Temps de lecture : 3 minutes

En se penchant sur cette obscure affaire de crimes imputés à Iwao Hakamada, le documentaire se fait avant tout, le porte parole des anti peines de mort. En cela il n’a pas tort. Le châtiment ultime a le gros handicap de rendre irréversible l’erreur judiciaire… s’il y en a une.

De plus, ce récit orienté Amnesty International, critique vertement cette justice japonaise qui se cramponne sur son infaillibilité et sa pseudo efficacité. Le plus important dans ce pays/civilisation, étant une sorte de raison d’état, une volonté de privilégier un pacte social globalisé, plutôt que de défendre à tout prix les individus et leurs cheminements chaotiques. Ceci peut nous choquer. Pourtant nous avons aussi connu cela.

Le système revendique plus de 90 % de condamnations, mais avec “l’ombre d’un doute” quant aux méthodes policières et judiciaires. Pour Hakamada on parle de tortures pour lui extorquer des aveux et de falsifications de preuves, dont cette étrange problématique des vêtements tachés de sang qui ont séjournés dans le Miso.

La défense s’est livrée à des expériences qui tendent à montrer que ces habits ne peuvent avoir séjourné le temps indiqué ce qui met à mal l’accusation. L’ADN retrouvé n’appartient à personne de connu, ni le justiciable, ni les défunts. C’est quand même bizarre.

Il y a un côté Affaire Dreyfus là derrière. Avec cependant une question toujours ouverte, puisqu’on attend encore la tenue du procès révisé. Alors que Dreyfus est définitivement innocenté.

Notre réflexe, encouragé par des doutes raisonnables, est le plus souvent favorable au présumé innocent. Mais c’est un problème de perspective, puisque les proches des victimes pensent en général tout le contraire. Il leur faut un coupable et il ne laisse pas s’échapper facilement un mis en cause.

Ce M Hakamada est accusé d’avoir trucidé son patron avec sa famille. Un acte fou… or il est fou ; en tout cas depuis sa libération conditionnelle. Il se prend pour dieu, pour l’Empereur et que sais-je encore. On le voit déambuler comme un aliéné dans un asile, alors qu’il est dans un appartement familial protecteur.

On dira que d’avoir passé 47 ans dans le couloir de la mort, enfermé dans une micro-cellule allumée en permanence, n’a rien arrangé. Au moins il peut se vanter d’être dans Livre Guinness des records. Espérons pour lui qu’il aille se faire pendre ailleurs.

Les lobbyistes des grandes causes se réjouissent et on peut les comprendre. Ils ont mené de grands combats énergivores. Mais reste à savoir si les fautes de procédures et les ignominies du système japonais vont suffire à contrebalancer les soupçons tenaces visant l’ancien boxeur. Je sais qu’on n’a pas trop le droit de dire les choses comme cela.

Certains défenseurs médiatiques s’avancent un peu trop :

« C’est l’histoire d’un individu condamné à mort pour un crime qu’il n’avait pas commis, broyé par système judiciaire japonais… »

Ou bien ailleurs « Condamné à tort à la peine capitale, cet ex-boxeur a passé 48 ans en prison. Désormais libre, il se bat pour obtenir sa réhabilitation. » – le figaro

Ou encore « Ce Japonais de 82 ans, a enfin été libéré de prison où il est resté un demi-siècle pour un crime qu’il n’a pas commis ». les inrocks.

Étranges raccourcis. Ils n’ont pas compris qu’en 2020 il n’a pas été blanchi, mais soumis à un nouveau procès. Il est juste relaxé. Une fois de plus, ceux qui se prétendent du côté du bien et des droits universels de l’individu, en deviennent sourds et aveugles.

Le Droit-de-l’hommisme est contre productif quand il se contente d’agiter les émotions au détriment de la raison. L’utopie généreuse, telle l’enfer, est pavée de bonnes intentions. Restons vigilants.

Ce boxeur professionnel aurait quand même pu avoir le coup de marteau facile. Pour l’instant et pour longtemps encore, on n’en sait rien.