve ici la « voix » grave « Hide » de Raymond Pellegrin, le méchant en collant bleu. Et revoilà ici le Raymond en grosse méchante. Ouh, la coquine ! Ce Raymond consomme l’Édam avec Dora Doll et l’actrice Gisèle Pascal.

Rodolphe / Jean Marais est un riche et fier gaillard, qui a tout pour lui. Dany Robin, une belle maîtresse, un carrosse (ou plusieurs), une canne indice de son pouvoir sur les humbles, un palais en plein Paris façon Bernard Tapie des anciens temps. Il ne lui manque que les frissons des bas-fonds.

Il va rencontrer la misère suite à un accident. Il a écrasé un pauvre bougre lors d’un pari stupide, pour une course à travers la capitale. C’est le playboy qui fonce en Ferrari sans se soucier des conséquences.

Ça tombe bien, si j’ose dire, puisque le miséreux percuté décède en laissant une jolie fleur sur le pavé, sa fille Jill Haworth. C’est l’innocence bafouée et Marais, fera une exception en se rapprochant d’elle. Au début il ne pense qu’à se racheter en la sauvant de la basse prostitution dans un bouge, où elle a été enfermée. Puis il flairera le parfum du péché. On aura l’inévitable quiproquos entre le meurtrier du père et la fille pleine d’amour partagé pour ce Jean.

Plus jeune et sans autres références que ce cinéma conformistes du début des années 60, j’aurais sans doute aimé ce titillement de l’imaginaire. Pourquoi ne pas s’encanailler dans les bouges de l’époque, sous le regard inquiétant Renée Gardès, la mère la Chouette. Et puis jeter une bourse pleine de pièces d’or en chocolat, cela a de la classe.

Aller au trente-sixième dessous, d’accord, mais sous réserve que j’ai moi aussi accès à la belle Jill Haworth, dans sa totale blonditude. Que ce visage à 10.000.000 d’années-lumière du wokisme est apaisant. On doit quand même s’ennuyer à la longue de ce ciel absolument sans nuage.

Mais même avec les promesses de ses yeux clairs totalement sondables, je ne marche plus. Et puis le fait de devoir m’identifier à ce Rodolphe de Sambreuil là, connu pour ne pas avoir un amour débordant pour les femmes, me pose problème maintenant. De part mon républicanisme forcené, l’aristocratie louis-philipparde puis bassement socialiste, pleine d’état d’âme et de soubresauts politiques, ne m’intéresse pas plus que cela.

  • Bémol : Politiquement il y a quand même quelque chose qui me gène dans ce sempiternel catéchisme socialisant. Voilà encore cette idéalisation de la plèbe, qui serait pleine de gens honnêtes, travailleurs, fidèles, fraternels… face à ces bourgeois oisifs, exploiteurs et méprisants. C’est toujours cette vieille rengaine marxiste, claironnée par des Mélenchon haineux et dont on n’arrive pas encore à se débarrasser maintenant. Vivement l’avènement de la pleine méritocratie avec la saine émulation des qualités qui va nécessairement. Et pas ces fables clientélistes pour Sans-culottes.

Le “viril” Marais aura un ennemi notable. Un Fantomas maléfique en la personne (et la voix) de Raymond Pellegrin, un Baron. Celui-ci sera de tous les coups bas. A croire qu’il n’a rien d’autre à faire dans la vie que de s’attaquer à Rodolphe / Jean, et par le sexe, et par la politique, et par les affaires.

Voilà de quoi faire une intrigue vite faite… et bon débarras.

Quel plaisir de retrouver le talent des Pierre Mondy, Noël Roquevert, Jean Le Poulain…  

Les Mystères de Paris roman, est de Eugène Sue. Lequel semble plus connu par le sketch du télégramme de Montand à Signoret, que par son œuvre. C’est sans doute injuste, mais qui faire ? Et puis le mélo tel qu’il a été filmé n’incite pas à l’indulgence. Surtout que sa compassion pour les damnés de la terre pourrait n’être qu’une feinte ? Cf le passage ci-dessous de sa biographie.

Biographie croustillante :

« Dandy de 26 ans, il hérite en 1830 de la fortune paternelle, s’essaie à la peinture auprès de son ami Théodore Gudin, devient l’amant des plus belles femmes de Paris (il est surnommé le « Beau Sue »). Il adhère au très snob Jockey Club dès sa création en 1834. Il dilapide la fortune de son père en sept ans, et se tourne encore davantage vers la littérature pour s’assurer des revenus. »

Mais il serait devenu « socialiste » en 1842… et deviendra député grâce à l’aura tiré des Mystères de Paris. On doit Le Juif errant à ce libre-penseur. Il finira bourgeois dans un château. On ne se refait pas.

Sketch du télégramme de Montand à Signoret :

  • – Montand : La ville est morte depuis que tu es partie mais la statue est toujours à la même place
  • – La statue
  • – Comme une statue ?
  • – Montand : Oui, comme une statue.
  • – La statue est toujours à la même place ? C’est ça ?
  • – Montand : C’est ça ! Eugène Sue me regarde, je t’aime.
  • – Eugène ? Comme le prénom ?
  • – Montand : Comme le prénom
  • – Ensuite ?
  • – Montand : Sue
  • – Comment ?
  • – Montand : Sue, Eugène Sue.
  • – Épelez !
  • – Montand : S comme Suzanne, U comme…
  • – Comme Ursule ?
  • – Montand : Oui et E comme Eugène, Eugène Sue.
  • – Sue ?
  • – Montand : Eh oui, mademoiselle, Eugène Sue.

Les Mystères de Paris (film, 1962)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Hunebelle

https://fr.wikipedia.org/wiki/Eug%C3%A8ne_Sue

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https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Juif_errant

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