Ce documentaire est tout entier tourné vers le premier livre de Sagan. Ce bouquin formellement révolutionnaire de 1953, qui a fait son succès mondial.
Elle même est très circonspecte sur sa création d’alors. Elle ne considère pas ce récit comme de la littérature. Et ce n’est pas de la fausse modestie. Cette lettrée sait de quoi elle parle.
Et pourtant, son intelligence transpire à chaque page et ce livre jaillissant et spontané se lit très facilement, avec bonheur. François Mauriac et quelques autres prestigieux romanciers l’ont vite reconnue à sa juste valeur.
Il s’inscrit totalement dans ce qui deviendra rapidement l’air du temps, qu’il précède et qu’il impose comme un nouveau modèle de vie. Du haut de ses 17 ans, Françoise Sagan indique très librement la nouvelle direction. C’est libre et désabusé. Elle pose de vraies questions. A cette période présidée par le palot René Coty, ce n’est pas une mince affaire. A noter que le Vatican a perdu une occasion de se taire en mettant à l’index son bouquin.
On a donc des lectures répétées d’extraits savoureux du livre, par Catherine Deneuve, ce qui est une très bonne initiative. Mais on nous donne aussi l’histoire de cette création, de la genèse à son brillant devenir chez l’éditeur.
Je n’ai pas encore vu sa transposition au cinéma par Otto Preminger en 1958 avec Jean Seberg et David Niven.
Nos belles âmes woke en font un sujet sur l’émancipation féminine. Que c’est réducteur ! Les politicards y voient les prémisses de mai 68. Que cette tendance à tout inféoder à l’idéologie est fade ! Tout ce petit monde ferait bien de commencer par lire ce livre avant de s’exprimer aussi stupidement.
La réalisatrice Priscilla Pizzato ne s’en sort pas si mal. Elle déjoue la notoriété agaçante de l’autrice, pour faire place à l’œuvre. Elle évite aussi de parler de la descente aux enfers des derniers temps de Sagan. Elle donne envie de se plonger dans le bouquin. Ce qui devrait être le vrai but de ces documentaires.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7oise_Sagan
Sa fidèle amie Juliette Gréco est interviewée à son sujet, c’est pourquoi sa photo figure ici.
