Odyssée trésor Sevso. Explication. Bon documentaire. Réussite Orbán. Crime Sümegh. Trop riche Marquis de Northampton. 8/10

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Inflation ? Cette « chère » vaisselle. 1.000.000 d’euros l’assiette.

Cette chasse au trésor de Sevso est pleine de rebondissements. Mais elle est parfaitement claire quand on la prend à l’envers. C’est à dire à partir de la solution finale :

Une partie du grand trésor consiste en de vastes récipients en argent. Au moins 14 objets romains en argent (plats, aiguières, amphore, couverts…) datant de l’Empire romain, sont répertoriés. Mais il y en a bien d’autres, qui apparaissent sur un relevé, et qu’on n’a jamais retrouvé. Vérifiez chez vous, on ne sait jamais.

C’est tellement beau, impressionnant et bien conservé, que si vous trouviez cela aux puces, vous penseriez que ce sont des faux.

Il est attesté maintenant que cela vient de la Hongrie, et du pourtour du lac Balaton.

Le décrié Viktor Orbán peut se vanter d’avoir œuvré efficacement, pour une restitution à son pays, dans la dignité.

Ce ne fut pas facile, car les tribunaux américains ont refusé de déposséder l’acquéreur anglais de bonne foi. Pourtant, en 2014, Orbán fait racheter sept des objets du trésor, puis sept autres en 2017. Pour des raisons d’orgueil national, l’intitulé de la transaction est « un dédommagement » de l’acheteur et non pas un « achat », de ce qui leur appartient. Ce Lord étant de bonne foi, il doit quand même rentrer dans ses frais. On peut désormais voir une partie du trésor au musée magyar.

Pour des raisons procédurières, la justice a écarté la preuve flagrante, de ces résidus de terre parfaitement identiques, sur les pièces muséales et dans la planque hongroise.

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Tout cela serait encore relativement simple, s’il n’y avait pas eu au départ de cette « découverte », crime et malversations.

En effet « on » a trouvé ces nombreuses pièces de manière fortuite, lors d’excavations minières, situées à proximité d’un site de l’Armée populaire yougoslave. Ce dernier point est important.

« On » a tenté de masquer cette résurgence divine, pour satisfaire de petits appétits égoïstes. Il s’agissait de se faire des petits sous, au détriment de l’État, qui par définition en serait devenu le bénéficiaire.

József Sümegh, un jeune soldat a assuré l’escamotage et la confiscation de l’ensemble. Un très modeste taudis lui a servi de cachette. Le poisson était gros. Il a fallu compter sur l’implication de sa hiérarchie locale pour avoir un minimum de protection. Ce petit monde avide a fait des premières ventes à la sauvette. Mais le jeune n’avait pas les reins assez solide, compte tenu de l’énorme enjeu. Il finira « suicidé » par des « protecteurs » plus gros que lui.

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Mais un documentaire se doit de remettre tout cela à l’endroit, c’est à dire dans l’ordre chronologique avec les divers errements qu’il y a pu avoir. C’est très bien fait. Et une fois de plus une enquête bien réelle vaut mieux que toutes les fictions.

On rajoute encore des éléments de confusion, comme cette revendication du Liban, parce qu’un intermédiaire de cette nationalité a brouillé les pistes avec de faux documents. Ce pays se désistera devant les évidences.

Le romanesque s’étoffe, puisque le propriétaire officiel au moment des révélations était le richissime Marquis de Northampton, de la très Haute Société. Une sorte de playboy avenant de surcroît. Il contacte Sotheby’s en 1989 en vue d’une vente. Mais l’entreprise de vente aux enchères sera alertée de la provenance suspecte de ce lot précieux :

La Croatie s’en mêle aussi et fournit des arguments. Mais avec les preuves « terriennes », elle sera écartée.

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Généralité conclusive de Anne Laure Bandle, Alessandro Chechi, Marc-André Renold Décembre 2018 (Faculté de droit de Genève)

« Le commerce d’objets antiques de provenance inconnue ne doit effectivement pas être encouragé, car, dans les faits, le marquis de Northampton a été dépossédé du trésor. Avant que la Hongrie n’acquière la moitié du trésor, on ignorait quel pays serait autorisé à exposer les objets. Il reste à savoir ce qui arrivera aux autres objets du trésor. Une possibilité serait de les déclarer comme appartenant, de manière temporaire, au « patrimoine culturel mondial », en laissant la possibilité aux musées de les exposer dans le cadre d’un prêt d’une durée limitée. »

https://plone.unige.ch/art-adr/cases-affaires/sevso-treasure-2013-lebanon-et-al-v-marquess-of-northampton/fiche-2013-tresor-de-sevso-2013-liban-et-al-c-marquis-de-northampton

https://en.wikipedia.org/wiki/Seuso_Treasure

https://fr.wikipedia.org/wiki/Viktor_Orb%C3%A1n

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