Instant décisif. Chris Verene. Photographe américain, psychologue des limites. 8/10

Temps de lecture : 2 minutes

Pas mal du tout cette petite série sur MuseumTV.

En 13 minutes, un photographe nous révèle ce qu’il pense y avoir de plus essentiel dans son œuvre. Il présente trois de ces photos les plus emblématiques. Il les a choisies lui-même en toute liberté. Cela peut être un de ces clichés reconnu par tous ou bien une œuvre de son jardin secret. Le praticien est parfois surpris du choix des critiques et du public. Il ne voyait pas forcément le hit parade comme cela. Et le documentaire nous montre et commente d’autres de ces « instants décisifs » pour situer le personnage.

Je ne connaissais pas Chris Verene. Il est vrai que ces clichés, qui n’ont peut-être l’air de rien pour certains, s’imposent facilement à ceux qui ont « l’œil ».

Son exégèse nous apporte beaucoup pour la compréhension de certaines scènes. Et ceci d’autant plus que l’artiste se sent obligé d’annoter ces instantanés. Ils doivent donc être commentés.

Mais on peut parfaitement les apprécier sans cela. C’est un peu comme les tableaux de la Renaissance dont on ne saisit plus toute la symbolique, mais que l’on aime sans être guidé.

D’ailleurs l’effet de ces photos est « instantané » et la déambulation explicative ne s’impose pas. Certains diront qu’au contraire, il vaut mieux garder du mystère.

Comme pour ce mariage de l’Amérique profonde où tout ou presque se situe dans l’opposition entre la placidité des regards des anciens déguisés en cowboys et le regard mi-débile mi illuminé de la mariée « bouche-ouverte ».

Le bébé sur ce matelas dans cette composition « pauvre » a selon le photographe deux interprétations divergentes. D’après les commentaires qu’on lui a fait, le public peut y voir un bébé menacé dans la précarité ou un bébé chanceux d’avoir au moins cette literie, ce biberon… Mais reconnaissons que c’est cette ambivalence intuitive et immédiate qui en fait le charme.

La nounou noire sortie d’asile psychiatrique et que chérit et protège Chris Verene, a ce sourire de parfaite innocence qui oscille entre stupidité et profondeur. Là encore l’opposition est intéressante.

On évoque souvent l’immense Henri Cartier-Bresson en tant que maître de « l’instant décisif ». Et si on manque d’attention et/ou qu’on ne maitrise pas le « langage » photographique, on passera à côté des photos de Chris Verene. Pourtant elles ne sont pas si « simples » que cela. Chez l’un et l’autre, pour arriver à capter ce qui est vraiment « l’instant décisif » et qui s’impose de ce fait de manière intemporelle, il faut des années de pratique et/ou un don.

Dire qu’il est un photographe de l’Amérique profonde est assez réducteur. C’est avant tout un autodidacte doué pour la « psychologie free-lance » de « cas », comme le fut encore plus intensément Tod Browning dans Freaks. La Monstrueuse Parade. C’est cette possibilité d’amour-répulsion qui nous interpelle.

Commentaire MuseumTV :

– Dans cet épisode, nous discuterons avec Chris Verene, photographe. Lorsqu’il a commencé la photographie, il a voulu photographier l’Illinois, et plus particulièrement une petite ville d’où venait son père. Il aime photographier des personnes, des lieux, des moments de vie dans cette ville qui est pour lui « le centre de l’Amérique » .

https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Cartier-Bresson

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Monstrueuse_Parade

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