Loin du Paradis. Dennis Quaid homosexuel. Julianne Moore amoureuse d’un noir. 7/10

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Prémisses du wokisme ? Historiquement peut-être mais d’une certaine manière seulement. Et conceptuellement on ne peut pas dire cela.

A la fin des années 50 aux USA, on était encore dans une sale ambiance de ségrégation envers les personnes de couleur. Et les homosexuels avaient tout intérêt à se planquer. On était loin de la Gay Pride. Ces luttes pour l’émancipation intelligente et de sains coming-out étaient bien évidemment nécessaires.

On était loin des excès Woke et de la déferlante LGBT-machin-chose de maintenant.

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Loin du paradis nous présente tout d’abord les aspects principaux de l’American way of life pratiqué par les Wasp. On trouve en tête d’affiche, la jolie femme blonde au foyer Julianne Moore. Toujours souriante près de ses instruments ménagers, comme sur les pubs. Le mari est forcément bosseur et reconnu pour cela par sa hiérarchie. Les enfants sont bien proprets. Les voisins sont essentiels car ils se confortent mutuellement dans leur suffisance et leurs a priori. Leurs jugements s’imposent. Il faut se tenir à carreau.

Mais déjà des brèches apparaissent. Il est de bon ton pour certains d’avoir des « amis » noirs. Mais cela doit rester raisonnable. Le croisement blanc noir est prohibé.

Mais le réalisateur gay Todd Haynes s’intéresse surtout à la problématique de l’homosexualité cachée. Dennis Quaid boit sans doute un peu trop, mais il reste un archétype de la bonne insertion dans le carcan mental de l’époque. Quand il comprend qu’il est homo et qu’il ne peut pas résister à ses penchants, une partie de ce petit monde menace de s’écrouler.

Curieusement Julianne Moore n’a rien vu venir. Et quand son mari lui fait ses « aveux » (il se sent coupable), elle tombe des nues et ne sait pas comment réagir vis à vis des ses amies. Lesquelles sont toutes aussi formatées mais moins branchées que les Desperate Housewives.

Ce n’est pas qu’elle veuille absolument rentrer dans le moule. Elle prête à “pardonner” et à “aider”. Son problème c’est que tout autour d’elle menace de s’écrouler. A qui se fier désormais ? Quid de la meilleure copine jouée par Patricia Clarkson ?

L’amitié profonde de Julianne, la mère emblématique, pour son jardinier noir ne va pas arranger les choses. Pourtant ce robuste gaillard est une sorte de Barack Obama cultivé, qui s’intéresse à la peinture abstraite et est capable de gloser dessus. Belle caution culturelle, alliée à une somptueuse musculature !

On a vu cette belle femme (*), que l’on croyait rangée, se balader avec. Ce qui dans les potins vaut coucherie prohibée. Pourtant ce n’est pas “encore” le cas. Dans ce petit monde ennuyeux, il y a toujours des mégères à l’affût.

A partir de là, les attaques fusent de toutes parts, au point que le mari se plaint également. Avec ses fréquentations ethniques, elle risque de briser sa carrière à lui. L’As de Magnatech a besoin de considération.

Il devient d’autant plus violent qu’il n’éprouve plus rien pour elle et qu’elle finit par passer pour un sérieux obstacle à son homosexualité. Elle l’a en effet inciter à une psychothérapie pour revenir dans le droit chemin. Lui même était partant d’ailleurs, considérant qu’il fallait stopper ce penchant. Le blabla psy plutôt que les électrochocs ou ceinture de chasteté chimique. Mais la nature est plus forte. Il « retombe ».

Et elle, tente de se raccrocher à son pote Dennis Haysbert. Mais comme elle l’a laissé tomber sous la pression des uns et des autres, et qu’il est totalement grillé ici, il est en partance pour un lieu lointain. Elle a beau insister pour le retenir, en s’offrant assez clairement à lui, il reste sourd à sa demande. En fait cette femme lumineuse, pleine de bonnes intentions et qui ne veut faire de mal à personne, est la grande perdante. Une belle anti-morale qui n’est même pas cynique.

Il y a quelques belles séquences et une tension judicieuse. Et même si cette double problématique ne passionnera pas tout le monde, dans l’absolu ce film est loin d’être nul.

(*) Julianne Moore, belle femme ? Ce n’est pas trop mon avis. Avec son visage carré, j’en connais un à qui elle plairait. Il se reconnaitra, mais je ne dirai pas son nom.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Loin_du_paradis_(film,_2002)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Desperate_Housewives

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