Force armée – film (2016) 2/10 Seagal, Jade Ewen

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End of a gun – Un éléphant à Paris.

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Le mystère Steven Seagal.

Les plus indulgents ne le considèrent pas comme obèse, mais comme puissamment musclé. Juste enveloppé aurait dit René Goscinny.

Il s’habille large, de manière à ce qu’on ne puisse pas aller vérifier. Mais à présent, il a plus l’air de l’intemporel Obélix, du Depardieu d’aujourd’hui ou du King finissant. On est loin du corps semi-céleste de l’authentique Hercule.

En ce qui concerne son jeu – du peu que j’ai vu – c’est toujours la même façon de se mouvoir, de prendre l’air sérieux en toisant l’inévitable adversaire, de froncer un peu les sourcils et de s’embarquer séance tenante dans n’importe quelle expédition dangereuse. On est loin du devoir de précaution, ou du délai de réflexion. Il y va tête baissée le gars.

Pour détendre l’atmosphère il persiste à s’embarquer dans des blagues à deux balles. Dommage qu’il ne soit pas équipé en boite à rire ou en coussin péteur.

Il semble qu’on l’aime comme cela. Il y a du Stallone dans cette simplicité désarmante, de type bac moins 5.

Aucun mépris de ma part, juste des points d’interrogation.

  • J’ai d’ailleurs connu des gens très biens, qui étaient fascinés par les facéties de ce Seagal là. Ce héros hors d’âge passait même pour un modèle à leurs yeux ! Pas question d’écorner le mastodonte. Sa massivité physique et mentale est sa force.

Je ne suis pas emballé par le bonhomme.

Mais en ce qui concerne la belle héroïne, c’est une toute autre affaire. Jade Ewen est vraiment séduisante. Qui n’en voudrait pas une comme cela ?

Et là, c’est moi qui suis piégé par le physique, car ce qu’elle a à dire et faire ici, est tout aussi consternant que pour le bibenum. Il faut voir les minauderies bêtasses, qu’elle est obligée de s’infliger, juste pour avoir le droit de suivre le grossium dans son expédition. Cela donnerait presque l’envie de sombrer dans le féminisme punitif.

Et je ne parle pas de sa nécessaire coucherie pour cimenter l’association de la belle et la bête. Ni de l’estime proportionnelle qu’elle attend en contrepartie de la qualité de ses prestations au lit. C’est explicite, je n’invente rien. Que Dieu, qui jusqu’à présent s’écrit encore dans le neutre masculin, m’en garde.

Elle traite à la hauteur du bébé qu’elle est supposée être, face à ce roc qui fait fonction de papa, une fois l’incestueuse lubricité mise entre parenthèses. On est vraiment dans un bizarre monde d’avant, bien avant.

Il faut y voir un conte pour spectateur peu exigeant – et en manque – qui voudrait que les gros lourds puissent se “taper” des bombasses. Ce qui est plus facile à envisager si l’on tient compte de ce climat clairement rattaché à la prostitution.

Plus prosaïquement, on est dans une sorte de défilé de mode où les femmes vont apprécier Seagal pour sa masculinité et les hommes vont apprécier Ewen pour sa féminité. Une sorte de refuge dans un monde préservé du relativisme de genre.

Ces scénarios sont toujours les mêmes. Les méchants sont des caïds de la drogue qui font plein de vilaines choses. Et Seagal est un gars courageux, foncièrement honnête et travailleur, seul contre tous et qui va gagner à la fin. Il y aura des coups de feu, des coups de couteaux, de la torture, des cris et du sang partout.

  • La mère Denis se plaint déjà, vu que c’est la « technicienne de surface » qui va se farcir le nettoyage du plateau et qu’en plus elle ne ferait pas ça tous les jours

Le luxe et les biftons sont bien présents. C’est une sorte de cadeau fait aux spectateurs et qui ne coûte pas cher. La puissance hypnotique des sous par procuration ; de quoi faire rêver ceux qui ont des fins de mois difficiles.

La présentation est quand même fait pour des durs de la feuille compréhension. Les choses sont répétées sans relâche, comme si on expliquait à des enfants. Un travers qui s’étend partout à la télé et dans les médias en général (*)

Il y a aussi une lourdingue métaphore filée sur des cookies et leurs équivalents “gâteries”. On n’est pas loin du gravos dans San Antonio.

Puisqu’on est dans le “littéraires” il nous faut maintenant parler des redoutables aphorismes, qui “émaillent” l’oeuvre ici présente :

  • « dans ce boulot, soit tu es celui qui accroche l’autre au plafond pour le faire parler, soit c’est toi qu’on accroche ». Cette phrase, que je ne pense pas avoir été empruntée à Lao Tseu, est dite au moins deux fois
  • « le plus précieux ce sont les gens qui vous aiment et qui sont prêts à prendre une balle pour vous » dit deux fois. Presque du Platon.
  • « je me fous de l’argent, ce qui compte c’est l’honneur ». Ni Audiard, ni Spinoza. Mais c’est tellement apprécié, de part et d’autre, que c’est répété deux fois également.
  • « il ne faut pas faire confiance à une stripteaseuse car la seule chose qui compte pour elle, c’est ce qu’elle sort de votre pantalon… votre argent ». Cela ils n’osent le proposer qu’une fois. On se demande bien pourquoi ils ont ces pudeurs.

« la confiance a besoin de temps pour grandir » est une maxime réutilisable et qui ne mange pas de pain. Je m’y arrête car elle est révélatrice d’un principe moteur de ce film, et de bien d’autres réalisations du même genre.

En effet tout est fait ici au pifomètre et en fonction de ce sacro-saint capital confiance et des suspicions quant au “qui filoute qui”. Ce qui donne des résultats un peu curieux le plus souvent.

  • Les uns et les autres se toisent comme des animaux, se reniflent sans doute aussi le fondement, et établissent ainsi un rapport de confiance ou de défiance. Il n’y a de la place, que pour l’intuition. La déduction et le réflexion sont laissées en dehors du film.
  • Cela donne la très classique méfiance lors de l’échange de la belle otage contre deux millions d’euros, avec les inévitables embrouilles et coups de pistolet qui vont avec. Tout passe par les nerfs et les réflexes de primates.

Pour faire moderne, le metteur en scène mélange l’insignifiance de l’ordinaire avec les horreurs commises par ces gros durs sans scrupule.

Ainsi l’archi-méchant va égorger une pauvre victime devant son staff attentif, tout en demandant calmement à un sbire d’aller chercher sa mère la véhiculer. Quelle audace de réalisateur !

Je me demande si quelqu’un a essayé de voir plusieurs films de Seagal simultanément (sur plusieurs télés en même temps). Un peu comme pour ces grands maîtres de l’Échec qui font mat sur la plupart de parties qu’ils ont entamées conjointement. Ici je suis sûr qu’avec un tout petit peu d’attention on peut suivre tous les scénarios hautement prévisibles sans perdre les fils. Toute l’oeuvre du grand maître en synoptique !

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(*) de la répétition comme moyen de pénétrer les cerveaux : les chaines d’infos sont championnes dans cet art. La présentatrice : “le village de X a subi une catastrophe, il aura du mal à s’en remettre”, le présentateur sur place : “le village de X a subi une catastrophe, il aura du mal à s’en remettre”, la personne interviewée : “Notre village de X a subi une catastrophe, il faudra du temps pour s’en remettre”. Le tout dans la même minute ! Et cette minute est multipliée par les innombrables repassages dans la journée. On peut devenir fou avec ça.

https://en.wikipedia.org/wiki/End_of_a_Gun

Mais vous pouvez préférer la Mère Denis.

Jade Ewen est-elle séduisante ? (max avec curseur poussé à droite)
Envoi
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