Musée à voir. Cité Architecture et Patrimoine. Narcisse et Goldmund, Le Corbusier. 8/10

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Ce documentaire de Gregory Schepard et François Combin, est bluffant.

En 2019, Un quidam nous emmène avec lui, à travers cette peu connue Cité de l’architecture et du patrimoine à Paris, située place du Trocadéro. Il ne s’exprime, ce qui est vraiment reposant et change de ces reportages m’as-tu-vu, m’as-tu-entendu. Par contre, il aide à donner un rythme. Sa silhouette permet de se rendre compte de l’échelle des énormes pièces présentées. Il humanise une sorte de cheminement muséal initiatique.

Le tempo plaisant de ce reportage s’accompagne d’une bienheureuse attention des réalisateurs : le regard de la caméra est porté judicieusement aux meilleurs endroits. Voilà de quoi confirmer l’intelligence de la réalisation.

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Dans ce musée, les accès sont limités, mais la fréquentation possible de 200 personnes par heure, sur préinscription est loin d’être atteinte quotidiennement. Le tarif reste accessible avec un plein tarif à 9 euros et de nombreux cas de gratuité. Leur site ne montre pas grand-chose et c’est bien dommage.

Mais laissons l’intendance.

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On a abordé la qualité documentaire. Venons-en au musée lui-même.

La présentation de moulages grandeur nature de joyaux de notre patrimoine est habile. Ces travaux sont étonnamment bien réalisés. Le parcours proposé est judicieux de surcroît.

On n’a vraiment pas l’impression d’être dans un de ces musées d’état ensommeillés et poussiéreux. Il s’agit plutôt d’ans ‘une réalisation très impliquée, très réfléchie, comme on en trouve dans les fondations privées.

L’entassement « administratif » est banni, au profit d’une approche bien plus logique et intense.

Bon dieu, ce qu’on cherche dans un tel lieu, c’est pourtant bien une revigorante explosion conceptuelle, de l’ordre de l’ici et maintenant ! De la culture vécue, pas de l’instruction déversée dans les caboches par un entonnoir.

En matière d’art, il faut viser au plus haut, pour le contenu comme pour le contenant ; la vulgarisation est une décourageante impasse.

Autant privilégier cet itinéraire médiéval inspiré du début, voulu par les concepteurs. On s’approche de ce qu’ont éprouvé en leur temps, les référents inventés Narcisse et Goldmund, dans leur périple célèbre (lecture chaudement recommandée).

On n’en est quand même pas au cochage de choix imposés, comme dans un exercice scolaire. Ce qu’on nous dite retrouver dans un manuel touristique japonais. Tour Eiffel : vue et cochée. Louvres : vue au pas de charge mais quand même coché…

La qualité prime le nombre, désolé d’avoir à brandir ce truisme.

Alors ça vient ?

On note des pièces maîtresses provenant des édifices religieux de Reims, Strasbourg, Moissac, Vézelay… Elles se distinguent sur fond de murs à couleur vive, avec un rendu contrasté. C’est vraiment une belle mise en valeur. Et pour une fois on peut affirmer que la fiction dépasse la réalité.

Le bénéfice « tangible » d’avoir de bonnes copies, c’est que les idées qui se cachent derrière ces merveilles, sont désormais à portée de toucher. Si j’aime la DS, je la touche et je constate son absence de couture (Barthes).

Leur disposition dans la lumière artificielle ou non, permet d’avoir un regard plus “éclairé”.

Des maquettes parfaitement réalisées, avec en outre des éclatés, nous font entrer« de plein pied » dans les pensées des architectes.

Tout peut être touché, ce qui est exceptionnellement pédagogique et plaisant. On n’a pas cette pénible sensation d’avoir pour la vie et pour chaque pièce, une douleur d’enfant aux doigts et aux oreilles, comme si une œuvre d’art était du domaine de l’interdit et s’accompagnait forcément d’un coup de règle ou d’un étirement punitif.

Ainsi se réalise pleinement l’idéal de « s’instruire et se divertir ».

Une partie contemporaine donne à voir des projets et des réalisations hors normes. Des avancées significatives sont représentées. Et le musée a eu l’excellente idée mettre l’église au milieu du village, sous la forme d’un appartement type de la Cité radieuse de Le Corbusier, grandeur nature.

Bien entendu une telle initiative ne peut pas tout contenir. Ce n’est pas La Bibliothèque de Babel de Borges. Il y a donc des expositions temporaires qui se surajoutent.

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Le côté multimédia donne plutôt envie de fuir. Si l’on en est là, autant voir cela sur Internet chez soi. Mais cela ne coûte pas cher aux concepteurs et c’est pourquoi nombre d’institutions nous bassinent avec cette technologie dépassée.

On peut parfaitement regarder de côté pour éviter cette misère.

https://www.visitparisregion.com/fr/cite-de-l-architecture-et-du-patrimoine

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