Last Action Hero. Avis résumé analyse. Schwarzenegger – Austin O’Brien – Anthony Quinn 8/10

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L’Amérique profonde n’aime pas trop qu’on remette en cause ses films d’action, considérés comme trésor national.

Last Action Hero a été un bide aux États-Unis.

Ce film, assez innovant et intéressant, n’est pas une parodie de films d’action, comme on le dit si souvent.

C’est bien plus que cela. C’est un questionnement à voix haute sur les ressorts de ce cinéma là.

  • … sans tomber dans l’habituelle dérision ricanante. On ne crache pas dans la soupe ici. On les aime les films d’action.
  • Le questionnement a une certaine limite. Et donc on ne va pas remettre en cause l’idéologie sous jacente, ni les principes de l’american way of life. Au contraire puisqu’il s’agit une fois encore d’éradiquer les malfrats qui se sont immiscés dans l’échelle sociale indument. On fait le ménage.

Cette voix c’est celle d’un gamin qui par magie a un pied dans sa réalité new-yorkaise et un pied dans une fiction hollywoodienne ou sévit son acteur fétiche Arnold Schwarzenegger, dans le personnage récurrent de Slater.

La position initiale est qu’il adore ce genre et les héros qui s’y agitent. Et quand il traverse le miroir et se se retrouve miraculeusement observateur agissant dans un film. Il s’aide de sa grande connaissance des mécanismes on ne peut plus routiniers de ces œuvres. Un peu comme Fernandel dans François Ier qui s’aidait des pages roses du dictionnaire pour prédire l’avenir à court terme des célébrités de l’époque où il avait été envoyé.

  • Ainsi, il sait que le héro gentil ne va pas mourir, ce qui aide aux plus grandes prises de risques.
  • Il ne redoute pas non plus la violence incroyable qu’ils subissent en permanence. Schwartzy peut avoir un gros accident de bagnole, tomber de plus de 20 mètres, subir des tirs directs, il sera toujours indemne et en pleine forme.
  • Ici inutile de recharger son pistolet, il y a toujours des balles.
  • Il a vu le début du film et donc il sait tout sur tout le monde, ce qui intrigue les méchants.
  • Autre atout, le fait de savoir que le méchant qui tient en joue les gentils, va perdre du temps en commentant trop longuement ces actes. Et c’est là qu’il se fait piéger.
  • La culture filmique du gamin joue un rôle. Ainsi F. Murray Abraham est vite détecté comme méchant vu qu’il joue l’infâme Antonio Salieri, qui aurait contribué à la chute de Wolfgang Amadeus Mozart, dans Amadeus (1984) de Milos Forman. Cette accusation par rapprochement, en fonction de la boite où est enfermé généralement un acteur, est assez légitime. Certains seront irrémédiablement classés comme des gentils et d’autres comme des méchants.
  • Plus anecdotiquement il constate que toutes les filles présentes dans le scénario sont des bombasses et non pas du tout venant.
  • Dans cet imaginaire ordinaire des films d’aventure, ils sont donc protégés par les conventions de cinéma.

Dans l’autre versant, qui est la triste « réalité » d’un New-York glauque, c’est bien différent. Les règles sont celles du quotidien « normal ». Le méchant a fait le parcours inverse. Il passe du film hollywoodien très risqué pour lui, et les affreux en général, à la version grosse pomme. Ici il ne craint pas grand-chose, car il est fondu dans la masse et non pas sous les feux des projecteurs. Même en tuant – pour voir – un quidam, il n’est pas inquiété.

Les gentils, qui sont au même endroit à présent, ont donc du mal à remonter sa piste. Cela se fera de manière assez complexe, où même un film de Bergman jouera un rôle. Un personnage lugubre, incarné par Ian McKellen (Le Seigneur des anneaux), figure la mort dans le Septième Sceau et s’échappe ici de l’écran. Sauve qui peut !

Tom Noonan, acteur habitué des films d’horreur, fera ici comme d’habitude un tueur en série. Comme il va assister à la Première dans son accoutrement habituel, il sera accueilli les bras ouverts, personne ne posera de question.

Il y a quelque chose de bien vu dans la mise en abyme d’Arnold.

  • Il est d’abord le vrai Arnold, un personnage en chair et en os, que l’on connaît. Et donc c’est une figure à qui on fait des allusions sur la « politique » (il devient gouverneur dans la vraie vie).
  • Il est aussi un acteur dans le film « last action hero ».
  • Mais c’est aussi un acteur dans le film qui est dans le film.
  • Étant sur plusieurs plans à la fois, la situation se compliquera avec une para-ubiquité. Il se trouvera face à lui-même qui est en fait un autre. Et il lui fera même des reproches sur l’image qu’il renvoie de son avatar au cinéma. La mère du gamin soulignera qu’il a une furieuse ressemblance avec le comédien en question.
  • Impossible de comprendre totalement, puisque cela tient de l’insoluble paradoxe spatio-temporel.

L’acteur ne prend pas de grands risques quand même. Il est toujours à son avantage même quand il fait sa propre critique.

130 minutes, c’est très long. Mais la réalisation de John McTiernan est de qualité. En plus du récit magique, il nous donne à voir un véritable film d’action. La qualité est au rendez-vous. Les scènes hyperboliques sont très bien rendues.

L’humour et les multiples allusions sont plus fins que dans les films d’action ordinaires. Et comme il y a forcément une perpétuelle distanciation, le tout a une certaine élégance.

Le gamin, héro-bis lui-même, est incarné par Austin O’Brien. Il s’en sort très bien.

Anthony Quinn fait un beau numéro de grand mafieux stupide.

Il y a sans doute des jeux de mots dont la qualité échappe à la traduction synchrone. Mais qu’importe, il reste de la matière. Ainsi il est risqué de lâcher un Prout.

Les fées se sont penchées sur le berceau du film, on voit défiler un nombre incroyable de célébrités qui tiennent leur propre rôle : James BelushiMaria ShriverLittle RichardChevy ChaseKaren DuffyLarry FergusonLeeza GibbonsMC HammerJean-Claude Van DammeDamon WayansSharon Stone

Les emprunts sont multiples, Greta GarboJean HarlowMarilyn Monroe, Harrison Ford. Et on voit même Humphrey Bogart dans le curieux commissariat branché de Los Angeles.

La densité du propos est assez bluffante. Sans doute faut-il voir le film plusieurs fois, avec une carte explicative, pour en venir à bout.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Last_Action_Hero

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