Musique descriptive. Danube bleu. 2001 Odyssée de l’espace. Symphonie fantastique. Pacific 231. Apprenti sorcier. 7/10

Temps de lecture : 3 minutes

La Musique descriptive est à l’origine une musique décorative, avec plein de petites choses qui tentent d’imiter la réalité. Le plus facile étant la pluie, le grondement de tonnerre, le chant des oiseaux…

Mais j’assume d’écrire que ce n’est pas une musique réaliste ou la bande-son d’un moment vécu. Je suis parti d’une réflexion sur les Tableaux d’une exposition :

https://librecritique.fr/tableaux-dune-exposition-arte-altinoglu-musique-descriptive-moussorgski-ravel-8-10/

Il ne faut pas voir dans l’œuvre de Moussorgski, les Tableaux d’une exposition, le reflet fidèle d’une idée qui s’est fait des tableaux ou un transcription fidèle de leur réalité (on n’a pas pu démontrer que tous ces tableaux existent réellement). De toute façon, il a du opérer une transposition de son imaginaire et a rejoint l’abstraction des notes et de leur organisation.

Et désormais avec le fil qu’il nous propose, c’est à nous de les investir comme on l’entend.

Je vais donner un exemple qui se veut parlant. Cela fait bien longtemps que Le Beau Danube bleu n’est plus une référence directe à ce fleuve que peu de Français ont visité. Et pourtant le titre semble vouloir nous contraindre à en rester là.

Il y a eu un premier infléchissement de taille quand on s’est mis à assortir ce fond musical, encore et encore, des Sissi autrichiennes courtisées par de beaux soldats endimanchés dans de ridicules valses de salon.

Plus tard, nouveau virage avec cette musique des sphères dans 2001, l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick. Et là j’adhère déjà plus.

On peut multiplier à l’envie, les exemples de ce type. Par exemple, d’autres comme moi, lorsqu’ils sont en voiture et écoute la valse glorieuse de Johann Strauss II (fils), ne peuvent s’empêcher de tourner le volant dans un sens puis dans l’autre, en rythme, comme dans le final funeste du Salaire de la peur. C’est plus risqué.

Et je ne mentionne qu’à peine la Moldau de Smetana, qui est pourtant très évocatrice du fleuve Vltava. Il faut être Tchèque pour comprendre et apprécier cette mélodie apaisante en tant qu’eau nostalgique qui en a tant vu. Et encore la Moldau bien contenue à Prague, qui passe sous le célèbre pont Charles, n’est pas celle qui vogue en liberté, en rase campagne. Bien entendu.

On peut citer aussi Berlioz. Il ne s’agit pas de voir dans la Symphonie fantastique, un bal, une scène aux champs, une marche au supplice, des monstres grotesques… ce folklore ancré dans une époque et dont se moquait gentiment Colette (plus précisément elle se moquait de méphisto dans la damnation) est dépassé de nos jours. La symphonie est réellement fantastique, en ce sens qu’elle dépasse l’entendement et les représentations communes.

La Pacific 231 de Honegger impressionnait sans doute jadis en tant qu’allégorie d’une locomotive. La loco à vapeur a vécu. Comme le moteur à explosion des voitures dont on aimait le vroum.

Mais qui pourrait s’y retrouver dans cette lecture simpliste de ce mouvement ? Et pourtant, voilà un autre pensum « réaliste » infligé par l’éducation nationale.

Encore heureux que L’Apprenti sorcier (Dukas) ne soit pas éternellement figé dans une représentation un peu comique de Walt Disney.

Il est indiscutable que la musique parle et nous parle et raconte souvent une sorte d’histoire. Mais ce mimétisme du phrasé ne reflète que le souffle, qu’une respiration. Il ne dit pas des mots précis mais donne un climat y compris dans ses enthousiasmes, ses contradictions, ses dissonances.

Tout ce qui précède explique aisément que la musique et/ou la chanson qui nous fait le plus rêver est celle dont les paroles sont les plus exotiques, les moins compréhensibles. On peut citer ici une chanteuse comme Nakamura que je n’ai toujours pas réussi à décoder, mais qui fait son effet. Il en est de même pour pas mal d’opéras dont la langue première nous est étrangère. L’inconnu lié à l’exotisme sont porteurs.

Bon d’accord il reste des chansons à textes à l’interprétation quasi univoques et des oratorios dont on peut accepter la volonté pointilleuse de coller à la réalité. Comme Die Jahreszeiten (Les Saisons) de Joseph Haydn. Les messes, les passions et toutes ces choses, disent clairement ce à quoi elles se réfèrent. J’accepte donc La Création en l’état, même si la volonté de décrire des réalités incertaines reste équivoque.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Modeste_Moussorgski

https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Beau_Danube_bleu

https://fr.wikipedia.org/wiki/Symphonie_fantastique

https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Salaire_de_la_peur

https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Apprenti_sorcier_(Dukas)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pacific_231_(mouvement_symphonique)

Envoi
User Review
0% (0 votes)

Laisser un commentaire