Mister Bean, Chambre 426. Humour absurde, Travesti woke-free, Veulerie ordinaire. 8/10

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Le M. pour monsieur de Mr Bean s’écrit à anglo-saxonne avec un « R » qui suit le M. Ce qui est logique. Mais nos compatriotes peu regardants font souvent la faute d’angliciser cette abréviation, quand ils s’adressent à un monsieur bien de chez nous.

En partant de cet épisode loufoque de 1993, on retrouve tout ce qui fait le charme acidulé de ce valeureux et téméraire chevalier du rire. L’humour est graduel et franchement débridé : « no limit » ou presque. Pourtant notre fantaisiste ne cherche pas à faire mal, bien au contraire. S’il blesse, c’est par hasard, comme pour ce coup de boule à la reine d’Angleterre…

Le coquin n’hésite pas à s’affubler de tous les travers de l’être humain, dont l’égoïsme tout venant, la jalousie ordinaire et toutes ces choses, encore à des degrés supportables, qui font partie de tout un chacun. Et comme il porte christiquement nos péchés véniels, on ne peut que lui pardonner.

Dans les années 90, on pouvait encore se moquer des travestis et des trans. Maintenant ce dernier carré des minorités à défendre, montre les dents, à qui ose s’en prendre à eux.

  • La tactique qui a fonctionné pour tant de particularismes est éminemment procédurale, bien entendu. La menace du tribunal donne du corps à ces combats souvent douteux.
  • Cependant des nains font de la résistance. Confer ce plaidoyer intelligent d’Anthony Laborde, le Passe-Muraille Fort Boyard. « Après les tigres, ils voudront la peau des nains ». Il y a des minorités qui voudraient plutôt que les professionnels de l’indignation leur foutent la paix.

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Dans cet opus débridé, on met en scène le brave Danny La Rue, un performer qui a pour spécialité le travestissement. En tant que « femme », il veille à montrer une certaine dignité. C’est à dire qu’il s’oblige à un conformisme plus que nature.

Ce faisant, il respecte un archétype très anglais. Ce qui lui a valu d’être médaille de l’Ordre de l’Empire britannique.

A noter pour les zozos que la reconnaissance de tout un chacun s’obtient encore et toujours par son talent, et pas par des quotas arbitraires et/ou des vociférations pseudo-victimaires.

Rien ne nous oblige à montrer du respect a priori, à une religion, une croyance stupide, ni même priori aux manifestations publiques d’un travelo qui serait ridicule.

On a toujours le droit au blasphème genriste et à la moquerie quant aux aspects les plus dérangeants, non mais ! D’ailleurs il existe souvent dans ces manifestations, une volonté de provocation. La “réaction” est donc plutôt nécessaire. La transphobie, au sens du rejet classique, peut aussi se concevoir comme une réaction personnelle relative à son échelle de valeurs, sous réserve qu’elle ne dégénère pas en haine et/ou en appels à la haine et à la discrimination effective. Certes, chacun dans ce domaine des mœurs, a la latitude qu’il souhaite, s’il ne fait de mal à personne. Et à l’inverse, rien n’interdit qu’on puisse détester ces exhibitions là. Aimer la féminité, ne sous-entend pas d’aimer aussi cette sorte de “mensonge” là. C’est même tout le contraire.

  • Anecdote : il y a fort longtemps, un été, nous passions par Nice, en couple avec deux jeunes enfants. Il faisait très chaud, en ces temps reculés où pour le moindre excès de température on n’invoquait pas encore le sacro-saint “réchauffement climatique”. Nous sommes rentrés précipitamment pour nous rafraîchir dans un bar. Au bout de quelques secondes nous nous sommes rendus compte que “celles” qu’on avait pris pour des “professionnelles” et/ou des “entraîneuses” étaient en fait des travesti(e)s. Que faire ? Rester et accompagner les enfants dans leurs interrogations manifestes ? Ou bien ressortir et laisser les gamins se faire une opinion éclairée en différé, ce qui surviendrait sans doute bien plus tard ? Nous sommes restés. Et preuve que ce n’est pas anodin, cet épisode, des décennies après, est encore gravé dans leur mémoire.

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Et notre Mr Bean ne craint pas de forcer le trait au delà du convenable, pour les “straight” comme pour les plus libéraux. Il va donc se confronter, lui en caricature de travesti, au très professionnel Danny La Rue, un travesti “sérieux”. C’est magnifique ! A notre triste époque, on crierait au scandale ! Nos néo-moralistes s’indigneraient qu’on ait pu travestir autant un travesti, qui voulait jouer le plus fidèlement possible à son idéal féminin/masculin. Une recherche très sérieuse, qui tend vers la philosophie !

Ces couillons qui veulent nous dicter les nouvelles morales, se mordent la queue. Bien fait pour eux.

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L’épisode des huîtres me parle particulièrement, puisque j’en suis un grand consommateur. On sent toute la répugnance de tomber sur un mollusque pourri et mortifère. Ce fantasme, c’est du « vécu », si j’ose dire.

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La chambre d’hôtel qu’on ferme par inadvertance, n’est pas un gag nouveau. Mais ici, c’est porté si loin qu’on en est remué. Il faut bien sûr que dans sa précipitation, on se retrouve tout nu dans le couloir. Mais on peut aller plus loin encore. Ainsi les différents panneaux cachant sa nudité sont au niveau d’aphorismes de Ben. « Exit » masquant son derrière, est signifiant. De même que « No entry » pour le même endroit. Et le jeu se poursuit avec un « Private » pour les parties intimes…

https://en.wikipedia.org/wiki/Mr._Bean_in_Room_426

https://fr.wikipedia.org/wiki/Danny_La_Rue

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