« Les Simpson est l’un des objets culturels les plus populaires du monde moderne, notamment parce qu’il est pétri de philosophie » J. Donaldson
Comment une série, quelle qu’elle soit, peut elle s’être renouvelée autant, sur une si longue durée, avec autant d’épisodes, tout en conservant un minimum d’attrait ?
C’est la seule émission qu’on peut regarder au hasard, sans pratiquement jamais revoir le même numéro, tout en étant raisonnablement surpris à chaque fois.
Ce phénomène a démarré en 1989 et il y a en magasin 34 saisons. On table sur 750 variations d’une vingtaine de minutes sur le thème (horizon 2022). Il y a eu des numéros spéciaux plus longs et même un opus au format cinéma.
- Il ne faut pas négliger le phénomène d’usure. Les audiences se sont bien réduites au fil du temps. Actuellement il y a dix fois moins de spectateurs qu’à la grande époque des débuts.
- Mort annoncée pour demain, voire pour après demain.
- Les spectateurs ont évolué et regardent davantage des objets plus déviants. American_Dad! ? South_Park ? Autres ?
Au départ, les créateurs, s’appuient sur les potentialités d’une famille bidochon, dans sa variété américaine banlieusarde la plus modeste. Le père et le fils dérivent. La mère et sa fille aînée remettent le curseur au centre. La stabilité dans le temps de cette entité « étalon » demeure exemplaire.
Cette tribu est suffisamment pataude et conformiste, mais aussi dysfonctionnelle et iconoclaste, pour que ses membres puissent rire d’eux-mêmes. Ils ne le font jamais, car c’est nous qui sommes chargés de nous moquer de nos alter ego « en pire ». Nous sommes les rires off devant notre miroir. « D’oh! ».
Cet exercice imposé déride le plus grand nombre. Et c’est déjà bien comme cela. Et de toute façon c’est au moins distrayant, car il se passe toujours quelque chose. L’équipe créative tend à renouveler l’effet de surprise, qui est une des clefs principales de l’humour.
Chacun dans cette famille est à sa place, même s’il peut y avoir des écarts possibles pour chacun. D’ailleurs c’est en partie grâce à cette élasticité, qui les éloigne puis qui les ramène au centre, qu’on peut envisager toutes ces approches différentes.
A la base, les caractères sont ce qu’ils sont, avec leur force et leurs faiblesses, mais les défauts et les qualités peuvent s’amplifier considérablement. Mais ils doivent rester faciles à identifier, au delà de cet effet « burlesque ». Même leur apparence subit des fluctuations en fonction des problèmes, qu’on leur colle sur le dos.
Il arrive même qu’on cherche à corriger un trait de caractère, juste pour la durée d’un épisode.
- Comme pour les tentatives d’étranglement du fils par le père, qui sera l’objet d’une thérapeutique psy. Et nous sommes bien contents que ce traitement ne fonctionne pas. Le rapport père fils est un invariant. On apprend à vivre avec d’un côté comme de l’autre.
Il peut arriver d’ailleurs qu’ils intervertissent leurs rôles. C’est une méthode bien connue qui s’apparente aux rites d’inversion.
A l’instar d’un sitcom traditionnel, les protagonistes sont mis à toutes les sauces. C’est une nécessité du genre.
Chacun, dans les limites de son âge et de sa condition, pourra avoir un statut social et des accointances variables. Mais ils doivent toujours revenir à la base. Il ne s’agit pas de les laisser égarés dans la nature et/ou avec un fil définitif à la patte.
- Ainsi Maggie ne parle toujours pas, ne grandit pas, suce toujours sa tétine, malgré ses 33 ans. Mais de toute façon elle avait une sagacité d’adulte dès sa naissance.
Comme c’est un dessin animé, il est facile de les envoyer partout. Ils sont souvent venus en France. Ce tourisme est là encore un passage obligé des séries qui ne veulent pas mourir.
Ces Simpson, peu développées, arrivent non seulement à se déplacer sur la mappemonde mais aussi dans le temps. c’est la magie du dessin animé. Ces expéditions ne grèvent pas le budget de la production.
- Tex Avery avait lui l’audace de faire sortir ses personnages de la pellicule, dans des virages trop serrés. Who Killed Who?
Pour ranimer la flamme, les réalisateurs glissent souvent un thème de société, tout en restant raisonnablement prudents.
- On devine leurs inclinations sociétales et politiques. Ce sont des libéraux. Trump ne les aime pas, il l’a dit ouvertement. Les concepteurs arrivent à instaurer un dialogue avec la réalité. Et donc les Simpson sont susceptibles de répondre aux attaques.
Comme dans les séries classiques, il y a des histoires cachées, des filiations obscures, qui reviennent un temps à la surface.
- Bart a un frère maléfique qui réapparait, puis redisparait.
Nos héros à quatre doigts (plus facile à dessiner) côtoient toutes les vedettes qu’ils veulent. La série ne s’en prive pas. Elle tient compte de l’actualité. Il y a de nombreuses guest stars qui participent à l’aventure. En France, on ne peut pas se rendre compte de ces célébrités qui prêtent leur voix, sauf pour les chansons originales. Cette allégeance des puissants à ces petits machins jaunes, veut aussi dire quelque chose.
Pour servir ce théâtres d’illusions, ceux qui tirent les ficelles, mettent à contribution la famille élargie, les voisins, les collègues de la centrale nucléaire, de bistrot, les camarades et les professeurs de l’école de Springfield, les méchants récurrents, les vedettes qu’ils voient à la télé… Avec là aussi de relatifs invariants.
On a environ soixante-dix personnages avec lesquels on peut jouer en permanence (*). Les mix de tous genres sont la règle.
Mais la famille resserrée est bien connue : Homer, Marge, Bart, Lisa, Maggie… habitent sous le même toit. C’est la base intangible. Ils sont condamnés à survivre jusqu’au dernier épisode.
- Ce fut presque le cas pour Sherlock Holmes, qui est mort un peu avant la fin, mais qui a ressuscité. sherlock-holmes-a-failli-mourir-dans-les-alpes-bernoises
Si l’on fait la combinatoire de tout cela, on constate que mathématiquement il reste encore un filon d’épisodes à créer. Pourtant, déjà avec les innombrables combinaisons utilisées, il y a toujours eu ce que je ne sais quoi, qui fait que cela reste « humain » et non froidement matriciel.
- Il serait intéressant de savoir s’il y a des redites, ou comment ils font pour les éviter. On ne peut avoir en tête en permanence, les milliers de situations déjà créées. Il faut forcément s’adjoindre une aide mentale et mémorielle à un moment.
Pour la création, il existe à présent un énorme staff à structure pyramidale, avec à la base les projets discutés de 16 scénaristes officiels. Le fameux et prolixe Conan O’Brien a été un des grands fournisseurs d’idées. Il continue en alimentant un célèbre talk show. La déconnante perpétuelle de ces émissions télé rigolote n’étant pas si éloignée. On n’a pas le droit de ne pas citer Matt Groening le papa de la série.
Les variations sur le thème du générique, avec sa musique bien connue, son tableau noir, le regroupement familial sur le canapé, est un jeu d’esprit stimulant en soi. C’est le premier gag et on l’attend de pied ferme. Et il est au rendez-vous depuis plus de 700 fois.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Simpson
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(*) En triant par les prénoms :
Abraham Simpson
Agnès Skinner
Apu Nahasapeemapetilon
Barney Gumble
Bart Simpson
Bernice Hibbert
Carl Carlson
Charles Montgomery Burns
Clancy Wiggum
Cletus Spuckler
Disco Stu
Dolph Starbeam
Edgar « Gary » Chalmers
Edna Krapabelle
Elizabeth Hoover
Gros Tony
Hans Taupeman
Hélène Lovejoy
Homer J. Simpson
Jackie Bouvier
Janey Powell
Jasper Beardley
Jeff Albertson
Jimbo Jones
Joe Quimby
Julius Hibbert
Kearney Zzyzwicz
Kent Brockman
Kirk van Houten
Krusty le clown
Le Serpent
Lenny Leonard
Lisa Simpson
Lou
Luann van Houten
Maggie Simpson
Manjula Nahasapeemapetilon
Marge Simpson
Martin Prince
Maude Flanders
Milhouse Van Houten
Moe Szyslak
Mona Simpson
Ned Flanders
Nelson Muntz
Nick Riviera
Otto Bus
Patty Bouvier
Professeur Frink
Rainier Wolfcastle
Révérend Lovejoy
Rod Flanders
Roger Meyers, Jr.
Selma Bouvier
Seymour Skinner
Tahiti Bob
Tahiti Mel
Todd Flanders
Troy McClure
Waylon Smithers
Wendell Borton
Willie le jardinier