La Religieuse de Diderot Rivette, Anna Karina en Suzanne Simonin. 4/10

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Le titre à rallonge “Suzanne Simonin, la Religieuse de Diderot” est déjà un signe de prétentieuse faiblesse.

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L’Encyclopédie de Denis Diderot est sur ma table de chevet. Voilà une brillante introduction à ce qui sera bien plus tard la linguistique, aux hiérarchies et aux catégories de la pensée et aux sciences du langage en général. C’est une explosion salutaire de lucides réflexions et c’est encore diablement actuel. Vous l’avez compris, je suis un inconditionnel de la rationalité et de l’intelligence de ce grand philosophe des Lumières.

La version 2013 de la-religieuse avec Isabelle-Huppert et Louise-Bourgoin ne m’a absolument pas convaincu.

Mais cet avatar prétentieux de Jacques Rivette en 1967 est encore pire à mon goût. Déjà qu’au mot Rivette, je sors mon pistolet à bouchon. Pour moi Il n’y a pas de moins glorieux réalisateur que ce cet obscur et surestimé « moderne ». Je le prends pour un charlot outrageusement porté au pinacle par un clan politisé. Une provocation de plus pour intellos retranchés dans leur idéologie et somme toute peu intelligents. Des aficionados, dans l’esprit du futur Droit de réponse, qui jouissent, sans trop savoir de quoi il retourne, à la moindre invocation de ce dieu Rivette. Moins le projet du metteur en scène est clair et plus ils jubilent. Et c’est encore comme cela de nos jours, même si les auteurs ont changé.

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Retour à La Religieuse.

N’y aurait-il pas trop d’intimité et d’intériorité dans l’œuvre pour qu’on la mette en pleine lumière, sur nos écrans ? Je me le demande.

Ces « images », si personnelles, pour chacun d’entre nous, ne doivent-elles pas rester des ébauches révisables, des concepts avec lesquels on peut jongler ? C’est sans doute vrai, puisque la première offense qu’on reproche aux adaptations cinéma, concerne une personnification qui ne nous plaît pas. On peut se permettre de dire : Anna Karina n’est pas Suzanne Simonin, Pauline Étienne n’est pas La Religieuse. En fait personne n’a été, n’est ou ne sera La Religieuse dans un long métrage. Avantage au livre !

Bien sûr que ce qui est au centre, c’est l’aspiration aux libertés les plus nobles (hum – abolissons les privilèges) ; dans le carcan de l’époque et même avec la censure qui sévit encore en 1967 ; le film fut interdit dans un premier temps. Ce qui en assurera la promotion !

On assiste au combat réglé entre le désir explosif qui s’affranchit des conventions sociétales et la règle la plus stricte, la plus absurde. Mais le bon rendu de l’histoire ne se résume à charger plus ou moins en soufre lesbien ou autre. Domaine où les esprits étroits, de part et d’autre, aiment à se confronter.

C’est certes une provocation, mais d’un autre ordre que la simple apostrophe égrillarde aux bourgeois. C’est un défi à dieu et à ses serviteurs intéressés, comme dans Don Juan. Et dieu sait (hum) qu’il est difficile de figurer tout cela.

Ce trop long film (135 minutes) ne contente ni ses détracteurs qui se complaisent en le démolissant, ni les amateurs lucides qui espérait une bonne réalisation.

La musique de François Couperin, Johann Pachelbel et Jean-Philippe Rameau est bonne, mais on n’est pas venu pour cela.

Anna Karina, la fiancée du diable (Jean-Luc Godard) fait ce qu’elle peut ; à la fois trop et pas assez gourdasse pour le rôle.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Suzanne_Simonin,_la_Religieuse_de_Diderot

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Religieuse

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Rivette

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