La Poupée. Film, Pologne. Amour et socialisme. Wojciech Has, Beata Tyszkiewicz, Mariusz Dmochowski. 8/10

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Une réalisation et un scénario et intéressants que l’on doit à Wojciech Has. On est en 1968, une époque où la censure socialiste sévit encore en Pologne.

En faisant un récit historique, les concepteurs échappent aux traquenards des essais contemporains. Il y a bien une allusion à la grandeur socialiste… mais face au bonapartisme !

Les préoccupations sociales sont quand même bien présentes.

Mariusz Dmochowski est un entrepreneur talentueux qui est de retour dans sa ville, après avoir fait fortune. Il se désole d’y voir la misère crasse et la prostitution.

Rapidement il tentera de se glisser dans ce milieu aristocratique, qui n’est pas le sien. Il pense que ces vieux messieurs sont responsables de cette stagnation coupable. Mais ces nobles sont hostiles à celui qu’ils considèrent comme un parvenu, à la richesse douteuse.

Pourtant, grâce à ses talents d’organisateur, il arrive à les convaincre de se lancer dans de vastes opérations, qui seront à la fois méritantes et lucratives. Une sorte de brillant milliardaire rouge avant l’heure.

Il devrait prendre femme. La plantureuse et aristocratique Beata Tyszkiewicz le mènera un bon moment en bateau. Il pense qu’il s’agit d’un jeu amoureux. Il ne se doute pas qu’en fait elle n’est pas si intéressée que cela. Il faut dire que cet homme chérit un peu trop l’amour platonique.

Elle est même volage. Il ne le comprendra que vers la fin. Pour l’instant, il est fou d’elle et fait tout ce qu’il peut pour aider sa famille en marasme financier. Il leur accorde d’énormes largesses.

Il aide aussi grandement Tadeusz Fijewski, son ami très proche.

Dmochowski, l’homme intelligent mais entier, ne comprendra pas que la belle gredine s’affiche avec des gigolos, des moins que rien à ses yeux. Effroyablement déçu, il se collera la tête sur un rail de chemin de fer. Il sera sauvé à temps. Il reprendra sa route.

Il y a dans cette œuvre épique de deux heures quarante, quelque chose qui fait penser aux grands auteurs de l’Est. D’abord par les envolées lyriques. Mais aussi par ces passions qui montent et descendent, comme sur des montagnes russes. Et en effet la trame se base sur un livre de Bolesław Prus, contemporain actif du proto-socialisme.

Le côté grande fresque est souligné par des décors sont soignés. Ils sont à même de restituer l’ambiance fin de 19è siècle, et ce n’est pas une mince affaire. Les acteurs sont compétents et bien vivants.

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Poup%C3%A9e_(film,_1968)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Wojciech_Has

https://fr.wikipedia.org/wiki/Boles%C5%82aw_Prus

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