Mégapolis Tikal + Teotihuacan. Documentaire 3D dépassé. Perroquets Internet. 6/10

Temps de lecture : 5 minutes

Parce qu’il y a de la 3D à tire-larigot et parce qu’on vante un site emblématique, on devrait être tous révérencieux et taire la moindre critique ? C’est mal nous connaître.

Personne ne semble disposer à dire son fait à ce genre de documentaire. Eh bien, chargeons-nous-en. En distinguant les bons reportages des moins bons, on fait œuvre utile. L’émulation doit régner ici comme dans toutes les bonnes causes.

***

Il n’est pas besoin d’être un grand analyste pour comprendre le principe de fonctionnement de ces émissions Mégapolis. Le clou de ce spectacle est une reconstitution 3D de hauts lieux historiques.

C’est assez bien fait, vivement coloré et hyperréaliste. Avec ce je ne sais quoi de rendu « maquette » avec l’amplification du côté synthétique. Je doute que les autochtones l’aient vraiment vu comme cela. Eux n’étaient pas en plastique.

  • Regardez bien les chromos et les reconstitutions des reliefs artistiques sur les pyramides agrestes. Elles sont plus nulles que les imitations les plus grotesques pour touristes que l’on trouve dans les pires bazars (cf image mise en avant ici). C’est même injurieux pour une telle culture !

Les images de synthèses de ce type permettent de « visiter » les lieux sous tous les angles et à toutes les distances. On peut même changer les éclairages, ce qui est un plus, surtout si comme ici la cité d’inspiration magique a été conçue en fonction des points cardinaux. Les solstices ont été bien calculés et on peut donc confirmer que des structures ont été bâties en fonction de ces repères là. Le soleil s’engouffrant à point nommé, sur des axes précis, aux moments opportuns.

Les dignitaires Mayas étaient de fins astronomes. Cette connaissance doublée d’une parfaite maîtrise de plusieurs calendriers imbriqués, leur assurait l’émerveillement d’un peuple que l’on peut imaginer ignare dans ces domaines. Le côté « magique » de la chose a toujours remué profondément les quidams peu instruits.

  • D’ailleurs de nos jours on a encore des zozos qui ignorent ce qu’est un solstice et qui doivent penser que le soleil tourne autour de la terre. C’est le fameux « sens commun » qui fait son retour en force, en raison de la faillite complète de l’enseignement. L’investissement quasi exclusif dans une pseudo-égalité et dans l’apologie des minorités les plus obscures, mène à ce retour de l’obscurantisme. Tous égaux en effet dans ce nivellement par la bêtise.

Mais au final, on se rend vite compte que l’on tourne en rond et qu’on nous refourgue encore et encore des circuits quasi équivalents dans le même complexe de maquettes. D’autres font mieux dans ce domaine. L’engouement des premiers temps pour les images de synthèse est passé. Il en faut bien plus désormais pour nous en mettre « plein la vue ». Le public a muri et il préfère de la 3D subtile, discrète et à petite dose, plutôt que cet étalage qui cache une certaine vacuité de l’ensemble.

  • Ce qui serait vraiment nouveau et opportun, c’est qu’on nous fournisse l’ensemble de points tridimensionnels orthonormés dans un package utilisable sur le moindre PC. Ce qui nous permettraitt de nous déplacer à notre guise… voire de rajouter des batiments à cette SimCity, d’en détruire… de faire de l’impression 3D… ce ne sont pas les bonnes idées qui manquent.

Les Mayas ne connaissaient pas la roue et ne maîtrisaient pas les métaux utiles aux principaux métiers. Ce qui pourrait passer pour un obstacle certain pour la construction de ces immenses et précoces pyramides. Le documentaire s’empresse de les disculper. Le matériel calcaire était sur place et sa taille se faisait aisément au silex. La charrue aurait eu des difficultés à circuler dans cette jungle. Et les poulies ? Bof, rangez moi cela sous le tapis.

  • Bon, admettons cette argumentation, plus sociétale que scientifique. Ce n’est pas la première fois qu’on torture la logique à des fins de « réhabilitation ». Cela me fait toujours sourire quand on veut absolument que le Néandertalien soit l’égal (encore ce concept nivelant) des Sapiens, quitte à tordre la réalité. Il y a bien d’autres exemples de ces flatteries wokistes, mais ce n’est pas le lieu pour les développer.

Malgré la « convocation » du CNRS et de la Vanderbilt University, le documentaire n’a pas grand-chose à nous offrir finalement. Une fois l’émotion de l’imagerie retombée, que reste-t-il ? L’éclairage sur la société et les hiérarchies est assez classique. L’irruption de Teotihuacan dans ce monde, avec les mutations que cet autre complexe apporte, est exposée de manière un peu trop simple. Oui on voit bien les changements dans les frises. Bon et alors ? Pas grand-chose non plus sur la très intéressante écriture maya.

Laissons la place maintenant à nos sites perroquets « préférés » :

Ces sites payants, et qui occupent outrageusement le haut du classement Google, répètent en boucle le même laïus :

« Située en Amérique centrale, Tikal est l’une des plus grandes des villes antiques de la civilisation Maya. Occupée pendant plus d’un millénaire, … »

« Située en Amérique centrale, Tikal est l’une des plus grandes des villes antiques de la civilisation Maya. Occupée pendant plus d’un millénaire, Tikal, née au 8ème siècle avant notre ère et nichée dans la jungle du Guatemala, va compter jusqu’à 12.000 structures et rayonner sur 2 millions d’habitants. Grâce aux nouvelles technologies, la cité antique maya s’y révèle, entièrement reconstituée en images de synthèse 3D. «Cette prouesse a pu être possible grâce à un tournage récent sur place, associé à un énorme travail de post-production de création et d’intégration de la ville antique en 3D sur ces images», précise la chaîne. Les téléspectateurs découvriront ainsi la véritable histoire de cette mégapole au coeur de la jungle.

Indigènes production tente de se distinguer en incorporant bon nombre d’adjectifs émotionnels : « incroyables » « hostile » « inquiétante »  « merveilleux » « magnifique » « somptueux » « fascinants « admirable » « fascinant »…

Tikal ! Occupée pendant plus d’un millénaire, cette mégapole dans la jungle sur un territoire de 123 km2 va réunir 12 000 bâtiments et rayonner sur plus de 40 cités. Nous allons découvrir l’Acropole Nord, le Monde perdu, ses palais-forteresses, et mesurer les incroyables efforts des architectes et ingénieurs mayas pour maîtriser un environnement très hostile.

Avec des outils primaires, les Mayas vont affronter une jungle inquiétante, bâtir des villages, trouver des solutions pour cultiver des sols fragiles et utiliser les ressources qui les entourent. Quels merveilleux bâtisseurs furent les Mayas : avec le magnifique temple I dit du Grand Jaguar ou le somptueux temple IV, le plus haut de toute la Mésoamérique.

A partir des vestiges fascinants du plus grande site archéologique de la civilisation maya mis au jour et des reconstitutions inédites de son visage antique, voici l’admirable Tikal ou une invitation dans le monde fascinant des anciens Mayas.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Tikal

https://fr.wikipedia.org/wiki/Teotihuacan

https://www.indigenes-productions.fr/megapolis

Envoi
User Review
0% (0 votes)

Laisser un commentaire