Fair Play. Film. Finance, violence et liberté. Politique et société. 8/10

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Ce long métrage est bien plus malin qu’il ne paraît à première vue. La première partie est longue et lassante ; c’est voulu.

Critique subdivisée en trois parties :

  1. Fair Play. Film Sundance-Netflix, Monde d’après. Sexe aux toilettes. Femme mutante. 8/10
  2. Fair Play. Film. Finance, violence et liberté. Politique et société. 8/10 (vous êtes ici)
  3. Fair Play. Meilleur film, traders amoureux. Promotion sans canapé. Sociologie et Evolution. 8/10

Cette description du monde de la finance, qui est particulièrement sans pitié, peut paraître du déjà-vu. Mais ce déroulé est nécessaire pour mieux montrer, dans quel contexte survient cette faille du couple, qui ne va cesser de s’élargir. Il est clair que l’enjeu professionnel est tellement grand qu’il ne peut qu’avoir une forte incidence sur les sentiments. Comment concevoir les relations intimes chez ces loups solitaires. Certains en seront aux relations tarifées !

Pour une fois, lors de la description de cet enfer professionnel, le film accepte les rigueurs, l’absence de pitié, la violence morale… Toutes choses qui peuvent exister dans ce milieu où les montants sont considérables. Cela ne sert à rien de se réfugier sur le « c’est bien fait pour eux », ou de ne voir en eux que des profiteurs.

C’est un thème universel que celui de l’amour et du pouvoir. Les suffragettes peuvent agiter leur leitmotiv de « l’emprise », cela ne change rien et n’explique rien. Nous ne sommes pas un monde de Bisounours.

Les sommes peuvent être gigantesques. Et le patron ne se gêne pas d’insulter vertement les perdants quand ces pertes se chiffrent en millions de dollars. Du coup, on est bousculé dans notre petit confort.

On n’a plus l’habitude d’entendre des vérités brutes. Et on est tenté de s’indigner quand la jeune fille s’en prend plein la gueule. Mais ici, autant pour les hommes que pour les femmes, il n’y a pas de place pour la politesse et les douceurs. Et elle connaît ces règles.

Lui, il est encore dans ce schéma classique, qui oppose un système broyeur et des chevilles ouvrières plus ou moins consentantes. Il avance à reculons. Mais ce pauvre Alden Ehrenreich ne compte pas pour grand-chose, dans ces échelles de valeurs là.

Une fois qu’il se sait perdu, il voudrait entraîner les autres dans sa révolte. Mais ça tombe à plat, car en fait sa vision n’est pas du tout la bonne, bien que partagée par bon nombre de scénarios de cinéma jusque là.

En réalité, ici ne peuvent subsister que les meilleurs lions. Cela peut choquer nos consciences imprégnées d’égalitarisme et de souci de l’individu. Mais on est là dans une autre galaxie où règne l’absolu performance. C’est un retour vers nos fondamentaux, alors que nous étions des chasseurs désireux de survivre et de s’améliorer par la transmission, et non pas des êtres dociles qui attendent benoîtement, ce qu’ils pensent être leur dû.

Cette violence est certainement grisante, surtout pour les vainqueurs. Les autres tôt ou tard seront des victimes sacrificielles. On peut le déplorer, on peut le constater et quelques darwiniens pourraient le souhaiter.

Mais je sais bien ce qui nous trouble là-dedans c’est le retour au concept d’une « race de seigneurs » avec toutes les horreurs qui ont pu en découler. Mais cela ne doit pas nous faire oublier la simple méritocratie et le besoin d’avoir les meilleurs pour faire progresser notre humanité. L’égalitarisme stupide ne résout. Il nous fait même tomber dans la médiocrité. Ce qu’il nous faut ici c’est un juste milieu ou au moins quelques garde-fous.

Pour une fois, le gagnant n’est pas celui qui est contre le système, mais celui qui sait le contrôler et qui parvient à s’adapter. Et c’est encore plus frappant quand c’est une femme au milieu de tant d’hommes, de plus une femme d’apparence fragile. Il n’en est rien, ce n’est pas une affaire de biscottos et de puissance vocale. C’est une femme de tête, une femme qui comprend, qui calcule, qui sait mentir s’il le faut, et qui comprend que le refuge de son ex dans des stupides de livres de coaching ne vaut rien. Ce chapitre est très habile.

***

On n’est pas dans ce curieux monde, qui est le nôtre, où la rémunération évolue mécaniquement d’année en année par l’ancienneté et où on est gagné par la routine, avec comme seule ambition l’horizon de la retraite.

Nous sommes aux antipodes de cette fonctionnarisation extensive, normative et rampante qui nous amène progressivement, mais sûrement, vers la décadence de la décroissance, par absence de tonus et d’ambition.

Critique subdivisée en trois parties :

  1. Fair Play. Film Sundance-Netflix, Monde d’après. Sexe aux toilettes. Femme mutante. 8/10
  2. Fair Play. Film. Finance, violence et liberté. Politique et société. 8/10 (vous êtiez ici)
  3. Fair Play. Meilleur film, traders amoureux. Promotion sans canapé. Sociologie et Evolution. 8/10

https://fr.wikipedia.org/wiki/Phoebe_Dynevor

https://fr.wikipedia.org/wiki/Chloe_Domont

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fair_Play_(film,_2023)

https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%B6del,_Escher,_Bach_:_Les_Brins_d%27une_Guirlande_%C3%89ternelle

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