Miss Marple. Heure zéro. Psychologie désuète. Intrigue bâclée. Geraldine McEwan Gaïa. 5/10

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Ceux qui ne sont pas forcément des as de la déduction et de l’anticipation n’ont qu’à se laisser aller. D’ailleurs ici, s’évader et se laisser dorloter est le seul parti « raisonnable ».

Dans cette adaptation de roman policier, c’est plus la personnalité de Miss Marple qui séduit que l’intrigue elle-même.

A la base, il y a l’idée que les sentiments amoureux et les fractures personnelles sont plus importants que l’habituel mobile financier. Il faut dire que le récit a été créé en 1944 et donc Agatha Christie avait fait largement le tour de la question. Pour tenter de surprendre encore, il fallait explorer d’autres pistes.

On est encore dans l’ère du psychologisme. Ce piège à penser qui a contaminé tant d’auteurs, dont Alfred Hitchcock, un autre soi-disant maître du suspense. Lui comme Agatha Christie sont davantage de bons raconteurs d’histoire, que de réels experts en crimes et investigation. N’importe quelle documentaire policier fait bien mieux qu’eux.

Pour permettre un scénario bien rebondissant, les improbabilités s’accumulent. Il faut multiplier les cadavres et les fausses pistes, pour maintenir l’attention. Et puis ce « truc » consistant à faire passer chacun des protagonistes à tour de rôle comme un coupable potentiel, oblige à de sérieuses contorsions.

L’heure zéro brille par son titre énigmatique… et c’est à peu près tout.

M. Treves, un convive, aurait des choses à dire sur le passé d’un personnage clef. Il parle par allusion et on sait bien que dans ce genre d’histoire, cela signe son arrêt de mort. Il décède dans une pseudo crise cardiaque où un ascenseur faussement en panne est mis à contribution.

Un seul cadavre cela fait pauvre et l’hôtesse Lady Tressilian sera donc le deuxième de la liste. A moins d’imaginer le classique héritage en cascade avec un héritier trop pressé, il faut bien trouver une autre raison à ce qui est cette fois clairement un meurtre. Et en effet, elle aussi avait une révélation compromettante à offrir aux limiers. Deux fois de suite la même idée de l’assassinat pour faire taire. C’est un peu beaucoup.

Venons-en au cœur du problème. Ce drame est psychologique ou plutôt s’apparente au psychologisme de comptoir. Le coupable est un être qui s’affiche comme normal, mais qui cache en réalité un cerveau dérangé. Il ne souffre pas la frustration et donc il n’accepte pas que les êtres aimés lui échappent. La « solution » est basée sur ce frêle argument. Comme il est doué d’un esprit agile, il monte des combines incroyablement compliquées pour faire revenir à lui ceux ou celles qui lui ont échappé. C’est cousu de fil blanc et devient vite étouffant, tant c’est artificiel.

Le coupable se fait passer pour le « coupable idéal » en multipliant les indices grossiers contre lui. Il sait qu’il n’aura pas de mal à se disculper. C’est encore un « truc » d’écrivain passablement en panne. Rôle interprété correctement par Greg Wise, jusqu’au moment où il se croit obligé de jouer le psychopathe qui craque. De la triste psychiatrie de cinéma, avec son conformisme répétitifs d’un film à l’autre et qu’on finirait presque par prendre pour argent content.

Plus farfelu encore est le fait que cette femme, qui devient la suspecte principale, ne s’oppose pas à son funeste destin et accepte sa future pendaison, alors qu’elle n’y est pour rien. Au contraire c’est elle la véritable cible depuis le début de l’histoire. La féministe bisexuelle et socialiste Saffron Burrows joue ce rôle bizarroïde et évanescent. Elle est un brin maigrelette ici. Anorexie larvée ? Encore du psychologisme absolument impossible à avaler.

Il faudrait oser dire que c’est histoire à tiroirs multiples est grotesque. Mais la critique est bêtement à genou quand elle ne comprend pas, qu’elle pense que c’est d’autant plus intelligent que cela est tarabiscoté et qu’il s’agit de cette Agatha Christie et donc d’une idole impossible à faire tomber de son piédestal.

Reste cette Miss Marple, si bien jouée par Geraldine McEwan et qui est chargée de mettre du baume dans tous les cœurs – le notre bien sûr mais aussi celui de la plupart de ses personnages. Elle assure même un service gratuit d’aide efficace à la police. Cette femme au sourire espiègle tient de Jiminy Cricket. Sa bonté, doublée d’une saine vigilance, est universelle. C’est une image maternelle de bienveillance inoffensive, doublée d’un solide caractère mêlant rigueur et efficacité. Bref un être réunissant le yin et le yang et/ou Gaïa.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Saison_3_de_Miss_Marple#%C3%89pisode_3_:_L’heure_z%C3%A9ro

https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Heure_z%C3%A9ro

https://fr.wikipedia.org/wiki/Alfred_Hitchcock

https://fr.wikipedia.org/wiki/Saffron_Burrows

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