Temps de lecture : 2 minutes

Comme la plupart des comiques de premier plan, le magicien Éric Antoine a donné le meilleur de lui-même en début de carrière. Après, il peut donner l’impression qu’il ne cesse de se répéter. Je pense également à Claudia Tagbo un être diamétralement opposé mais qui respecte pile poil ce même principe de l’éternel retour.

Ce retour permanent aux sources tient sans doute du fait que l’effort initial de créativité est considérable et aussi parce que le public apprivoisé redemande encore et encore ce qu’il a tant apprécié. Les vieux Rolling Stones connaissent bien cela.

Et donc le deuxième spectacle de sa carrière « réalité ou illusion » se passe en terrain connu.

Pour le caractériser, disons qu’il est d’abord un fin rigolo qui pratique l’auto-dérision. C’est le b.a.-ba dans le métier : « 2 m + 7 cm d’érection capillaire » – il se décrit lui-même comme « le plus grand magicien du monde, par la taille, pas par le talent » nous rappelle Wikipédia.

Ce fils de psychothérapeute et ex étudiant en médecine lui-même, va au fond des âmes en s’entourant de la complicité du public. Comme tout bon show-man, il prend une « victime » dans la salle et l’amène aux limites du hors piste. Il pratique les œillades coquines quand c’est une fille. Et il lance son habituel « calmez-vous » très persuasif.

Faire de la magie vient en second. Et comme il a cajolé les spectateurs jusque là, ces derniers ne voient pas qu’il développe un tour, en parallèle de ses fantaisies. Pour mieux dérouter il utilise le vieux truc de la persuasion. Pour la chute, il n’omet pas de nous envoyer sur de fausses pistes, puis corrige le tir pour récolter les applaudissements admiratifs.

Il n’est pas le premier à comprendre que cet exercice est devenu assez commun, depuis qu’on a coupé les liens avec la sorcellerie et/ou la religion. A présent le roi est nu, avec toujours les mêmes ficelles, lesquelles sont démontées dans pas mal de bréviaires en accès libre, et ce depuis des temps reculés.

Et sans le latin que constituait l’ésotérisme et le surnaturel de jadis, très rapidement la messe nous emm… Il faut donc l’agrémenter. Les belles jeunes filles coupées en deux ne suffisent plus.

Le redoutable et grotesque manipulateur du 33ème, Aleister Crowley définissait encore les choses ainsi : « La Magie est la Science et l’Art d’occasionner des Changements en accord avec la Volonté » – Et il y a encore des esprits malléables pour espérer dans les forces de l’esprit.
Voir notre texte réservé aux adultes : magie-sexuelle-crowley-oto-fraternitas-saturni-magick

A noter que cette démystification a aussi réussi à diminuer l’importance des charlatans et des gogos.

Les mots clefs « magicien humoriste français » le mettent en tête de liste Google. Mais il n’est pas le premier à avoir osé ce double registre là. Ce bon Garcimore avait creusé ce sillon là.

Gérard Majax partageait sa bonne humeur mais il n’était pas à proprement parler un adepte de l’humour. Il excellait dans la traque des charlatans. On lui doit une fière chandelle pour cela.

L’humour n’est pas vraiment le mot qui convient à Dynamo, le Magicien de l’impossible, le praticien de Discovery Channel. Ce Steven Frayne est un jeune britannique extrêmement doué et qui expérimente « avec sérieux » une magie des rues dépoussiérée. C’est bluffant au possible et le gaillard nous en met plein les yeux, surtout qu’il opère tout autour du monde. Son émission est très travaillée et il peut se permettre de rester dans ce qu’on pourrait appeler la prestidigitation traditionnelle, mais avec un bel air de modernité.