Shine – film (1996) 2/10 Helfgott, Hicks, Geoffrey Rush

Temps de lecture : 2 minutes

Un condensé de tout ce que je déteste au cinéma.

Revu sur :

Le réalisateur australien Scott Hicks nous inflige un biopic excessivement romancé, sur la vie de David Helfgott, un prodige du piano.

Tout dans ce storytelling vise à susciter en nous la compassion, le respect, voire l’adulation. C’est linéaire en diable. On est totalement canalisé par cet étroit formatage.

Le jeune pianiste aurait basculé dans la psychiatrie, tant il a été soumis à une pression paternelle. Ce déterminisme est implicite. Tous les spectateurs ne sont pas des experts et sont donc susceptibles d’avaler ce navrant psychologisme de comptoir.

Le père qui lui a servi de mentor artistique aurait été anormalement exigeant et intransigeant. C’est Armin Mueller-Stahl qui se tape se rôle ingrat.

  • A noter que le vrai père a réfuté totalement la thèse du film.

Le début du film est pitoyable. On nous montre un David devenu adulte, du genre Asperger de cinéma, excessivement logorrhéique. Mais cela donne plutôt l’impression d’être un cyclothymique en virage maniaque, un poil schizoïde. Lacan y perdrait ses petits. Le doublage français est affligeant.

Le reste n’est pas mieux.

Au centre, il y a l’exécution du troisième concerto pour piano de Sergei Rachmaninoff. Un exploit jugé impossible par un si jeune homme. C’est montré comme un énorme exploit sportif (*)

Le spectateur est sollicité pour que le champion arrive à franchir la barre de 5 mètres. On doit l’encourager depuis notre fauteuil. Même si on n’y connait rien, les bravo de la fin nous confortent ; c’était bien sur lui qu’il fallait miser. Il a gagné les doigts dans le nez ce sport handicap. Qu’est-ce qu’on est content.

Dans la grande tradition hollywoodienne, l’acteur Geoffrey Rush sue sang et haut à son piano. Cela lui vaudra l’Oscar du meilleur acteur. Une récompense qui privilégie les grimaces extrêmes et valorise les efforts physiques. On mesure aussi la quantité de « mise en danger » de l’exécutant. Enfin le « seul contre tous » est bien noté aussi.

L’artiste plonge. Il est oublié très longtemps, mais il aura un retour tardif qui se veut triomphal. Je jette l’éponge.

(*) le 2e Concerto pour piano de Rachmaninoff, tel qu’il est joué par Tom Ewell pour Marilyn Monroe, dans Sept Ans de réflexion (1955) est un exploit bien plus sympathique. Sept Ans de réflexion
https://en.wikipedia.org/wiki/Shine_(film)

Geoffrey Rush
Noah Taylor
Armin Mueller-Stahl

Le salaire de la sueur.

Votre avis sur le film (mauvais curseur à gauche) ?
Envoi
User Review
6% (1 vote)

Laisser un commentaire