MuseumTV. Manet. Academy non académique. 7/10

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Assurément cette chaîne discrète fait de bonnes choses. Dans la plupart de ses diffusions, elle a l’art et la manière de parler de grands peintres. Ce sont bien entendu les locomotives, mais l’information est fraîche et nettes. Les toiles sont montrées avec des commentaires de connaisseurs intelligents. Ici on est centré sur une exposition de la Royal Academy de Londres. On fera donc avec ce qu’on a.

  • Certains pourraient trouver dans le récit, un manque d’originalité. En effet, vous ne trouverez pas ici des envolées lyriques à la Hector Obalk. Car il ne s’agit que d’une initiation tranquille, sur des bases critiques solides et éprouvées.
  • Le principal étant de se débarrasser de la soupe dégoûtante, servie par des cuistres et qui consiste encore et encore à nous faire croire qu’une toile dépend toujours de son contexte.
  • Ceux-là glosent avec leur produits de supermarché. Ils étalent tant et plus et n’hésitent pas à donner dans le mélo. On en a vraiment ras le bol de ce squat psychologique à deux balles.
  • Mais il y a encore plus minable et plus fréquent, c’est quand nos journaleux, qui n’y connaissent rien, voudraient juste nous éblouir en parlant du prix des toiles. Avec cette ficelle, ils peuvent indifféremment broder sur le bateau d’un oligarque, le blockbuster à venir ou des manifestation d’un art véritable. Il faudrait un permis de conduire culturel, pour éviter cette affreuse dérive là.

Alors ce Manet, que vaut-il ?

Tout dépend de ce qu’on veut bien nous montrer. Et ici la sélection de tableaux est bonne mais assez réduite. Ce n’est pas une étude de fond.

Édouard Manet a du mal à percer, car tout n’est pas bon dans son œuvre, loin s’en faut. Mais personne ne dira « venez chez moi j’ai un mauvais Manet ». L’être humain sait parfois être tout petit.

De plus, l’époque académique avait du mal avec les Indépendants. Et lui était un ancien par rapport aux jeunots frétillants du moment.

Même l’insistance à le défendre d’Émile Zola n’a pas réussi à le faire aimer à sa mesure. Malgré son profond talent, Baudelaire n’a pas fait mieux. Ce dernier a parfois eu la dent dure, quand il n’aimait pas. J’aurais aimé avoir de telles fées qui se penchent sur mes gribouillis !

Mais il a eu quelques fulgurances, souvent en forme de contre-pied, qui l’ont propulsé au sommet, reconnu ou non. De très belles pépites, qu’importe les scories ! Une part d’entre elles peut être considérée comme provenant d’un mûrissement, d’une évolution. Mais il s’agit plutôt d’accidents heureux, de divines surprises. Et j’aime bien l’idée qu’il puisse régner dans la création, un certain chaos.

Notre artiste a voyagé en Europe et s’est rassasié des meilleures peintures. Il en a découlé des influences certaines, qui ont permis plusieurs tendances. Les emprunts à ses maîtres sont multiples et assez flagrants. On peut en citer qui sont immenses, Goya et Vélasquez, mais aussi Murillo et bien d’autres. Finalement, il n’avait pas de trajet vraiment indépendant.

Tout le monde connaît Le Déjeuner sur l’herbe et le scandale qui tourna autour. Le contraste hommes habillés et femme nue, est délicieusement explosif.

La Musique aux Tuileries ne montre pas de musiciens et pourtant des notes virtuelles y sont dissimulées. C’est un jeu qui me fait apprécier Manet davantage.

La « Maja » Olympia ne figure pas dans cette sélection de MuseumTV. Mais on ne peut pas ne pas l’évoquer.

Le Chemin de fer est une sorte de rébus surréaliste. Il y a sans doute à la base une maladresse de la composition, mais celle-ci peut être prise aussi pour une avancée conceptuelle. Les tenants des deux interprétations ont raison. C’est cela qui est bien avec Manet, on peut en rire ou se montrer admiratif.

Le Balcon mériterait qu’on en parle, mais comme il est ici hors sujet, on va sortir sur la pointe des pieds.

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89douard_Manet

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