Été violent. Trintignant italien, amour copulatoire. Romance ratée. 5/10

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Ce film romantique est dégoûtant. Il repose quasi uniquement sur l’idée d’un amour copulatoire, contraint et à peine sublimé. Juste le temps que l’autre cède. Bien sûr ce n’est pas montré aussi crûment. Aucune scène de sexe mais des baisers langoureux, dont on devine la chaude écume.

A l’évidence c’est un film réalisé par un homme de l’époque, et qui se complaît dans les clichés, sans même se rendre compte qu’il patauge dans cette idéologie sexuée là.

La jeune femme ve de céder aux avances du jeunot intrépide, après les soubresauts et les évitements d’usage. Elle dira à Trintignant qu’elle n’avait jamais connu ça avant, qu’il lui a fait découvrir l’amour charnel.

C’est une vision qui flatte l’homme. Mais cette approche là, manque singulièrement de profondeur, et ne correspond pas du tout à ce qu’attendent les femmes en réalité.

Bien sûr, dans un premier temps la femme évitera de se compromettre, respectant ainsi le fameux principe, qui veut qu’elle prenne le temps d’observer, tant elle craint de tomber sur le coup d’un soir et une relation qui serait tout sauf durable. Dans le film, on peut comprendre cette veuve dans son désir majeur de protection pour elle et sa fille.

Mais le machisme du scénario reprend le dessus, et repart de plus belle dans l’idée d’une séduction qui tient sur ses propres pieds, sans rendre compte à personne.

Cela me fait bien sourire quand j’entends la jeune femme obsédée, parce qu’elle pense être une différence d’âge rédhibitoire, alors que franchement ce couple paraît jeune de part et d’autre. Cet argument est donc assez artificiel.

Ce jeu amoureux se produit entre Eleonora Rossi Drago 34 ans, mais qui n’en revendique que 30, et Jean-Louis Trintignant à peine 5 ans de moins. Les dés sont pipés de part et d’autre, puisqu’on voudrait nous convaincre d’un gap d’une dizaine d’années. Et puis le maquillage estompe bien des différences. Jacqueline Sassard l’autre femme qui souhaite squeezer le beau Français, a 5 ans de moins que lui. Ils sont donc tous dans un mouchoir de poche.

  • Pour connaître un peu le sujet, quelques années comme ça de différence, est quasiment indétectable, et n’a aucune importance pour le sort d’un couple. Au contraire, c’est même la règle du jeu, même si ici c’est inversé. Qu’on me parle de 30 ou 40 ans de différence, peut-être … et encore.

Les concepteurs ont réussi à faire un film à la fois mièvre, et qui ne tient guère debout. J’ignore sur quel public cela pouvait marcher à l’époque, mais là maintenant cela ferait un bide complet.

Pas assez réellement romantique pour satisfaire ces femmes qui aimerait le cantonner dans la friend-zone. Pas assez masculin pour s’imposer. Il faut dire que Trintignant est un peu comme ça. Bien qu’on le présente alors comme un jeune premier, il n’a pas la masculinité triomphante, mais plutôt une féminité atténuée. Cette particularité a aider à ce qu’il devienne un acteur indispensable.

Comme souvent dans le cinéma transalpin, les femmes sont élégantes et de toute beauté, mais leur relative passivité et leur manque de « chien », font baisser sérieusement leur charme.

On sent qu’elles seront rapidement mémérisées.

Les féministes vont hurler, mais j’aime ça. On imagine déjà les bras de ces femmes chargées de niards, en train de remuer les pâtes al dente, et qui finissent par se laisser aller. S’il est vrai qu’un jour l’homme marié tue le prince charmant qui est en lui, la femme casée tue également la princesse qu’on espérait éternellement en elle.

Certes, on vous dira qu’une belle tendresse remplace la passion. Mais c’est plutôt un constat d’impuissance. Le but du couple comme le montre Schopenhauer, est et restera toujours la procréation (métaphysique de l’amour). Même si l’être social s’ingénie à créer des contournements et à habiller ce déterminisme absolu de beaux voiles.

Et pour se faire l’un et l’autre a besoin de beaucoup d’illusions. Le déterminisme de l’espèce agit puissamment en conséquence. Comme disait Gainsbourg, l’amour physique est sans issue. C’est parfaitement juste en théorie. Cela n’exclut pas que cette carotte rutilante est absolument nécessaire pour que les choses se mettent en place et qu’elle n’a rien d’une addiction sinistre.

En regardant ce navet, j’ai pensé aux images de Nous Deux, une revue qui jadis transmettait de telles curieuses valeurs, à l’aide d’images chromos hyper-saturés, où les donzelles passer leur temps à implorer le mâle, pour qu’il vienne, revienne, et qu’il les satisfasse. Vu de maintenant c’est kitsch à souhait, au point de devenir culte. On tient là nos Andy Warhol du lien affectif.

Qu’elle est datée, la manière dont on nous montre cette bande de post-adolescents. Ces blousons dorés, jouent aux adultes, en sautillant cigarette au bec. Avec ces Jacques Charrier, on est dans une mouvance typique d’un certain cinéma de ces années là. Le temps des copains.

Il y a une problématique fascisme des parents et anti-fascisme et puis une guerre en cours en arrière plan. L’un et l’autre n’apportent pas grand-chose, le danger étant plutôt à l’intérieur du groupe.

Le réalisateur Valerio Zurlini n’a pas laissé de grands souvenirs, à part son interprétation du Désert des Tartares de Dino Buzzati.

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89t%C3%A9_violent

https://fr.wikipedia.org/wiki/Eleonora_Rossi_Drago

https://fr.wikipedia.org/wiki/Nous_deux_(magazine)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Andy_Warhol

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Charrier

https://fr.wikipedia.org/wiki/Arthur_Schopenhauer

https://fr.wikipedia.org/wiki/Serge_Gainsbourg

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