Faubourg 36. Nora Arnezeder, Jugnot, Cornillac, Donnadieu. 5/10

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Qu’est-ce qui leur fait croire à ces producteurs, réalisateurs et comédiens, que le grand public a envie de ces romances pseudo-historiques, mièvres et disneyisés ?

Surtout s’ils nous ennuient pendant deux heures. Spectateurs prolétaires de tous les pays, fuyez en courant ! L’avertissement vaut pour les riches, ne soyons pas sectaire. C’est d’ailleurs ce que presque tous ont fait : grosse déception de la critique non vendue et revers de fortune au box-office. Sanction méritée.

Je n’aime pas trop faire des comparaisons. Mais ici cela s’impose. Cette romance politico-affective est dans la veine, remplie de “jus de carotte”, que les réalisations « familiales » de Pierre Tchernia. Lequel faisait quand même mieux, dans l’humour et dans ses velléités de critique psychologique et sociale.

On peut y voir aussi le Paris mythifié du Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, tourné opportunément à Prague. Pour achever de carte-postaliser le tout, on a en toile de fond les chansons et l’accordéon façon Paname. Que d’emprunts !

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Mais en réalité, tout repose dans l’intrigue et pour la production, sur le charme de « Douce », incarnée en minaudant par Nora Arnezeder. Elle n’a que 18 ans. Vous l’enlevez et il ne reste pas grand-chose à regarder. D’ailleurs elle a été récompensée de quelques prix de type révélation féminine. Depuis elle se partage entre Hollywood et la capitale française. Mais plutôt dans les superproductions que dans la finesse du bon cinéma d’auteur. C’est bien dommage ! La promesse ne semble pas tenue.

Difficile d’être impressionné par les prestations très convenues de notre vieillissant Gérard Jugnot. Il fait plus que ses 57 ans. Il est là pour figuré un gentil looser, un mari pluri-cocufié, et un papa spolié. N’en jetez plus ! Indignation à têtes multiples !

Rassurez vous, les derniers seront les premiers, comme il se doit dans les navets para-chrétiens. Il sera donc récompensé à la fin, 10 ans après son crime « légitime », façon Le jour se lève. Vengeance de cow-boy résistant ! 10 ans en prison au cinéma, c’est un entracte de quelques secondes, virtuel de surcroit.

Ça ne va pas mieux pour Clovis Cornillac, qui joue assez mal un meneur révolutionnaire.

Avec lui et tout le fatras communautaire qui l’environne, on voudrait nous vendre une version édulcorée du Front populaire. En lieu et place de la guinguette de La Belle Équipe de Julien Duvivier (1936), on trouve une salle de spectacle tout autant autogérée, mais quand même très mal gérée.

Manichéisme façon Marx.

Sur fond d’idéologie sommaire qui doit tenir sur deux lignes, l’important dans la force des arguments, c’est l’omniprésente castagne.

D’un côté on a les courageux révoltés communistes qui se foulent pour s’en sortir, et de l’autre les méchants fascistes qui se contentent d’exploiter les autres. Et au milieu, se situe un Kad Merad qui se cherche. Il va fréquenter les ligues d’extrême droite par pur intérêt, mais reviendra dans le droit chemin de le gauche radicale. En fait il a été abusé. Difficile de faire plus caricatural.

Bernard-Pierre Donnadieu, c’est le possédant influent et politisé du mauvais côté, qui marche sans vergogne sur les pauvres et les humbles pour asseoir sa réussite. Ce gros lard roublard, bave aux lèvre, cherche à circonvenir la belle Nora. Mais la justice immanente communiste fera revenir la glorieuse donzelle dans le giron du petit Cornillac. Donnadieu joue bien comme à son habitude.

Pierre Richard vieux renard reclus, sort de sa tanière pour taper de la patte sur la table. Cet acteur ne peut être que du côté des gentils. C’est quasi contractuel.

La réalisation et le scénario de Christophe Barratier laissent donc à désirer.

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https://fr.wikipedia.org/wiki/Faubourg_36

https://fr.wikipedia.org/wiki/Nora_Arnezeder

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