Temps de lecture : 4 minutes

Ce cinéma péplum est tellement stylisé qu’on se croirait dans une des Mythologies de Roland Barthes, avec bien entendu des emprunts possibles à ce qui traite des Romains au cinéma.

Les concepts sont différents, puisqu’ici on est dans l’imaginaire biblique et non pas dans les « réalités » romaines.

Mais un Cecil B. DeMille n’a pas de mal à faire des ponts entre Cléopâtre de 1934, Samson et Dalila de 1949 et Les Dix Commandements de 1956.

D’ailleurs, à bien y regarder, les décors de Samson et Dalila pillent largement la civilisation minoenne, pour ce qui est supposé se passer à Gaza / Palestine. A l’anachronisme s’ajoute la dérive des continents. Et tout le monde s’en fiche bien entendu.

Les dialogues semblent eux provenir du théâtre. Sans doute que cela ne provient pas de l’authentique tragédie grecque, mais de quelque chose d’assez indéfini, qui doit correspondre à l’idée que l’on se fait de sentencieux textes bibliques. L’emphase est donc de mise.

Et pourtant cela roule parfaitement. L’embobinage du chevelu Samson par la non moins chevelue Dalila, tient bien la route. Le mécanisme est fin avec ce qu’il faut d’incertitude. Ce n’est pas caricatural et vulgaire. Les concepteurs ont donc porté le flambeau plus haut que le texte officiel.

Cecil B. DeMille a toujours su faire tourner les jolies femmes. Comme Claudette Colbert jadis et ici la somptueuse Hedy Lamarr. Il doit y avoir chez cette homme une démangeaison très personnelle pour réussir ainsi cet exploit. La belle n’est pas dépaysée en Galilée.

Face à des stars du genre, Victor Mature a l’air bien effacé. Tout juste si on ne se moque pas de lui. Les dernières colonnes en carton pâte qu’il fait tomber sans trop de difficulté, participent de ce sourire possible, mais sans doute que cet humour est involontaire. A Hollywood il n’est pas pris au sérieux. Notre Italien de Californie ne doit pas être négligé pour autant. Il a quand même eu pour partenaires, Linda Darnell, Gene Tierney, Lana Turner, Hedy Lamarr, Jane Russell, Yvonne De Carlo, Janet Leigh, Anita Ekberg… et comme maitresses, Lana Turner, Susan Hayward, Rita Hayworth, Esther Williams et Anne Shirley … Il a été marié 5 fois par ailleurs ; à des quasi inconnues.

Mention particulière pour Angela Lansbury / Semadar, l’improbable sœur de Dalila / Lamarr. Nous autres, amateurs ou connaisseurs de 2023, avons du mal à ne pas la voir en tant qu’actrice de L’esprit s’amuse de Noël Coward ou quelques farces de ce goût là. En supposée bombasse de l’ancien testament, cela ne le fait vraiment pas.

George Sanders – thé, pipe et chapeau melon – est également trop britannique pour nous faire ce Saran de Gaza. Et même si on le considére comme né en Russie, cela ne le fait toujours pas.

Même sanction pour Henry Wilcoxon qui lui vient de la Dominique (Empire britannique).

Il a vraiment une sale gueule ce dieu Dagon, même dans ce flatteur Technicolor. Il est clair que les pré-chrétiens doivent détruire cette idole. Dans la Bible, ils le font devant l’arche de l’Éternel.

Et puis qu’ils sont méchants ces Philistins avec les hébreux. La messe est dite, l’histoire sera écrite par les vainqueurs. Et au fait qu’est devenu Gaza ?