Avis téléfilm. A.B.C. et D contre Hercule Poirot Suchet. 8/10

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Vous trouverez sur ce site, de nombreuses analyses de ces films basés sur les intrigues d’Agatha Christie. Une autrice « usurpatrice » que je préfère qualifier « reine de l’embrouille » plutôt que « reine du suspense ». Il serait temps que l’on s’en rende compte, la plupart de ces livres ne tiennent pas debout.

Et bien entendu les téléfilms conduits par Suchet ont une place privilégiée chez enfants de la télé. La matière impressionne, déjà par sa quantité, mais aussi parce que l’incarnation du limier par notre sympathique pépère ne manque pas de charme. Sa fonction « paternelle » est à la fois sécurisante et constructive. Mais tôt ou tard, il va falloir le « tuer » symboliquement.


Autant le dire tout de suite, je ne suis pas un grand fan de la romancière. Pourtant cet épisode sort tout particulièrement du lot. Et de par une intrigue complexe, mais qui reste logique et surtout qui ne dépend pas de deus ex machina faciles. Mais aussi parce que la mise en scène est ici remarquable.

L’assassin est bien entendu insoupçonnable, tant il est noyé ici dans la masse infinie des suspects. En gros, on peut accuser en premier lieu tous les fous de la terre. Mais l’esprit de système d’Agatha fait qu’on s’arrête quand même à l’entourage de chaque victime.

Et puis ce « fou » on nous le met sous le nez. Si on le matérialise de manière si évidente avec cette caution de « vu à la télé », c’est qu’il doit bien y être pour quelque chose.

A.B.C. et D contre Hercule Poirot ? Oui car ce D – la quatrième victime – est un des grands oubliés. D’ailleurs en y réfléchissant, comme il a été pris au hasard dans cette salle de cinéma, il se pourrait bien que son nom ne commence pas par un D.

Mention particulière pour l’acteur Donald Sumpter qui campe un excellent Alexander Bonaparte Cust.

Andrew Grieve, le réalisateur et Clive Exton le scénariste ont fait du bon boulot.

Une fois n’est pas coutume. J’élève ce travail à 8/10 pour me faire pardonner bon nombre de notes bien inférieures que j’ai pu attribuer aux transpositions télé de ces œuvres.

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Ce Suchet supposé hyper-logique conservera toujours ce tic du mea culpa non convaincant. « Ah, je suis un imbécile ! ». Mais au fond de lui même, il sait bien qu’il faut laisser les crimes se produire, voire de se répéter, si on veut garder des spectateurs. Il se plie à cette cause suprême.

Il faut dire qu’Agatha Christie met du sien pour embrouiller les pistes. Presque une autrice de feuilleton qui serait payée aux rebondissements.

Les épisodes se suivent et finissent quand même par se ressembler un peu. La romancière combine un nombre restreint de possibilités. Et au fur et à mesure, elle va épuiser les invraisemblances créées par cette mécanique matricielle.

C’est là que je veux en venir. Ce brouillard, ce nuage d’encre, c’est ça et uniquement cela le force de l’écrivaine. N’en faites plus jamais « la reine du crime », mais une « la reine de l’embrouille ».

https://fr.wikipedia.org/wiki/A.B.C._contre_Poirot

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https://fr.wikipedia.org/wiki/A.B.C._contre_Poirot_(t%C3%A9l%C3%A9film)

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