Temps de lecture : 4 minutes

Le titre français “un film comme un vampire” est un peu bidon.

De plus, il ressort de ce documentaire très personnifié, une assez mauvaise impression.

Les vrais vampires, ce sont la plupart de ces commentateurs obscurs de nos années 20 à nous, que l’on voit actuellement à l’écran. Ces pseudo-agitateurs prétentieux, sucent le sang et la moelle du film de Murnau, pour tenter de se valoriser. Et c’est très voyant.

On éprouve une gène avec tout ce petit monde arrogant qui gravite là autour. Ils se prétendent les gardiens du temple, mais en réalité se sont des pilleurs du trésor.

L’idée d’accompagner les séquences d’un faux Nosferatu-Schreck est particulièrement malvenue. D’autant plus que cette triste marionnette en forme de copie de copie, se donne le droit de donner son avis à chaque instant. Nosferatu est un sujet suffisament grave pour ne pas le laisser dans les mains du premier charlot-vampire venu. Et pour les puristes, il sera toujours muet, quoiqu’il nous “parle” étant fortement télépathe.

Le Max_Schreck de 1922, leurs années 20, a su laisser la place au rat fondamental, en disparaissant pratiquement totalement derrière ce Brown Jenkin démesuré. Ce démon-rat à la fois bête primitive et vibration ésotérique, totalement débarrassé d’humanité au milieu, est le vampire conçu par Albin Grau.

L’acteur Rainer Kühn, grossièrement grimé dans le documentaire actuel, fait un contresens, en tentant d’attirer à tout prix l’attention sur lui. Il veut faire “exister” Nosferatu, comme n’importe qui d’entre nous. Or il est strictement interdit de gommer l’indispensable incommunicabilité et l’inconcevabilité, liées à la bestialité et aux sinistres prolongations dans l’au-delà, de cette entité. Tout au contraire.

Cette tentative de dératisation, accompagnée de cette évacuation du symbolique, est stupide.

Quelle parodie, quel manque d’humilité, quelle difficulté à endosser le costume !

Ce masque de carnaval fait tout au plus rire. Le rire gras réduit en cendre le vampire, aussi sûrement que ne le ferait la lumière.

Mais tout n’est pas à jeter cependant dans ce docu de Eric Brinkmann de 2021

Il y a des éclairages intéressants par moment.

Oui ce film est maudit. Il aurait du être détruit, non pas par son côté démoniaque, mais pour de basses raisons de droits d’auteur. Le Malin a sauvé l’essentiel. Il renaît de ses cendres en 4K, tel Dracula lui-même en 3D dans nos têtes.
Oui, l’oeuvre survient juste après la guerre et la société est hantée par les gueules cassées et autres affreuses invalidités.
Oui, la grippe espagnole particulièrement meurtrière et contaminante est passée par là. D’où sans doute le facteur infectieux, la peste, qui a été rajouté au travail de Stoker.
Oui, Nosferatu a un côté « violeur ». Mais cela ne justifie pas la vision étriquée et monomaniaque conçue par la militante féministe française de service, la réalisatrice Ovidie. Elle ne fait que promouvoir la revanche sur le sexe mâle à l’aide de vampirettes, dans le cadre du porno-vampirisme féministe. Ce constant réductionnisme devient franchement emm***
Ce n’est pas mieux du côté de ces caricatures grotesques du death metal.
Oui ce vampire a à voir avec le mythe de l’immortalité, ce point de vue est bien montré par Florence Tissot de la Cinémathèque.
Oui Werner Herzog n’a pas trahi Murnau. Il a su appuyer sur la nécrophilie et le côté « mort-vivant » avec l’aide substantielle de Klaus Kinski, Isabelle Adjani, Bruno Ganz, Roland Topor. Montrant bien qu’il faut être fou pour comprendre.

En réalité les deux points les plus importants de ce reportage sont les suivants:

*1* On constate que les lieux de tournage sont encore là (*). Et franchement cela donne envie d’aller en pèlerinage. C’est plus percutant que le château de Vlad Dracul, que j’ai eu l’occasion de visiter en Roumanie (j’ai même ramené de la terre… si cela vous tente).

*2* Plus intéressante et bien moins connue est l’influence déterminante du scénographe occultiste Albin Grau dans le travail de 1922. Il est considéré comme le deuxième « père » de l’oeuvre. Il est plus que cela. Nosferatu n’est pas tant que cela le bébé de Murnau. L’esthétique expressionniste, la conception du monstre rat et même l’idée de faire un récit de vampire sont d’Albin Grau. C’est le grand Maitre Pacitius de cette affaire.

Le docu étale sur la table certaines « reliques » de Grau, qui sont associées à une Loge proche des Illuminati en Suisse, Fraternitas Saturni ; une Loge mystico-magique. Et là on a envie de creuser. Y aurait-il des clefs pour les fameux manuscrits présents à l’écran et dans lesquels j’ai découvert une indiscutable svastika. Ils seraient de la main de Grau, lequel ne considérait pas le symbolisme à la légère.

Grau serait un disciple de Aleister_Crowley, 33e degré du Rite écossais ancien et accepté – Ce curieux personnage pratique la « magie sexuelle » qu’il appelle Magick – Crowley fut un drogué expérimental puis un drogué addict notoire.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Thelema “fay çe que vouldras”

https://fr.wikipedia.org/wiki/Babalon : « Babalon chevauche la bête ; dans sa main gauche, elle tient les rènes, représentant la passion qui les unit. Dans sa main droite, elle tient la coupe bien haut, le Saint Graal enflammé avec l’amour et la mort. Dans cette coupe sont entremêlés les éléments du sacrement de l’Aeon. » Crowley.

Albin Grau Pacitius – meilleurs textes films

Meilleurs films Nosferatu Dracula vampire + documentaires + thèses

**Nombreuses évocations d’une loge maçonnique ci-dessus** (illustration Albin Grau)

Ce mouvement a été interdit par les nazis en 1936, d’où le passage en Suisse de Grau. On ne connaît pas vraiment sa mort – On parle du camp de Buchenwald en 1942 et pourtant on note un retour après guerre ! Bayrischzell en Allemagne le fêterait encore maintenant. Mais ne serait-il pas plutôt, désormais, un autre mort vivant, ce « Mstr. Pacitius » ?

(*) https://fr.wikipedia.org

Aux Pays-Bas (province de Hollande-Méridionale)

En Allemagne