Novelas, Sitcoms africains. pratiques sorcellerie grigri. Morale et pensée magique. 7/10

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Ces séries ont leur logique propre, pas bien différente de celles des créations occidentales d’ailleurs.

Mais ne passons pas sous silence cet entité tapie dans l’ombre, qu’est la simple « possibilité » d’un ensorcellement. Ce piment africain, bien présent dans les sitcoms, n’est jamais vraiment visible, sauf peut être par ces quelques grigris disposés ici ou là. Mais là, c’est de l’amateurisme. Le concept « démoniaque » déborde largement ces petits trucs forains.

Lors de ces tentatives puériles de règlement de comptes personnels, sauf à être suggestible et hautement manipulé, il est forcément inefficace. D’ailleurs comme l’a démontré Jeanne Favret-Saada, l’ensorcellement n’existe pas. Seul le désorcellement compte ((PDF) Désorceler (Favret-Saada, 2009)) et c’est une technique psychologique visant à redonner de l’énergie à la locomotive familiale en panne. Un pari sur l’avenir souvent auto-réalisateur.

Mais la fonction spectrale de telles représentations mentales est plus large. L’idée même de règles externes supérieures et de leurs représentations forcément fantasmatiques, assurent un salutaire blocage des mauvais penchants. Par leurs vertus inhibitrices, elles ont du contribuer à éviter bien des actes fortement répréhensibles. Qui voudrait faire du mal, quand il y a la « possibilité » d’un tel ange exterminateur, et qu’i’il est prêt à vous sanctionner, grâce à ses super pouvoirs ? Cet élément tiers insaisissable est à la base de la morale. On ne joue pas avec la malchance. Cette délégation du surmoi (Über-Ich) fait bien son boulot.

Cette découverte fut pour moi une sorte d’eurêka, permettant de mettre de larges ponts entre les civilisations. On retrouve cela partout sous des formes diverses. Cette composante ontologique est ancrée en nous, dans l’espèce et au delà.

  • Même mon chien a des sentiments de culpabilité et accepte aveuglement d’obéir à cette instance supérieure qu’est pour lui l’homme. Nous avons pour lui cette fonction magique et assez incompréhensible. En effet il se trompe souvent sur ce que nous pensons être une faute de sa part. Mais il conserve pourtant l’idée d’une juste punition.

N’oublions pas que dans nos sociétés présumées rationnelles, l’astrologie est présente dans tous les périodiques de grande diffusion ou presque. 70% de la population y croirait à des degrés divers.

Pour illustrer ces aspects universels, j’ai prélevé les deux extraits suivants d’un épisode de Maida. Série Mozambique de luxe :

  • “ne me donne pas le mauvais œil” – C’est clairement de la pensée magique.
  • “Si vous n’avez pas la volonté et la foi de combattre le cancer personne ne le fera à votre place” .

La tirade consacrée au cancer, pourrait être dite de la même manière par la plupart des Européens. C’est même communément admis.

Alors qu’en fait le “volonté” ou la “foi” n’ont jamais démontré leur potentiel de guérison. Mais c’est une confusion compréhensible, puisque à l’inverse, la bonne évolution de la maladie induit nécessairement une meilleure forme, un meilleur mental et plus de conviction. Cela renforce ainsi la conviction que la foi et la volonté y seraient pour quelque chose. C’est juste une affaire de chronologie.

Cette foi qui “guérit” est d’ailleurs le fond de commerce de bon nombre de religions ou de sectes.

https://www.academia.edu/9179824/D%C3%A9sorceler_Favret_Saada_2009_

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