Une nouvelle bonne surprise de Sundance ! La pépinière d’idées et de renouvellement du cinéma.
On parle volontiers de « descente » dans le monde de la drogue.
Cependant, pour une fois, il ne semble pas que l’on soit amené à regarder ce monde de haut.
Ni condescendance, ni apitoiement.
Cette putain pourrait être ta mère. Ce drogué en perdition, cela a failli être toi ou ton frère. Ce bonhomme massacré par la vie, qui souffre du manque, qui devient le dernier des voleurs et le pire malfrat, ce pourrait être ton meilleur ami.
Les choses sont donc remises à leur place. On se retrouve sur un dérangeant pied d’égalité.
Pour dire les choses autrement, c’est en quelque sorte, l’histoire d’autres vous et d’autres moi qui pour une raison ou une autre, auraient pris le chemin d’à côté… et aurait glissé dans le précipice.
Et cela change tout. On comprend mieux.
Comprendre ne veut pas dire excuser.
Le film est tellement vrai, que l’on se demande en permanence si ce n’est pas un brillant reportage.
Et en fait ce serait les deux. Une extrapolation de faits réels qui concernent les personnages du film. D’ailleurs les liens de parenté existent réellement entre eux. Et les vrais prénoms sont conservés.
L’acteur principal Mark Webber est également le réalisateur de cette petite pépite. Son jeu de taulard ex-drogué qui tente son retour, est plein de finesse. Ses rapports avec sa mère sont prenants.
Il n’y a pas la moindre de ces scènes écœurantes de piqûre ou de dégradations ultimes. En nous épargnant ainsi, l’auteur nous permet un recul salutaire.
Ici c’est autre chose. Ils cherchent tous. Ils veulent comprendre. Ils pensent ainsi pouvoir inverser le cours des choses.
Ils se lamentent aussi sur le temps perdu.
Qu’est ce qui les a rendu comme cela ? Quelles sont leurs responsabilités et celles de leur famille ? Des questions menaçantes et qui n’ont bien entendu pas de réponse. Les uns étant plus atteints que les autres, chacun esquive pour ne pas plonger davantage.
Et pourtant, ces problématiques relations familiales, c’est tout ce qui leur reste. Ils se cramponnent, se soutiennent comme ils peuvent, se réconcilient un peu dans leurs malheurs.
La question de ces addictions est moins une question de morale ou de volonté, qu’une affaire existentielle. C’est l’essence même des personnes qui est atteinte. Soit que la descente aux enfers révèle les fantômes, soit qu’elle les occasionne, soit les deux. Nous, nous ne les voyons pas. Mais ces fantômes sont bien réels pour qui en passe par là. Et leur destruction demande plus qu’une tapette à mouches.
Au final, le film ne fait pas la morale et ne veut pas donner de leçon. Il n’y aura ni perdant, ni gagnant. On ne saura pas si le personnage principal s’en sortira ou non.
Bien que l’on se doute qu’il peut miser sur les bénéfices de cette thérapie cinématographique.
Le film paraît parfois partir dans tous les sens. Mais pas plus que dans la vraie vie.
Comment conclure sur ce film ?
Les films sur la drogue ne sont jamais agréables. Celui-ci n’échappe pas à la règle.
Mais traité de cette manière étonnement sincère et non conventionnelle, ce film me paraît utile.
https://en.wikipedia.org/wiki/Flesh_and_Blood_(2017_film)
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