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Le grand problème de Aron, c’est que désormais il est tout entier inscrit dans un étau politique. Pour simplifier, c’est désormais presqu exclusivement Aron le penseur qui penche à droite et se méfie de tous les totalitarismes.

Donc Aron le bretteur contre Sartre et sa bande. Ces derniers se sont radicalisés dans leur antifascisme au moins d’aimer tout ce qui s’y oppose sans nuance. En clair, ces derniers vont basculer dans un pro-communisme de salon qui tressera des couronnes à Staline et consorts. Une fois le voile déchiré, ils justifieront encore leur erreur passée, par ce traquenard de l’esprit qu’est la « fin qui justifie les moyens ».

Toujours cet attrait des intellectuels français pour la simplicité et la force. Il est d’ailleurs incroyable qu’il y ait eu un tel aveuglement, que cela ait duré si longtemps et que cela se soit accompagné de tant de mépris, de tant de terrorisme intellectuel.

Sartre fut aussi un romancier. Ce qui le rend plus accessible d’une certaine manière.

Ce qui ne m’a pas empêché de m’envoyer, adolescent, la totalité des 700 pages de L’Être et le Néant. Pas sûr que j’y ai compris quelque chose. Mais j’ai été surpris de certaines conclusions comme l’idée qu’il ne puisse plus rien avoir après Sartre (c’est lui qui le suggère) – Je lui ai d’ailleurs écrit à l’époque mais il ne m’a pas répondu.

Bref, le pugilat Aron Vs Sartre, suivi d’une étrange et tardive réconciliation, sous l’égide des gamins nouveaux philosophes, c’est du cirque au-delà de la plate querelle idéologique.

Maintenant, à part quelques demeurés, tout le monde donne raison à Aron et à son pamphlet L’Opium des intellectuels.

Aron est sans doute plus que cela. Mais c’est un théoricien et donc peu de gens le lisent. Déjà il se délecte de Marx, ce qui pourrait paraître curieux pour un anticommuniste. Il a adhéré à la SFIO. Il a donc démarré à gauche.

Bien qu’il ait été catalogué à droite, il a eu des bisbilles avec De Gaulle. Il était là lui aussi dans un certain conformisme intellectuel, sans doute anti Coup d’État permanent.

Sa défense d’Israël est assez habile. Il reconnaît que le conflit avec les Palestiniens est devenu inextricable. Chacun ayant de bons arguments. Et que de pencher d’un côté ou de l’autre est une affaire de cœur désormais. Lui a choisi son camp.

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Le documentaire convoque la fille de Aron Dominique Schnapper et certes elle a des choses à dire. Elle a compris qu’un philosophe comme son père, et comme la plupart des autres, n’était pas doué pour la politique active, tant est dur pour eux de se frotter au compromis, à la ruse et aux petits calculs. C’est une vérité essentielle qui doit proscrire les philosophes du pouvoir.

C’est moins judicieux d’avoir invité Daniel Cohn-Bendit, qui était naguère de ceux que ne supportait pas Aron. Il fut semble-t-il dans la mouvance anarchiste libertaire à forte composante personnelle de type « libération sexuelle », avec de sérieux excès. Bref un amateur du « bordel », qui n’était pas trop à l’aise avec les structures qui ne lui permettaient pas d’occuper le devant de la scène. Une sorte de tyran intellectuel en herbe à cette époque, qui aurait bien voulu faire le procès de tout le monde.

A présent Cohn-Bendit semble s’être toujours rallié à la cause anti-communiste. A quoi joue-t-il ? Il est rare que Dany le rouge reconnaisse ses erreurs et cela ne sera toujours pas le cas ici. En fait ce gaillard existe car il a su maîtriser la communication de télévision dès les premiers jours.

Pas mieux pour Raphaël Enthoven qui bien que brillant, se révèle un incroyable M’as-tu-vu. Je déteste sa diction péremptoire de monsieur je-sais-tout. Un philosophe devrait se souvenir qu’il ne sait rien.

Brice Couturier est un autre personnage inamovible des médias. Décidément il n’y en a que pour eux.

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Le documentaire est agréable, mais il ressasse ce qu’on sait déjà, en le vulgarisant. J’aurais voulu en apprendre plus sur la pensée de Raymond Aron et les voies qu’il aurait pu tracer.

A le voir « révélé » par des « animateurs » et des bêtes de télévision, forcément il perd au change.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Raymond_Aron