Poison de la vengeance. Massacrez ! Plan A Nakam, frères Paz. Juifs victimes ou coupables. Film manichéen. 5/10

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Ce film serait basé sur une histoire vraie d’après guerre, celle du Plan A du réseau Nakam, visant au massacre du plus d’Allemands possible. Une fois que l’on a dit cela, on n’a rien dit du tout. Car on connaît un tas d’opus de cette veine, qui ont été tellement remaniés et romantisés, qu’il ne reste plus grand-chose de véridique là dedans.

C’est pour cela qu’on peut préférer d’authentiques biopics, sous réserves qu’ils soient vraiment fidèles. En désespoir de cause, il reste les documentaires. Lesquelles se rapprochent encore plus de la vérité.

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Un juif rescapé de la shoah, joué par un très expressionniste August Diehl, retourne dans son village allemand. Il y est clairement rejeté par ces aryens qui pensaient s’être débarrassés du « problème ». Le délateur qui a envoyé à la mort son enfant et sa femme, occupe son logis et ne veut surtout pas en être délogé. Il s’en prendra au propriétaire légitime à coups de crosse. Ce qui n’est pas invraisemblable.

D’où le renforcement de sa volonté de se venger le plus durement possible. Un poison que l’on peut comprendre sous le coup de l’émotion, mais qu’on devrait canaliser en recherche de bonne justice, une fois calmé. Cela dit les tribunaux allemands sont loin d’avoir fait tout le job.

Chemin faisant, il rencontre une brigade juive qui œuvre au sein de l’armée alliée. Ces soldats mènent une guerre parallèle cachée pour éliminer des nazis notoires ; qu’ils mettent à nue dans leur périple, grâce à des moyens peu recommandables. Un « travail » de fourmis (extrêmement dangereuses) dans ce pays gangrené de fond en comble par l’idéologie pernicieuse. Une autre équipe, non officielle cette fois et directement liée à la « terre promise », a pour objectif une punition beaucoup plus globale. Il s’agit de déverser du poison en quantité dans les canalisations d’eau de Nuremberg.

Et ces deux façons de voir vont s’opposer. Notre héros privilégiant finalement le solution aqueuse finale.

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Cinématographiquement parlant, c’est cousu de fil blanc, puisque personne n’a jamais entendu parler de milliers de cadavres par empoisonnement dans cette ville, au sortir de la guerre. Qu’à cela tienne, on aura droit à deux fins. L’une d’entre elle, qui se révélera être un rêve, montre la réussite du plan et l’autre plus conforme à la vérité, son échec. Abba Kovner s’étant fait pincer alors qu’il ramenait le poison.

Un film sans surprise assaisonné d’une très prévisible scène d’amour entre le héros et l’héroïne.

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L’histoire vraie serait celle-là d’après wikipédia :

« En avril 1946, les membres de la Nakam interviennent dans une boulangerie utilisée pour fournir du pain pour le camp d’internement de Langwasser (en) près de Nuremberg, où de nombreux prisonniers de guerre allemands étaient détenus. Ils recouvrirent la plupart des pains avec de l’arsenic, mais furent perturbés et fuirent avant de terminer leur travail. Plus de 2 200 des prisonniers allemands sont tombés malades et 207 ont été hospitalisés, mais aucun décès n’a été signalé »

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On est frappé également par la vision sioniste, très partisane, de Doron Paz et Yoav Paz. Elle martèle les esprits en faveur de l’« indispensable » création salvatrice d’un grand Israël. A les en croire, cela tombe sous le sens. C’est un dû, compte tenu de leur martyr. Il n’y a pas à en discuter. Qu’importe les opinions différentes, même dans la diaspora. On ne trouve personne ici pour parler des complications avec les occupants d’alors, des attentats meurtriers sur place et de toutes ces choses désagréables.

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Il en est de même de la justification d’une violence légitime en retour, pour se débarrasser de la présomption de n’avoir rien voulu faire et/ou de s’être laissé guider « paisiblement » vers les chambres à gaz. C’est développé dans le film. Et bien entendu cela n’a aucun sens quand on considère le climat de terreur, de délation, de manipulation, qui s’était installé progressivement dans ce IIIe Reich. Personne ne pouvait réellement contrer cela avec ses faibles moyens. Que faire contre des barbelés et des mitrailleuses ? Surtout quand la réalité des camps, à l’extérieur comme à l’intérieur, était masquée ; comme avec ces fausses “douches”

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La nécessaire compassion ne doit pas nous obscurcir l’esprit, au point de nous interdire de réfléchir.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Nakam

https://fr.wikipedia.org/wiki/Abba_Kovner

Commentaire Arte

« Allemagne, 1945. De retour chez lui, Max, un juif rescapé d’Auschwitz, est chassé par son voisin, qui l’a dénoncé et s’est accaparé sa maison. Cherchant désespérément sa femme et son fils, il croise au cours de son errance une unité de la Brigade juive de l’armée britannique, qui le convoie jusqu’à un camp de transit d’où il pourra rallier la Palestine. Sur place, Max découvre qu’une poignée de soldats, dirigés par Michael, exécutent des nazis en toute discrétion. Ayant appris, par une survivante, le terrible sort subi par les siens, il renonce à émigrer et rejoint l’entreprise meurtrière. Mais bientôt, Michael lui confie une autre mission : stopper, au nom de l’organisation sioniste Haganah, le réseau “Nakam”, dont le désir de faire payer le peuple allemand sans distinction pourrait compromettre la création d’un État juif… 

Tiraillements

“Œil pour œil, six millions pour six millions”, lui assène sans ciller Anna, membre brisée mais déterminée de la cellule de Nuremberg, que Max est parvenu à infiltrer. Inspiré de faits réels encore largement méconnus, ce film historique, saupoudré d’une sobre romance, s’appuie sur des reconstitutions de qualité et un casting impeccable dominé par l’acteur allemand August Diehl (vu notamment dans Une vie cachée de Terrence Malick). Au travers du personnage de Max, perdu dans une Allemagne en ruine et toujours rongée par l’antisémitisme, Le poison de la vengeance dépeint avec sensibilité le dilemme d’hommes et de femmes déchirés entre la haine et l’envie de reconstruire leur vie. »

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