La Chute de l’empire américain (2018) 8.5/10

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Excellent.

Je suis intelligent (c’est lui qui le dit). C’est dur d’être intelligent.

Si tu es con, tu peux vendre facilement, à n’importe qui, un « aspirateur qui va le rendre heureux ». Si tu es intelligent, l’argument est tellement bête, que tu bloques.
D’ailleurs pour réussir, même au plus au niveau, il ne faut pas être intelligent.
Regarde, Trump, Berlusconi, Sarkozy… ils sont tous bêtes.

C’est en tenant ces propos étonnants à son amie, qu’un jeune livreur et néanmoins docteur en philo, entre en scène. Ce gars désabusé et modeste est incarné par Alexandre Landry.

L’action démarre rapidement. On assiste à un hold-up. Deux malfrats volent une somme colossale, en se servant dans un coffre-fort appartenant à la pègre. Mais le coup est pourri. D’autres bandits interviennent et c’est le carnage généralisé.

Notre « intelligent » livreur qui passait par là fait un rapide examen de la situation. Ils semblent tous morts ou en fuite. Il se décide à la seconde à embarquer le butin laissé par les fuyards.

Juste avant l’arrivée de la police, il glisse dans sa camionnette à lui, les deux sacs de sport grand format et remplis de gros biftons. Puis il répond aux questions, comme témoin, le plus calmement du monde, comme si de rien n’était.

Il sait que voler cette immense fortune, même en billets non traçables, est quand même dangereux. La pègre et la police seront à ses trousses. Le pari est énorme.

Pourtant il prend tous les risques. D’abord en mettant le magot dans une consigne surveillée et filmée. Puis en contactant un repris de justice inquiétant, aux connaissances économiques toutes fraiches, vu qu’il vient juste de suivre des cours de finance internationale, lors de sa conditionnelle. Notre amateur fait aveuglément confiance à cet escroc et lui indique la cachette. Le repris de justice s’empresse d’escamoter le pognon.

Et bien sûr le jeune livreur universitaire ne peut pas résister à flamber un peu. Il se paye une magnifique pute de luxe, jouée par Maripier Morin, et en est tout chose. Nous aussi.

Et voilà qu’il tombe amoureux de cette improbable créature.

Et la police suit de près le bonhomme, tant elle est persuadée qu’il a du intervenir dans cette affaire.

Accessoirement, le héros escamoteur participe depuis toujours à des œuvres de charité. Il sert des repas aux nécessiteux. Le bon dieu, qui a permis le vol, peut donc donner un coup de pouce.

Finalement « l’escroc de confiance » et la pute au grand cœur, sont en confiance et finissent par aider sa cause.

La donzelle a connu par son métier, des gars importants de la haute finance. Elle sonne au bon endroit. Un avocat d’affaire monte alors pour eux une mahousse combine de recyclage du fric, dans de multiples combinaisons de paradis off-shore, au travers d’un paravent humanitaire.

La police arrivera trop tard pour bloquer l’entourloupe.

Les malfrats vont continuer à se bouffer entre eux.

L’avocat d’affaire est le seul élément du groupe qui se fera pincer. Pour une histoire de détournement de mineure, orchestrée par les autorités.

C’est vivant, admirablement joué et judicieusement filmé.

Attention, ce n’est pas juste l’histoire, « morale », de petits qui réussissent à berner les grands malfaisants et qui deviennent riches.

C’est plutôt les pieds nickelés désintéressés qui arrivent à patauger dans la haute finance. C’est touchant, charmant, malin et ça finit par vous prendre aux tripes.

Après tout cet étalage de luxe et d’argent facile, les dernières images sont des plans fixes de vrais miséreux de nos villes (ici c’est au Québec). Et il faut vraiment être un sombre vendeur d’aspirateurs pour ne pas être remué.

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Chute_de_l%27empire_am%C3%A9ricain

Alexandre Landry
Maripier Morin
Pierre Curzi
Rémy Girard

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