Léonard de Vinci, Elon Musk. L’homme universel Asperger. Bramly G.O. du village global. 8/10

Temps de lecture : 4 minutes

Un documentaire « sympathique », réalisé par François Bertrand en 2019.

Pour une fois que les Français font des efforts pour avoir une portée qui dépasse l’hexagone, il faut le signaler.

Mettre en avant l’universalité et l’encyclopédisme de Léonard n’est vraiment pas nouveau. Mais notre « génie » méritait un regard plus humain et des éloges moins benoîtement dithyrambiques qu’à l’habitude.

Serge Bramly qui est au centre de ce « reportage » n’est qu’un biographe. Il n’a donc pas toutes les cautions scientifiques pour traiter d’un tel sujet. Mais sa passion rentrée fait le reste. On dirait qu’il est de la famille. Et donc ce récit qui met en scène Léonard de Vinci est assez vivant. Il tient compte de ce qu’on peut deviner de la personnalité empathique ou distante de l’artiste éclectique.

Ainsi on en apprend plus sur l’origine à Vinci de Léonard. C’est un bâtard, fils d’un notaire et à qui on a eu l’intelligence de fournir tout le nécessaire à son éclosion, une fois que l’on découvert ses premiers talents.

Très jeune encore, il rejoint l’atelier d’Andrea del Verrocchio à Florence. Lieu de toutes les espérances. L’ancien était un artiste polyvalent de tout premier plan, doublé d’un entrepreneur doué, dont l’atelier tient plus de l’usine polyvalente que de la chambre de bonne. Dans cette pépinière ont éclos de nombreux grands noms.

Par la suite, Léonard y aurait introduit la peinture à l’huile en lieu et place de la séculaire Tempera à l’eau et à l’œuf. Cela s’est concrétisé par un tableau à 4 mains avec son maître, qui mêle les deux techniques : Le Baptême du Christ. L’enfant de Vinci, s’étant concentré sur les deux anges en bas à gauche. Et il est clair qu’on y voit déjà son grand talent. La légende veut que suite à cela, Verrocchio ait mis de côté ses pinceaux et ait confié à Léonard son département peinture. Ce dernier a entrepris plusieurs œuvres notables qui bien qu’inachevées sont d’une extrême qualité.

Il n’y a pas que l’écriture qu’il pratiquait à contresens. Il a été coincé pour sodomie. Et s’en est tiré de justesse.

Il a préféré rejoindre Milan, où il a proposé ses services aux Sforza avec un « faux CV ». Il a privilégié une embauche d’ingénieur que de peintre. C’était mieux vu et mieux rémunéré à l’époque. Mais cette place il ne l’a eu que bien plus tard. En attendant il a poursuivi son art, tel qu’on le connaît.

A partir de là ses projets touchent à tout. Mais comme le remarque un commentateur instruit, bon nombre de ces plans ne peuvent pas fonctionner. Dont un véhicule articulé ou les roues dentées marchent dans des sens opposés, un complexe circulaire de canons où les fumées se seraient concentrées sur les manipulateurs… on tombe de haut, hein ?

Tout le reste de la longue histoire du mage de Vinci, s’écoule ainsi avec moult détails. Des représentations 3D nous éclairent sur la plupart des points techniques. Ce qui n’empêche pas la légitime émotion.

J’aime ce parallèle fait entre de nombreuses composantes du savoir. Comme de détecter la parenté des arborescences dans plusieurs domaines. Elles reflètent la circulation sanguine, les arbres et leurs branches et bien d’autres choses encore. L’esprit éclairé est celui qui voit plus loin et plus profondément les concepts. Il aime l’eau et analyse les turbulences. C’est comme cela, en partant d’une fascination et en tentant d’aller le plus loin possible, qu’on découvre l’inconnu. Il aurait été de notre époque, notre Elon Musk aurait adapté sa méthode « universelle » à bien des sujets.

Il reste de nombreux tableaux à la parenté évidente. On retrouve quasiment le même sourire parlant dans « Le saint Jean-Baptiste », « La sainte Anne » et un peu moins dans « La Joconde ». Mais la liste n’est pas exhaustive. Il est frappant de voir que pratiquement tout se trouve posé dans ces premiers tableaux inachevés, comme « L’Adoration des mages » de 1481. Il n’avait que 29 ans alors. Plus qu’un créatif dispersé, c’est donc un « développeur ».

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Il me vient une idée. Et si un tel personnage était revisité par les bonnes personnes ? Je pense à Mark Gatiss et Steven Moffat, aidé de Benedict Cumberbatch, qui ont su si intelligemment sortir l’œuvre de Conan Doyle de la naphtaline. Léonard de Vinci en brillant Asperger, impossible à suivre par l’immense majorité des êtres humains, qu’ils soient ses contemporains ou même les quidams d’aujourd’hui. Voilà une belle piste à creuser, au cinéma ou dans une nouvelle sorte de documentaire plus audacieux.

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Voici des textes bateau, plus ou moins remaniés selon les éditions, qui contaminent tout le net mécanisé. Ces sites idiots qui se contentent de faire du remplissage à bon compte et qui demandent de payer pour voir !

« Comment un seul et même homme a-t-il pu à la fois peindre La Joconde, concevoir le roulement à billes et donner la première description clinique de l’artério-sclérose…? Dans notre film, notre enquêteur biographe Serge Bramly répondra à ces questions et bien d’autres encore, en recueillant des indices grâce à ses recherches sur le terrain et ses rencontres avec les plus grands spécialistes de Léonard. En voyageant dans l’espace temps grâce à un musée imaginaire, il retracera le parcours de cet homme surdoué de la Renaissance, et tentera de nous donner à voir le génie implacable de Léonard. »

Autre version, répétée un peu partout :

« Serge Bramly, auteur de la biographie de référence “Léonard de Vinci”, parue dans une quarantaine de pays traverse la vie de Léonard pour mieux en appréhender la personnalité hors du commun de l’artiste. Bramly analyse les textes et les œuvres, en traquant les indices sur le terrain, et en allant à la rencontre des plus grands spécialistes en histoire de l’art, en Italie comme en France.é

https://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9onard_de_Vinci

https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Bapt%C3%AAme_du_Christ_%28Verrocchio%29

https://fr.wikipedia.org/wiki/Elon_Musk

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