Temps de lecture : 2 minutes

(6 épisodes Amazon)

Untitled Woody Allen Project

2016 ‧ Comédie ‧ 1 saison

Six épisodes de vingt minutes, mais qui ne traitent que d’une seule histoire.

Qu’est-ce qui lui prend à Woody Allen ? Voilà qu’il tente de raviver les sitcoms traditionnels, en les replongeant dans les conflits générationnels et politiques des années 60, musique de Jefferson Airplane à l’appui de la « démonstration ».

D’un côté il y a un certain conservatisme pusillanime des vieux compagnons de route de la gauche américaine (un centre en fait), incarné par Woody Allen. Un certain soutien à un progressisme modéré, qui ne fait pas de vague. Pas question de remettre en question le confort bourgeois et le modèle démocratique. Surtout à cet âge.

D’un autre côté, il y a le maoïsme caricatural affiché par Miley Cyrus. Il est tellement sentencieux et monolithique qu’il ferait presque penser aux lourdingues créations de Godard. La contamination monomaniaque gagne une bonne partie de l’entourage et le pauvre Woody se sent trahi. Miley Cyrus conduit bien sa barque fanatique mais elle fait peur. Personne ne lui résiste.

Les conflits idéologiques n’engendrent pas ici de ressort comique. C’est à la fois trop grave et pas assez réaliste. Les « bonnes » répliquent tombent souvent à plat. Pourtant c’est en VOD et donc on ne perd pas de sens avec la traduction.

L’histrion nous resserre toute sa panoplie habituelle. Même ton de juif névrosé, « persécuté », craintif, qui a horreur des coups, et qui se dissimule derrière des gestes de soumission et de l’humour morbide auto-dérisoire. Mêmes mimiques depuis des décennies. Même bagage littéraire et philosophique qui procure un barrage de mots, pour contrer toute idée contraire. C’est l’intellectuel dans ce qu’il a de moins abouti. Juste un jeu de petites phrases interchangeables avec tout autant de thèses que d’antithèses. Il est supposé avoir réponse à tout.

Et toujours cette difficulté ontologique de l’engagement. Principalement dans son rapport avec les femmes, mais pas seulement. Ce qui lui donne un air de vieil adolescent retardé

Si on doit identifier des pathologies chez Woody Allen, il s’agit de traits obsessionnels, paranoïaques, hypocondriaques. Mais à force d’être mis en avant et d’être ressassé, cela ressemble plus à une posture que des traits constitutifs de sa personnalité. En mettant tout cela à l’écran et dans les interviews, le décalage est devenu prononcé.

Le final tente de nous époustoufler en réunissant dans une foire totale, presque tous les protagonistes. Mais rien n’y fait. On reste assez déçu. Et Woody Allen le sait.