Ah, ces enquêteurs légendaires ! En ce qui concerne les adaptations télé, il y a quand même un sacré créneau. Mais ce n’est pas une raison de nous fourguer n’importe quoi.
On a toujours en tête David Suchet, en tant qu’Hercule Poirot. Mais ce Bruno Cremer nous interprète un commissaire Maigret frais, un tantinet blasé et détaché. Il n’a à priori qu’à attendre que les fils enchevêtrés se dénouent d’eux-mêmes. Pourquoi lui pardonne-t’on cette nonchalance vigile ? Parce que l’affaire se résoudra de toute façon. Et dans ce monde gris et froid, il nous réchauffe avec sa psychologie et son empathie.
***
Prenez connaissance du petit paragraphe inaugural, car il témoigne d’emblée de l’ambiance « dépressive » que Simenon veut donner :
« Maigret resta un moment immobile devant la grille noire qui le séparait du jardin et dont la plaque d’émail portait le numéro 47. Il était cinq heures du soir et l’obscurité était complète. Derrière lui coulait un bras maussade de la Seine ou s’étirait l’île déserte de Puteaux, avec ses terrains vagues, ses taillis et ses grands peupliers… »
Rajoutez à cela que Monsieur Lundi est un clochard qui a ses habitudes le Lundi.
Ça ne vous suffit pas ? Rassurez-vous, Olga la bonne du notable va être assassinée. Pourquoi ce bon docteur a-t-il délivré si rapidement le permis d’inhumer, alors que cette mort est bizarre.
***
« Maigret et le Docteur » en téléfilm = la nouvelle « Monsieur Lundi ».
Monsieur Lundi est un clodo propret qui a le droit de goûter chez le Docteur du coin le Lundi.
Le Docteur devient vite le suspect numéro 1. Donc …
***
Amis lecteurs, cela vous défriserait vraiment que je vous raconte l’intrigue succinctement ?
Donc pas de regret ? Vous êtes prêt à tout entendre.
On démarre à la fin. La coupable est une érotomane (illusion délirante d’être aimée) qui veut empoisonner les gosses du beau médecin du coin. Elle pense qu’il sera plus facile au toubib, son fantasme, de quitter sa femme, s’il est débarrassé de ses attaches. Dans sa tête malade, elle est persuadée qu’il pourra donc se remarier avec elle. La folle criminelle a coutume de rendre ce qu’elle ne mange pas à la commerçante. Elle empoisonne ces religieuses sucrées « reviens-y », qui sont les pâtisseries préférées des petits. Mais c’est la bonne qui aura un appétit funeste.
Dans ces périodes troublées qu’affectionne et que redoute Simenon, on est soit comme ici dans l’omerta et le non-dit, soit comme ailleurs les délations qui permettent tant de fausses pistes.
Voilà c’est tout. Cependant, le film pinaille un peu, pour qu’on s’égare ce qu’il faut.
***
Attention ce scénario n’a rien à voir avec le Maigret et le Clochard, qui ne traite aucunement de l’érotomanie, mais qui montre des manigances criminelles relatives à ce milieu de la cloche. Un des gars a vu un crime…
https://fr.wikipedia.org/wiki/Maigret_et_le_Clochard
