Temps de lecture : 3 minutes

Étonnant ! L’anti-héros de cette affaire, Ulrich Muenstermann n’apparaît que très tardivement dans cet épisode.

Cela tient bien sûr la chronologie de la découverte de l’assassin, et là c’est comme toujours dans ces cold case, une affaire d’ADN. En 1989, cette science est méconnue et imparfaite, mais en 1997 tout fonctionne correctement, à l’échelon européen comme en international.

Mais le teasing prolongé correspond au goût des réalisateurs de telles séries. Pas question d’écourter le suspense. C’est de bonne guerre.

La jeune étudiante Sylvie Bâton est assassinée dans l’Yonne, un département qui finira par être très connu pour ces crimes en série de toutes sortes. Émile Louis, Michel Fourniret, Jean-Pierre Treiber, le docteur Petiot né à Auxerre … et notre infâme Ulrich Muenstermann.

Ulrich Muenstermann. L’homme qui avait peur des femmes, nous dit-on.

Une des femmes agressée et qui est rescapée à de violeur/tueur, dit les choses franchement. Muenstermann, est un impuissant avec un petit pénis de surcroît. Sa mise en train peut durer des heures et seul le sadisme arrive avec beaucoup de peine à faire mouvoir son triste membre. Pas de bol. Mais tous les infortunés ne font pas des meurtriers. Inutile d’invoquer l’enfance malheureuse et toutes ces sornettes vaguement psychanalysantes. En tout cas, moi je ne marche pas.

Lorsqu’on met la main dessus pour ce crime en France, il est déjà en prison à perpétuité en Allemagne. On comprend rapidement qu’il a été aussi dans l’Yonne. Et finalement, lorsqu’il est acculé, il ne le nie pas. Et l’ADN ? La « meilleure » défense consiste à dire que la victime était consentante, d’où les traces de sperme. Mais son récit ne tient pas.

Avant de s’arrêter dans un camping proche du domicile de la victime, il circulait en Europe avec son combi Volkswagen. Que de crimes (Hitler) et de manipulations (Dieselgate) sont associés à cette marque, pourtant la plus vendue en Europe ! Soit les bad boys attirent, soit les clients sont des inconscients matraqués par les pubs arrogantes de Das Auto.

Je ne souhaite pas insister sur la question des erreurs judiciaires, car il y a infiniment plus de coupables qui « clament leur innocence », que de victimes avérées du système judiciaire.

Cependant on ne peut qu’être effaré par le nombre de suspectés à tort dans ces affaire là. C’est comme-ci il y avait un aveuglement généralisé, qui s’appuie sur le fait qu’on ne lâche pas la moindre piste.

Les parties civiles et le système judiciaire sont pressés de conclure. Cette précipitation brouillonne et largement basée sur le pifomètre et le délit de sale gueule, conduit nécessairement à se planter lamentablement. Un ancien gardien de château a subi cette incarcération à tort. Il a croupi inutilement en prison pendant dix-huit mois ; avec à la clef, sa réputation bousillée.

On a cherché à faire matché les périples d’Émile Louis ou de Michel Fourniret avec la bourgade de Sauvigny-le-Bois. Mais le docteur Petiot n’a pas été inquiété.

Le compagnon de Sylvie, qui était pourtant au Portugal au moment du drame, a aussi été dans le collimateur.

Il faudrait quand même que les enquêteurs aient à payer pour les dégâts qu’ils occasionnent. Eux qui se glorifient d’avoir soldé cette affaire, devraient rester modestes. Seul le croisement scientifique des fichiers ADN a vraiment permis de solutionner ce drame. Ils n’ont pas grand-chose à voir là dedans.

L’atout de cette série est d’interroger longtemps après nombre de personnes qui étaient en première ligne. Et quand il s’agit d’avocats de la défense, qui défendent l’innocence ou non de leur client, on marche singulièrement sur des œufs. Mais Frédérique Lantieri, la journaliste de Faites entrer l’accusé, sait y faire. Dominique Rizet s’occupe de la technique, toujours avec entrain et talent. Le plus souvent un sans faute.