L’esprit s’amuse (1945) 7/10 David Lean

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Voici un film drôle et bien conçu. Et qui sait, il nous donnera peut être aussi l’occasion de nous instruire tout en nous divertissant.

Pourquoi ne pas développer un peu le sujet des spectres dans les fictions ?

La crédibilité des histoires de fantômes est très tributaire du support qui les véhicule.

Dans les récits oraux et les livres, il n’y a guère de difficultés à imaginer ce qu’on veut. Il n’y a rien qui s’oppose en soi à l’inimaginable.

  • Les seules limites tiennent dans la suggestibilité de la cible et le talent de manipulateur du narrateur. Il y a des ficelles bien connues pour tenter de convaincre les indécis borderline.
  • On a depuis longtemps établi les principes d’une sorte de scénario idéal. C’est une machine éprouvée, à faire croire à l’irrationnel.
  • Les magiciens et autres prestidigitateurs agrémentent la légende rabâchée de quelques tours de passe-passe.
  • Pour renforcer sa thèse, il faut disposer à l’intérieur du récit des incrédules. Lesquels seront forcés, d’y croire à un moment.
  • La religion a pendant longtemps joué sur tous ces tableaux.

Ce Blithe Spirit fut d’abord une pièce de théâtre.

  • Et vous vous doutez bien qu’il n’est pas si facile que cela de produire des apparitions semi-transparentes sur de vraies scènes. Mais on peut imaginer des dialogues en temps réel avec des personnes défuntes qui ne seraient vues que par certains protagonistes.
  • Pour en rajouter, on pose comme principe que d’autres personnes présentes ne voient pas et n’entendent pas ces fantômes. Et c’est d’ailleurs cette ambivalence qui assure le principal du spectacle. C’est une proposition théorique facile à mettre en pratique et qui peut faire illusion.

Avec le cinéma, on franchit quelques étapes.

  • La télékinésie est on ne peut plus facile et convaincante avec la caméra. On en use et on en abuse.
  • On peut aussi rajouter des surimpressions spectrales et de soudaines disparitions ou apparitions. Ce sont des trucs très simples, à la portée de n’importe quel vidéaste. Le procédé a été appliqué par Méliès et bien d’autres. Et tout le monde connaît maintenant l’inverse, c’est à dire le maléfique dont l’image n’apparaît pas dans les miroirs. Effet on ne peut plus facile également.

La photographie les a précédé et c’est même cette nouvelle fiction qui a permis de créer d’autres croyances. Les naïfs étaient persuadés qu’on avait réussi à fixer l’aura sur la plaque argentique. Du coup la lumière spectrale créée sur la photo par irisation est devenue la référence inconsciente.

  • Maintenant on sait aller beaucoup plus loin – Confer sur Google « Comment faire une Aura dans Photoshop » – Voir aussi l’effet Kirlian – la digitalisation 3D a fait exploser toutes les barrières. On est désormais dans le champ du tout est possible… y compris le n’importe quoi.

Le concept de fantôme dépend donc étroitement des limites de la technique du moment. Voilà où je voulais en venir. On ne ressuscite pas les morts maintenant comme il y a deux mille ans.

Pour le reste, le fantôme copain et espiègle est un domaine réservé des anglo-saxons. Qui ne connaît pas le Fantôme de Canterville d’Oscar Wilde et/ou une de ses adaptations au cinéma ?

  • Gamins, nous nous sommes délectés de l’adaptation télévision éponyme avec le sympathique Claude Rich dans le rôle titre. Cette moquerie légère avait en elle quelque chose de libérateur. Sans doute qu’en filigrane, au-delà des facéties des spectres, c’était les sornettes de toutes les croyances qui étaient visées. On avait bien besoin de dérision.

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L’esprit s’amuse dans sa version salle obscure, travaille donc sur tous les tableaux. Il est toujours à l a lisière entre le rationnel, l’irrationnel et la franche rigolade. Il pousse le bouchon quand il faut.

La défunte revenante est l’ancienne femme du propriétaire des lieux. Il s’est remarié. Lui voit le fantôme, sa femme non. Le spectre est décidé à rester dans cette maison. Elle démontre son « existence » à la seconde épouse en déplaçant des objets. Ceux-ci semblent se mouvoir spontanément. Le conjoint expliquera le reste.

Elle manigance pour que son ancien mari lui revienne. Elle ira très loin puisqu’elle cherchera à faire mourir son homme, afin qu’ils soient tous les deux réunis dans leur nouvelle non-existence. Il n’y a rien de méchant ou cruel là dedans, c’est juste logique. Mais comme elle loupe son coup, c’est la deuxième femme qui décédera.

Les choses se compliquent mais je ne vais pas tout dire.

Un personnage se détache, il s’agit d’une femme médium semi-professionnelle. C’est grâce à elle ; lors d’une séance de spiritisme mémorable, qu’Elvira est revenue la première du royaume de morts. Mais elle ne réussit pas toujours son coup. Mais comme elle prend son métier trop au sérieux, qu’elle ne souffre pas d’être remise en cause, cela en devient vite très comique.

  • Elle est jouée par l’extraordinaire Margaret Rutherford, qui nous a fait une excellente Miss Marple par ailleurs. Cette comédienne de premier plan a même eu un Oscar dans sa carrière. Elle vaut le détour.

Rex Harrison, Constance Cummings, Kay Hammond, ne déméritent pas, chacun à leur manière et dans leur partition.

Noël Coward est un écrivain et scénariste respecté outre atlantique. C’est lui qui a fait la pièce de théâtre originelle et cette transposition à l’écran.

Le réalisateur David Lean n’est pas une petite pointure non plus. On lui doit un Oliver Twist, Le Pont de la rivière Kwaï, Lawrence d’Arabie, Le Docteur Jivago… excusez du peu.

https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27esprit_s%27amuse_(film,_1945)

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