Reivers. Avis film. Steve McQueen, Rupert Crosse, Sharon Farrell, Will Geer 5.5/10

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Un récit « coming of age » moralisateur, basé sur Les Larrons (The Reivers) de William Faulkner. La transcription de ce livre très mineur est assez fidèle. Il en sort un film désuet de Mark Rydell, sorti en 1969, et qui en paraît 30 ans de plus.

Au début du vingtième siècle aux USA, il y a les débuts flamboyants de la bagnole.

Un riche patriarche campagnard achète une des premières autos ; une Winton Flyer. C’est un vieux très respecté qui domine sa tribu avec des préceptes bibliques. Le genre sévère, juste et bon. Et on se demande bien ce qui justifie cette acquisition. Il ne s’en sert pratiquement jamais.

  • Les déterministes illuminés pourraient penser qu’il l’utilise juste pour éprouver ses proches, pour voir s’ils cèdent à la tentation. Et le cas échéant, il leur donnerait une leçon chrétienne.

Steve McQueen est un de ses employés. Il a les cheveux gris, alors qu’il n’a que 39 ans. Il est chargé de veiller et entretenir le véhicule. Il outrepasse son rôle en se servant à sa guise. Il fait le mariolle.

Il entraîne Lucius dans ses randonnées, alors que le gamin n’a que 11 ans.

Ce Lucius est la voix off. On doit comprendre que le même, devenu adulte, relate la folle équipée qui a marqué sa vie.

  • Il est confronté pour la première fois à une réalité très différente de la société « idéale » promue par son cadre familial. Mais comme la réalité finit par rentrer dans ce moule, tout se termine bien.

Un troisième larron les rejoint, c’est un noir émancipé mais assez tête de linotte.

Les parents et le grand-père doivent prendre le train et ne seront pas là un moment. Steve en profite pour diriger cette escapade émancipatrice qui va les marquer à tout jamais. Le gamin se laisse convaincre, alors qu’il avait promis d’être sage.

Les voilà embarqués. Ils ne sont pas peu fier. Ils subiront quelques épreuves dont un pénible franchissement.

Mais les épreuves « initiatiques » vont vraiment démarrer lorsqu’ils rejoindront le bordel à Memphis, la grande ville. Steve est venu rejoindre sa préférée. Laquelle a plus l’air d’une sainte que d’une pute. Au fond d’elle même, elle souhaite que cet homme la sorte de là et la marie. Lui n’est pas trop fixé.

Elle prend sous son aile le jeunot, qui en est tout charmé. Il n’a pas encore compris qui elle est vraiment. Quand il le découvre cela le bouleverse et remet tout en cause. Mais comme nous sommes dans des vies de roman, pour apaiser le petit, la fille fait le serment de ne plus faire de passes.

L’histoire part en eau de boudin. Le noir a vendu la bagnole contre un canasson de course qui a priori est peu doué.

La providence aidant, le cheval leur fera quand même gagner la fameuse auto, dans une course débridée. C’est l’esprit de la course de chars de Ben-Hur en nettement moins bon.

C’est Lucius qui est le jockey. Que ce soit un bourrin tocard qui brusquement l’emporte, c’est à l’évidence du grand n’importe quoi. Encore une manifestation « miraculeuse » du « triomphe de la volonté ».

Aussi surprenant que cela puisse paraître, il se trouve que le grand-père a assisté à la course. On n’en est plus à un deus ex machina près. L’ancien est sans doute secrètement fier que son petit fils ait remporté la compétition. Mais il doit incarner l’autorité réelle et morale.

Il demande au jeune de relater son périple. Lequel finit par tomber en larme compte tenu de ses mensonges et de ses trahisons familiales. Vient alors le grand pardon. Même un autre noir qui a hébergé une nuit le petit aura le droit à un compliment. En effet ce noir a incité le petit en déshérence à faire ses prières quotidiennes.

On se demande si le scénario adapté n’a pas été fait par une secte chrétienne rigoriste.

– Sacro-sainte autorité du patriarche dans la famille souche, digne des Quakers. On respecte les parents. Ce sont en quelque sorte des employés du Seigneur, chargés de la bonne exécution de ses ordres. On ne rigole pas avec ça.

– Confession publique, pardon, rédemption. Je ne vous fais pas un dessin.

– Possibilité de réhabilitation de la femme pécheresse, sous réserve que la Marie-Madeleine soit aspergée copieusement d’eau bénite, lors du sacrement du mariage (obligatoire pour être en règle avec le ciel)

– On ne doit pas « corriger » les femmes, en leur donnant de violents coups de poing qui laissent des traces… ni les lapider. Cela doit être écrit dans les dix commandements quelque part.

– Le racisme c’est mal (sur l’air de « nous sommes tous frères »)

– On ne triche pas, on ne vole pas. Heureux les réglos, car ils iront au paradis.

– Faire jouer Steve McQueen aide à coup sûr le box-office, mais est loin d’être un gage de qualité (ça, je ne suis pas convaincu que cela soit dans le Nouveau Testament)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Larrons

https://fr.wikipedia.org/wiki/Reivers

Steve McQueen

Rupert Crosse

Sharon Farrell

Will Geer

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