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Fyre Fraud est un documentaire haletant et incisif, sur une arnaque folle de 2017, qui se camouflait en festival musical ultra-branché. Une vraie réussite documentaire qui joue avec les codes de maintenant. Ce qui ne manque pas d’humour puisque ce sont spécifiquement ces nouveaux conformismes qui ont permis cette folle aventure.

Billy McFarland n’est pas un Elon Musk de l’événementiel, mais un escroc de première classe. C’est à dire qu’il inspire une totale confiance et qu’il donne envie que l’on suive dans des paris fous, se chiffrant en millions, mais dont le rendement serait inespéré.

Pas besoin de mettre en place une pyramide de Ponzi, les gogos s’agitent quand on leur fait miroiter une telle verroterie. Il n’y a rien à faire de plus. L’espoir de gros gains annihile leur capacités critiques. On est dans le registre d’Arrête-moi si tu peux.

Et même une fois l’arnaque principale éventée, le bonhomme flamboyant continue ses méfaits dans d’autres registres. Et l’on trouve encore des égarés fascinés qui le défendent et qui croient à ses mensonges éhontés. Dont une jolie blondinette qui pense s’accrocher à une locomotive d’or.

«Locomotive d’or, croqueuse d’un charbon – Plus fruité, plus juteux que l’est la canne à sucre – lococo, lococo… »

Les fils et filles de familles aisées tombent également dans le panneau mais en tant que consommateurs et non pas en tant qu’investisseurs.

Et ce n’est pas une mince affaire: le Fyre Festival leur a été vendu comme réunissant de grandes vedettes, dont Pusha T, Tyga, Desiigner, Blink-182, Major Lazer, Disclosure, Migos, Kaytranada, Lil Yachty, Matoma, Klingande, Skepta, Claptone,Le Youth, Tensnake, Blond:ish et Lee Burridge qui sont pour moi de parfaits inconnus. Mais ce n’est pas moi qui passera forcément pour un plouc dans cette histoire.

Les pigeons pensent avoir droit à des hébergements de luxe et des repas traiteur. Avec les tarifs les plus élevés, les participants qui ont lâché jusqu’à 12 000 $, avaient même la promesse de pass VIP avec embarquement sur des yachts. La connerie est infinie dans ce milieu. Nos « amis » osent tout comme le veut la maxime d’Audiard.

Le vol jusqu’à l’île isolée devait même se faire dans des conditions première classe très sélect. Cette île appartient à un cacique du Cartel de Medellín !

En réalité, il n’y avait rien de tout cela, si ce n’est de pauvres tentes, des sandwichs minables… et des bouteilles d’alcool laissées dans des containers. Le lieu était pourri, un vrai dépotoir. Il a même plu énormément la veille.

La fuite en avant des organisateurs étant devenue un désastre. Ils avaient même passé en fraude des produits. On se demande même si la tricherie n’était pas prévue depuis le départ.

La coupe était pleine quand les artistes promis se sont désistés. Ce fut la débandade… à ce stade, les dupés se sont enfin rendus compte de leur sort. Les selfies montrent leur déconfiture.

On parle de syndrome FOMO pour cette jeunesse suiviste, mais qui se précipite sur toutes les nouveautés clinquantes, car elle craint toujours de rester en arrière. Des proies faciles pour les « influenceurs » et autres dictateurs auto-investis des tendances. Les bombasses maîtresses du web Kendall Jenner, Bella Hadid, Emily Ratajkowski, Hailey Baldwin, Elsa Hosk, Chanel Iman, Lais Ribeiro, Alessandra Ambrósio, Shanina Shaik, Rose Bertram, Gizele Oliveira et Hannah Ferguson, sont arrosées par les organisateurs pour faire venir à eux les gogos. Ce sont des mannequins par ailleurs. On attrape pas les imbéciles avec du vinaigre.

Ces jeunes femmes réellement belles et charmeuses, et qui continuent à s’afficher comme de parfaites innocentes après cela, n’ont pas eu à payer la note pour leur travail toxique de « rabatteuses ». C’est un comble.

Les « influencés » vont payer lourdement leur bêtise. Ce qui ne manquera pas de réjouir les plus humbles. Cela fait du bien de voir ces couillons prétentieux se transformer en cocus de première.

Bien fait pour ceux qui bien qu’« étant né avec le cul bordé de cuillères en argent et la bouche pleine de nouilles » n’ont pas fait fructifier leur « talent » mais ce sont complus dans l’oisiveté imbécile.

On dirait plutôt : « Naître avec une cuillère en argent dans la bouche » et avoir « le cul bordé de nouilles », mais j’aime bien cette inversion.

Jenner Furst et Julia Willoughby Nason sont eux de véritables réalisateurs et ils ont fait un très bon boulot. C’est tellement bien présenté, qu’on en vient à penser que ce n’est qu’un film de fiction. C’est le seul reproche que j’ai à leur faire.

Les entrepreneurs lésés réclament 100 millions de dollars. Billy McFarland finit quand même en prison et devra payer 26 millions d’amende. Il continue à sourire outrageusement et à se moquer du monde. Le coorganisateur rapeur Ja Rule s’en sortira sans perdre trop de plumes.