Poirot. Travaux d’Hercule. Suchet / Mme Moriarty. Grand amour Rossakoff. Budapest hôtel. 4.5/10

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La romancière Agatha Christie pense avoir fait un joli coup avec ce rapprochement entre le vieux Poirot et l’Hercule de la légende sur le mont « Olympos ». Mais nous, une fois de plus, on n’apprécie pas tellement d’être brinquebalé par tant de rebondissements alambiqués et stériles, sur une base si peu crédible. En 1947, l’Agatha de 57 ans, semble avoir épuisé toutes les recettes. Et elle nous sort de l’archi réchauffé, en 12 séquences séparées.

L’écrivaine donne l’impression de mettre des travaux avortés, difficile à placer, dans le même sac. C’est en fait la seule innovation qui lui manquait, un détournement de la forme roman / nouvelle. Elle pensait sans doute échapper au cadre.

Elle opère une fuite en avant dans les complexités improbables. Ce vaste nuage de fumée a du mal à cacher la faiblesse du propos. Une fois de plus, je suis forcé de constater que Mme Christie n’est pas la reine du suspense que l’on voudrait nous faire croire.

Mais ce téléfilm fait pire encore.

Le Poirot / Suchet de cet épisode est en fin de course à tous points de vue. L’acteur qui n’a pourtant que 65 ans en 2011, semble avoir sérieusement vieilli. Son délabrement est presque triste à voir. De plus il a perdu le charmant doublage de Roger Carel. Déjà en l’état, cela ressemble à un naufrage.

Ce petit jeu stérile du « ce personnage n’est pas ce qu’on croit » est tellement multiplié ici, que cela en devient plutôt débile. Et comme l’épisode se conclut par un « il » est en fait « elle », on finit par en rigoler. Arrête ton char Agatha !

Les Travaux d’Hercule (téléfilm) ne regroupe que trois des nouvelles, mais c’est déjà assez indigeste comme cela. Il était franchement inutile de créer ce lien artificiel entres des histoires si différentes. C’est complètement raté et franchement grotesque.

La plupart des intervenant,s qui comme par hasard sont réunis dans le même Budapest Hotel / Olympos suisse, sont tout à tour des Moriarty. Tout sonne faux, décor compris.

Et c’est la déferlante de clichés «  Christie » qu’on a déjà vu dans son œuvres  : Poirot qui a des remords d’avoir échoué, Poirot qui vole au secours de l’amoureux transi, Poirot qui fait subitement redémarrer ses cellules grises, Poirot qui fait son cirque dans la réunion / banquet final, Poirot amoureux déçu par l’exotique Orla Brady en récurrente comtesse Rossakoff (Bера Русакова). La drogue, la filiation étrange, les tableaux cachés sous les tableaux, Simon Callow en Dr Lutz, un psychanalyste presque nazi etc.

Finalement la seule qui s’en sorte à mes yeux est Eleanor Tomlinson en la très futée Alice Cunningham. La belle, au physique si particulier, dégage un charme léonin étrange. Cette forte tête doit être difficile à vivre et impossible à apprivoiser. Pourtant, on se laisserait facilement prendre. Tout en elle, autant dans le plaisir que le déplaisir, nous maintient en réveil. Elle est sans doute une des rares raisons de voir le film.

Petite satisfaction iconoclaste supplémentaire, Eleanor/Alice, la fille de cette comtesse russe qui est le grand amour de Poirot, prend sa mère pour une conne. Elle lui dit avec ses mots à elle. Et du coup l’idylle de Poirot fait plutôt sourire.

En 2022 la traîtresse Eleanor Tomlinson épouse un rugbyman, Will Owen. Je me doutais bien qu’elle n’était pas fiable.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Travaux_d%27Hercule_(t%C3%A9l%C3%A9film)

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https://fr.wikipedia.org/wiki/Agatha_Christie

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