Film Netflix Hunger. Avis. Élitisme et cuisine thaï à toutes les sauces. Dumas ou Ken Loach ? 7/10

Temps de lecture : 3 minutes

La bonne bouffe, lorsqu’elle prend un rôle central au cinéma, est étrangement porteuse.

Sursaut salutaire ?

Chez nous, le culte de la médiocrité a remplacé la culture de l’excellence. L’égalitarisme bien couillon a tué la méritocratie. Le navire sombre.
Et puis que reste-t-il de notre gastronomie, jadis si emblématique et fêtée par toute la planète ?

L’élitisme assumé, fait que ce film sans concession Hunger (2023), dérange pas mal de petites consciences, sous nos latitudes.

Il faut dire qu’on ne fait pas de cadeau à Chutimon Chuengcharoensukying, cette jeune postulante à ce poste prestigieux de cuisinière spécialisée, dans le restaurant élitiste Hunger.

Nos petites âmes auront des vapeurs et parleront de maltraitance, d’irrespect et que sais-je de la part du chef Paul, joué par Nopachai Jayanama. Cette brigade d’inspiration militaire ne tolère que l’excellence. Le « you are fired » est la règle au moindre faux pas.

Et lorsque nos petits critiques entendront le « je veux être un être à part » de cette fille, ils trembleront devant cette soumission à l’esprit de compétition. Eux qui ne rêvent que de droit à la paresse.

Ce n’est pas impitoyable comme je le lis ici où là c’est un « big game », où on a le droit de miser ou non. Certains porteront le deal très haut… au risque de se casser la gueule bien bas… ou d’avoir un immense retour sur leur investissement dans la qualité.

Le premier « jeu » de la mort se fait sur la découpe et la cuisson du bœuf Wagyu. Un exercice incroyablement difficile. Les échecs de l’apprentie sont nombreux et très coûteux avec cette viande d’exception.

Chimwemwe Miller, Paul, n’est pas si thaï que cela. C’est un mixte Canada / Malawi.

Bravo pour la direction et la prise de vue de Sitisiri Mongkolsiri. C’est léché, agréable à regarder. En dépit de la sourde violence, on ne peut qu’apprécier la très bonne facture. Cela se déguste comme ce dangereux Fugu, toujours en borderline.

Les esprits sensibles se régaleront de l’exotisme bien compris, car présenté de l’intérieur. C’est comme pour ces restaurants thaïlandais qui sont trop « bien de chez nous » et qui font fuir, tellement on en a domestiqué le goût. Alors qu’il existe encore des établissements parfaitement authentiques avec des saveurs incroyablement sophistiquées. Personnellement je teste avec le bouillon aux raviolis. Si ce plat bien plus difficile à réaliser qu’on le croit est bon, alors je suis à la bonne adresse. Le Muang Thaï à Colmar passe le test. Et « Siou » Napornphan enchante nos yeux.

  • L’équivalent dans nos restaurants français, consiste à goûter leur béarnaise.

145 minutes c’est quand même un peu long. Voulait-ils rivaliser avec la durée les fameux dîners mythiques d’Alexandre Dumas ?

Les Thaïlandais n’ont pas tous apprécié cette vision simplificatrice et brutale, des arts de la table de leur beau pays. Et puis le côté « social » qui donne la prime aux pauvres, supposés vertueux, peut devenir envahissant à Bangkok comme à Londres ou Paris. Aurait-on trouvé notre Ken Loach asiatique ? Si c’est le cas, courage fuyons !

.

.

Envoi
User Review
0% (0 votes)

Laisser un commentaire